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Il est temps de publier un nouveau Livre blanc sur la défense

Les forces armées ont besoin d'un énoncé décrivant sans équivoque ce que l'on attend d'elles, la manière dont elles seront structurées, les ressources dont elles disposeront et ce que le gouvernement entend faire pour garantir leur avenir. La mission en Afghanistan tire à sa fin et le gouvernement conservateur vient de procéder à des coupes claires dans le budget du ministère de la Défense nationale (MDN). C'est le moment de faire le point et de déterminer l'orientation future de la défense du Canada.
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CP

Le dernier Livre blanc sur la défense date de 1994. Si d'autres énoncés de politique ont été publiés depuis, notamment en 2005, et la dernière fois en 2008, avec la parution de La stratégie de défense Le Canada d'abord (SDCD), il reste que les Forces canadiennes (FC) sont forcées de s'en remettre à des documents périmés ou peu nombreux qui contiennent des chiffres sujets à caution et des orientations mal définies.

Or, les forces armées ont besoin d'un énoncé décrivant sans équivoque ce que l'on attend d'elles, la manière dont elles seront structurées, les ressources dont elles disposeront et ce que le gouvernement entend faire pour garantir leur avenir. La mission en Afghanistan tire à sa fin et le gouvernement conservateur vient de procéder à des coupes claires dans le budget du ministère de la Défense nationale (MDN). C'est le moment de faire le point et de déterminer l'orientation future de la défense du Canada.

Les dépenses du Canada au titre de la défense ont augmenté notablement depuis dix ans, tandis que les budgets consacrés à la diplomatie et au développement se réduisaient comme peau de chagrin. Le nombre d'ambassades forcées de fermer et le retrait de l'aide gouvernementale au développement de l'Afrique en témoignent éloquemment. Il faut absolument rétablir un certain équilibre entre les trois D, à savoir la défense, le développement et la diplomatie.

Je ne suis pas le seul à réclamer un changement. Dans son Rapport sur la transformation 2011, le général à la retraite Andrew Leslie prône lui aussi une réforme. Il y souligne la nécessité de procéder à une profonde restructuration de la bureaucratie hypertrophiée des FC. Concrètement, cela veut dire non seulement exploiter tous les moyens de réaliser des économies, mais voir aussi à ce que soit respecté le facteur de progression des dépenses de défense prévu dans la SDCD.

En conséquence, le MDN et les FC devront administrer leurs budgets dans un grand souci d'économie et d'efficience. Cette recherche d'économies permettra aux FC de disposer des fonds voulus pour acheter le matériel dont elles ont besoin pour éviter de se retrouver de nouveau aux prises avec du matériel désuet. Dans ce contexte, tout nouveau Livre blanc devrait comporter un examen des politiques et pratiques en matière d'acquisition de matériel de défense et des besoins en infrastructure militaire.

Cela ne suffira pas cependant. Il faudrait aussi que le MDN et les FC se fixent des priorités, ce qui les forcera à faire des choix difficiles quant à certaines capacités. Tous ces efforts devraient permettre d'aboutir à des Forces armées abordables, mais néanmoins très déployables, qui demeureront une source de fierté et d'influence dans les décennies à venir.

Les transformations structurelles et les compressions budgétaires ne sont pas les seules raisons pour lesquelles le gouvernement devrait faire preuve d'initiative dans le dossier de la défense. S'il est impératif que le gouvernement du Canada produise un nouveau Livre blanc, c'est aussi parce que la nature des menaces qui pèsent sur nous et sur nos forces militaires a beaucoup évolué depuis vingt ans. Les menaces sont de plus en plus diffuses et d'ordre transnational et exigeront une démarche pangouvernementale. Nos unités doivent être prêtes à être déployées dans un monde qui emploie de nouvelles armes, de nouvelles technologies et de nouvelles stratégies pour arriver à ses fins.

Les défis de 1994, au lendemain de l'éclatement de l'Union soviétique, ont crû et décru en importance pour le Canada. Un bon nombre des priorités de défense décrites dans le dernier Livre blanc, comme la renégociation de l'Accord du NORAD et la gestion des guerres civiles potentielles dans les Balkans, sont maintenant complètement dépassées.

Quelle utilité peut avoir, à l'heure actuelle, un document qui commence par « Le pacte de Varsovie a disparu, et l'Union soviétique n'existe plus »? Il nous faut un nouveau Livre blanc qui renvoie aux défis d'aujourd'hui. De nouvelles menaces se sont fait jour depuis vingt ans comme le cyberterrorisme, la piraterie maritime et la dégradation de l'environnement à l'échelle mondiale. Il ne fait aucun doute que les Forces canadiennes auront un rôle crucial à jouer pour aider le Canada à y faire face.

La Stratégie de défense Le Canada d'abord a bien rempli son rôle en permettant aux FC d'accomplir leur mission en Afghanistan tout en renforçant certaines de leurs capacités. Les Forces canadiennes ont maintenant un besoin urgent d'un document beaucoup plus substantiel pour les aider à composer avec les compressions budgétaires et guider leur action dans les décennies à venir : un nouveau Livre blanc axé sur des réformes et un calcul des coûts fiable.

Le sénateur Roméo Dallaire est un lieutenant-général à la retraite et ancien commandant de la Mission des Nations Unies pour l'assistance au Rwanda.

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