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Quand l'hypocondrie n'est pas assez, la cybercondrie vient s'ajouter

Une bosse dans le cou? Cancer des ganglions, assurément. Un mal de tête qui persiste? Sans doute une tumeur au cerveau.
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Avoir une bosse dans le cou? Cancer des ganglions, assurément. Un mal de tête qui persiste? Sans doute une tumeur au cerveau. Remarquez ce bleu sur ma cuisse? C'est sûrement la leucémie, car Funkygirl24 du forum WebMd avait les mêmes symptômes que moi.

Maintenant avec internet, il est facile pour nous, les hypocondriaques, de trouver une maladie incurable aux symptômes qu'on ressent. Vous savez qu'il y a un nom pour ça : la cybercondrie.

Avant, lorsqu'on se sentait malade et qu'on voulait savoir ce qu'on avait, on attendait de voir le médecin ou, dans le pire des cas, on devait aller à la bibliothèque fouiller dans un livre de médecine. À part moi, je connais pas un être vivant qui a fait ça.

Mais maintenant, en deux ou trois clics de souris, on peut s'autodiagnostiquer la pire maladie qui existe. Au moindre symptôme que je soupçonne être anormal, je me retrouve sur des sites web semi-fiables à essayer de trouver ce dont je suis en train de mourir.

Mon anxiété vient en grande partie de mon hypocondrie. J'ai toujours eu peur d'être malade et de mourir.

Si j'ai un symptôme dont je ne peux identifier la cause sur-le-champ, je tombe en mode panique. Par contre, si je fais du jogging et que, le lendemain, j'ai mal à la cheville, je sais que c'est à cause de mon 5 km, Mais si je remarque, par exemple, un petit serrement à la poitrine, c'est un infarctus, sans l'ombre d'un doute. M'a crever! Ça doit être ça, car un symptôme de l'infarctus est la douleur thoracique. Si la Clinique Mayo le dit, c'est que c'est vrai! Aller directement au pire scénario possible est ma devise.

Il y a de cela quelques mois, j'étais assise en classe à un cours que je suivais le soir. Tout d'un coup, j'ai commencé à voir des points de lumière dans le coin de mes yeux. Après quelques minutes, j'ai paniqué intérieurement. Oh non! J'ai sûrement un détachement de la rétine! Je vais peut-être perdre la vue. Je ne peux pas m'imaginer aveugle. Ça serait épouvantable! Mon chum va devoir m'habiller... et il est daltonien. Je vais toujours porter des ensembles qui ne fittent pas!

Finalement, le lendemain j'avais oublié mon incident de la rétine.

Lorsque je crois avoir quelque chose de grave, mais qu'aussitôt que le symptôme quitte ou que j'ai eu la réassurance de mon médecin ou d'internet, je me sens bien immédiatement. Mais quand les symptômes persistent, je peux angoisser pendant des semaines, voire de mois, et ça, c'est l'enfer.

Dernièrement, j'étais convaincu d'avoir la sclérose latérale amyotrophique. La quoi, vous dites? La majorité d'entre vous n'a aucune idée de ce qu'est cette maladie. Eh bien moi, oh que oui! Vous vous souvenez du Ice Bucket Challenge? Les dons étaient amassés pour cette maladie incurable. Une des pires maladies selon moi. L'espérance de vie est entre 2 à 5 ans et tu perds l'usage de tous tes muscles littéralement. Tu as toute ta tête, mais ton corps est incapable de bouger. À un tel point que tu dois être mis sous un ventilateur, car tu ne peux respirer par toi-même. Et finalement, tu meurs.

Dans mon palmarès des maladies, c'est pas mal mon numéro un. Pourquoi je croyais (et je crois encore un peu) avoir la SLA? Parce que j'avais (j'ai) des spasmes musculaires depuis plusieurs semaines et une journée j'ai décidé d'aller consulter mon grand chum Dr Google. La pire gaffe.

Site après site, la sclérose latérale amyotrophique sortait comme maladie possible.

C'est à partir de ce moment que je suis entré dans une spirale d'angoisse infernale. Les spasmes musculaires ne partaient pas et je devais attendre un mois avant de voir mon médecin familial. Je perdais des heures de sommeil et je pensais continuellement à ça. Je dois clairement avoir la SLA. Oh non! M'a crever! Je vais perdre l'usage de tous mes membres. Mon chum va devoir m'habiller... et il est daltonien. Je vais toujours avoir des ensembles qui fittent pas, encore!

J'ai réussi à rajouter de l'huile sur le feu en portant attention à un autre symptôme que j'ignorais au début. L'atrophie des membres. J'ai eu donc la brillante de mesurer la circonférence de mes bras. Mon bras gauche avait 5 mm plus petits que le droit. Ciboire! M'a crever encore plus que je pensais!!! À ce moment-là, j'étais persuadée que j'avais la SLA.

J'ai commencé à mesurer les bras de tout mon entourage. Je voulais voir si eux aussi avaient une différence entre chaque bras. Une hostie de folle! Je me suis promenée pendant 3 semaines avec un ruban à mesurer dans ma sacoche. Si j'avais pu mesurer la circonférence des bras des gens dans le métro, je l'aurais fait.

C'était devenu obsessif mon affaire. Je recherchais à être rassuré que j'étais «normale». J'essaie de croire mon médecin quand il me dit que je n'ai pas la SLA, mais quand j'ai des symptômes qui reviennent, je retombe dans le doute.

Lorsque je crois avoir quelque chose qui cloche en rapport avec ma santé, j'entre dans ce monde imaginaire ou j'appréhende le pire constamment. Je n'y vais pas avec des faits réels, mais bien avec ce qui pourrait potentiellement arriver de grave. C'est vraiment à ce niveau que je dois travailler sur moi. Mais merde! C'est pas évident, surtout lorsque tu connais pratiquement toutes les maladies et les cancers qui existent. Un autre bel exemple de mon côté «calme et rationnel».

J'avais rendez-vous à l'hôpital pour un examen. Sur mon papier était inscrit : aile jaune, guichet B. Après m'être enduite d'alcool désinfectant pour être certaine de pas attraper le scorbut, j'entre dans l'hôpital et me dirige vers l'aile jaune. Je vois au loin le guichet B. En m'approchant du guichet, j'aperçois une enseigne inscrite : oncologie. En passant, «oncologie» est le mot fancy pour «cancer». À ce moment précis, mon cœur s'est arrêté de battre. J'ai vu ma vie défiler devant moi, avec mes funérailles, mon ensemble qui ne fitte pas, mes cheveux pas de volume, et des fleurs en plastique. L'horreur!

La réceptionniste me ramena sur terre en m'expliquant que mon rendez-vous était bien dans l'aile jaune, mais au 2e étage. Mon soupir de soulagement était plus grand que celui d'O. J. Simpson à son acquittement. Finalement en arrivant au bon endroit, l'infirmière m'installe en me disant que ma pression artérielle était haute. J'sais pas? V'là 2 minutes, je pensais être en train de crever d'un cancer généralisé.

Mon plus grand souhait serait d'arrêter de sauter aux conclusions aussitôt que j'ai un petit quelque chose de travers et, surtout, ne pas aller consulter Dr Google.

Je voudrais tellement être de ceux et celles qui ne s'en font pas inutilement avec leur santé. J'aimerais pouvoir chier du sang et dire : «Bah! Ça doit être ma soupe minestrone d'hier. »

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