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Un zoo la nuit

Appuyé par le superbe et dynamique dessin de Tim Sale, le scénariste nous guide brillamment dans les méandres de la culpabilité d'un justicier masqué qui doit affronter ses démons intérieurs en plus de l'Épouvantail, du Pingouin, du Chapelier fou - particulièrement terrifiant -, d' une superbe arriviste qui veut s'approprier sa fortune et des trois fantômes de Dickens.
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Elles ne portent pas le même nom, pourtant elles sont semblables. Elles vivent la même réalité. Terres d'accueil pour tout les déshérités de la terre, les ambitieux, ceux qui veulent se faire oublier ou recommencer leurs vies, elles sont aussi des lieux de contrastes où la richesse extrême côtoie la pauvreté la plus sordide, où la lumière réconfortante affronte l'obscurité menaçante. Bienvenue dans l'univers de Gotham et de New-York, les deux visages de Janus!

Gotham

Si la nuit à Gotham a toujours quelque chose d'inquiétant, quand approche l'Halloween elle devient carrément terrifiante. Durant les nuits précédant la fête des petits monstres, les rues de Gotham deviennent le terrain de jeux des criminels les plus déviants. Mais l'Halloween pour Gotham c'est plus que cela. C'est aussi la date du décès des parents de Bruce Wayne, abattus devant lui, à la sortie d'une salle de cinéma. Blessure indélébile dans l'âme de Wayne, cette période ramène toujours chez lui des réminiscences douloureuses qui combinées avec la folie meurtrière de la pègre «gothamienne » transforment la nuit en un véritable cauchemar.

C'est la toile de fond Des ombres dans la nuit, un Batman de grande qualité, signé Jeph Loeb et Tim Sale, publié il y a quelques semaines chez Urban Comic. Comme le refait sans arrêt DC depuis quelques années, les auteurs plongent dans l'enfance du chevalier noir pour comprendre les motivations qui l'ont poussé à devenir ce justicier masqué Mais ici on va plus loin que les sempiternelles thérapies « batmanesques » des dernières années. Des ombres dans la nuit mise beaucoup sur la culpabilité de Wayne, d'un Wayne qui se sentait abandonné par son père qui travaillait trop, d'un Wayne solitaire qui n'avait aucun ami, d'un Wayne qui rêvait de vivre un Halloween comme les autres gamins du voisinage, d'un Wayne qui avait insisté auprès de sa mère pour qu'elle porte son collier de perles lors de cette fatidique soirée, c'est pour avoir ce collier que le voleur a abattu ses parents.

Les auteurs abordent Wayne sous un nouvel éclairage, celui d'un gamin angoissé et d'un adulte torturé par le remord qui quelques nuits par année est incapable de se maîtriser. La descente aux enfers du justicier de Gotham proposée Loeb est fabuleuse. Appuyé par le superbe et dynamique dessin de Tim Sale, le scénariste nous guide brillamment dans les méandres de la culpabilité d'un justicier masqué qui doit affronter ses démons intérieurs en plus de l'Épouvantail, du Pingouin, du Chapelier fou - particulièrement terrifiant -, d' une superbe arriviste qui veut s'approprier sa fortune et des trois fantômes de Dickens. En prime on a droit à un petit voyage de Catwoman en Italie. Du grand Batman que je vous dis!

New York

L'histoire de la mafia fascine, surtout celle de la mafia américaine. Nous avons tous grandi en entendant les sombres exploits d'Al Capone, Lucky Luciano, Dutch Schultz, Meyer Lansky et autres Bugsy Siegel. On ne compte plus les romanciers, cinéastes, musiciens et bédéistes qui en ont fait des personnages de légendes. Chauvel et Le Saëc font partis de ces auteurs qui alimentent cette fascination. Après Ce qui est à nous qui se consacrait à la mafia américaine, les deux auteurs se concentrent maintenant avec Mafia Story sur la mafia new-yorkaise. Le tout nouveau tome de la série, le 8e, Don Vito s'intéresse particulièrement à la guerre qui opposa Vito Genovese à Frank Costello pour le contrôle de la mégapole.

Si certains auteurs ont abordé la mafia sous l'angle du mythe et de la tragédie, Chauvel et Le Saëc eux l'abordent sous celui de l'histoire et du journalisme. Ici il n'est pas question de romantisme, de tragédie et de mythe mais plutôt de la froideur de l'histoire. Nous ne sommes pas dans De Silence et de Sang (Corteggiani, Malès, Mitton et Barrison), il n'y a ni construction dramatique, ni suspense, ni tension, ni affrontements cruels et tragiques, ni codes d'honneur, ni personnages plus grands que nature. Non, il n'y a que les faits et tant pis si le didactisme prend le pas sur la légende.

Le résultat est un peu froid et statique. Mais curieusement on lit quand même la bédé avec plaisir, parce que scolaire ou non, dénuée d'émotions ou non, l'histoire de la mafia fascine, elle est faite du matériau dont on fabrique les mythes et c'est ce qui est le plus important.

Avis aux amateurs de bande dessinée « maide in Québec » une nouvelle maison d'éditions consacrée à son analyse critique et historique vient de voir le jour. Fondée par Jean Dominic Leduc, grand connaisseur de bédé devant l'Éternel - il a cosigné le bouquin sur Croc entre autre- Mem9ire (www.mem9ire.ca ) vient de lancer « Demi-dieux 40 ans de super-héros dans la bande dessinée québécoise » une étude fascinante sur nos super-héros. Dans quelques semaines la maison d'édition va publier une histoire de notre bd signée Michel Viau. On s'en reparle.

Josh Loeb, Tim Sale, Batman, Des ombres dans la nuit, Urban Comics.

Chauvel, Le Saëc, Lou, Mafia Story tome 8, Don Vito 2/2, Delcourt.

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