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Le funeste destin des légendes

Deux grandes légendes, l'une, millénaire, fondatrice de la littérature anglo-saxonne, l'autre, encore récente, qui a complètement chamboulé le monde de la « fantasy » , qui à fait découvrir le genre à des milliers de néophytes.
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Deux grandes légendes, l'une, millénaire, fondatrice de la littérature anglo-saxonne, l'autre, encore récente, qui a complètement chamboulé le monde de la « fantasy » , qui à fait découvrir le genre à des milliers de néophytes. Deux grandes légendes, mais qui ici ne sont pas très bien servies par des adaptations plus mièvres. Il y a des semaines où les légendes n'ont pas la cote.

Le retour du trône de fer

Avant les événements racontés dans le Trône de fer, la couronne de Westeros a connu sa part de conflits, de rébellions et de complots. Robert Baratheon ne fut pas le premier vassal à contester les Targaryens. L'œuf de dragon raconte justement un de ses complots qui se déroula 90 ans avant les événements que George R. R. Martin narre dans son excellente série.

Duncan le grand est un chevalier errant qui parcours les sentiers de Westeros louant son épée et ses bras à ceux qui en on besoin. Accompagné de son écuyer l'Œuf, détenteur d'un secret dangereux, Duncan se rend à Murs-Blancs où se déroule un tournoi regroupant la fine fleur de la chevalerie. La disparition du grand prix, un œuf de dragon, et la jalousie d'un des invités conduira Duncan à découvrir, sans le savoir, un nouveau complot contre la royauté.

Traduction française d'une nouvelle de Martin publiée en 2010 dans l'anthologie Warriors,L'œuf de dragon fait partie d'une trilogie d'aventures vécues par ces deux personnages. Malheureusement nous sommes loin ici du Trône de fer.

Entendons-nous bien, l'histoire est pleine de rebondissements, elle nous tient en haleine du premier au dernier mot. Mais il lui manque un souffle épique, celui que l'on retrouvait dans le Trône de fer ou dans les écrits sur la Terre du Milieu de Tolkien. Indéniablement Martin maîtrise l'art de la saga, il sait aménager les rebondissements et les coups de théâtre, il utilise de main de maître les moments de tensions, il impose un rythme trépidant qui nous donne envie de lire goulûment ses histoires. Mais nous restons sur notre faim, l'auteur nous titille avec un hors-d'œuvre de qualité, mais refuse de nous servir un plat principal consistant.

Il se dégage à sa lecture l'impression désagréable que la nouvelle a été collée artificiellement à son cycle. Un sentiment qui n'existe pas chez Tolkien. Avec adresse l'Anglais à su préparer ses lecteurs en disséminant subtilement dans son Seigneur des Anneaux des allusions, des légendes, des indications sur son univers qu'il développa par la suite dans ses écrits. Ce procédé lui à permis de donner à son univers une cohérence et une richesse exceptionnelle,

Malheureusement ce n'est pas le cas avec cet œuf de dragon, bien sûr Martin y glisse quelques indications sur l'histoire du royaume, mais elles restent vagues. En se consacrant uniquement au tournoi et à cette recherche d'un complot embryonnaire, en effleurant les éléments historiques et légendaires. L'auteur passe à côté d'une occasion d'enrichir son monde.

Mais c'est peut-être parce que le format de la nouvelle ne s'y prête pas. Dans une anthologie regroupant les trois histoires, cette insatisfaction aurait sûrement disparu, alors qu'ici elle est présente tout au long des 175 pages.

Bref une bonne histoire que les ados vont apprécier, mais qui manque de profondeur.

Beowulf

Puisqu'on parle de Tolkien et de dragon, nous ne pouvons passer sous silence une nouvelle adaptation dessinée du fameux poème épique Beowulf, influence indiscutable du créateur du Seigneur des anneaux. On ne compte plus le nombre de références et de clins d'œil que l'écrivain a fait à cette légende dans ses écrits.

Les côtes du Danemark sont dévastées par le terrible et indestructible Grendel, un dragon qui y a établi domicile. Terrorisé et incapable de se défendre le roi Hrothgar engage le guerrier Beowulf et ses 14 compagnons pour mettre fin à la présence du dangereux monstre. Le reste est passé à la légende et sert de base à un segment important de la « fantasy. »

Ce projet que le scénariste espagnol Santiago Garcia porte depuis des décennies et illustré par David Rubin est décevant. Décevant parce que malgré les trouvailles graphiques, l'intelligence de la mise en page et la déconstruction enthousiaste de l'action, l'ensemble semble vide. Comme si Beowulf n'était qu'un prétexte pour faire de l'esbroufe graphique.

À certains moments la linéarité du récit semble totalement absente. Les couleurs sombres et le dessin un peu brouillon et relâché nuisent à la compréhension du récit déjà fortement handicapée par cette absence de fluidité. On a l'impression que tout a été mis dans la mise en page et rien dans l'efficacité de la narration.

Si revisiter Beowulf était le rêve de Garcia, comme le dit l'épilogue de Javier Olivares,

il aurait dû développer plus les personnages, se détacher de la caricature « conanesque » et les humaniser. Au lieu de cela Garcia réduit Beowulf à une masse de muscles, sans intelligence, un barbare violent et avide de gloire, le roi Hrothgar à un vieillard sénile, fataliste et peureux et les autres personnages à des figurants inutiles.

Peut-être que la prochaine adaptation de Beowulf réussira à sortir toute la richesse de cette épopée, espérons-le! Mais pour l'instant elle reste encore à faire.

George R. R. Martin, L'œuf de dragon, Pygmalion

Garcia, Rubin, Beowulf, Casterman.

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