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L’été en pente douce : Il y a le ciel, le soleil et… la mer

L'été en pente douce reprend avec brio les éléments qui ont donné une couleur si caractéristique et si apprécié aux polars «made in France.»
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Si la neige, l'hiver et la forêt sont de fabuleux théâtres pour d'angoissants thrillers atmosphériques remplis de rebondissements, que dire du soleil implacable, des canicules assommantes et des villes rugueuses et poussiéreuses perdues au milieu de nulle part?

Au pied de la pente douce

Et ça tombe bien parce qu'effectivement tous ces éléments sont présents dans cet Été en pente douce, première collaboration entre le bédéiste Chauzy et le romancier, maître ès polars et auteur du mythique Dylan Stark de ma jeunesse, Pierre Pelot.

Fluide Glacial

Sous une chaleur accablante, de celle qui vous empêche de penser, Stéphane Leheur, magouilleur minable, revient dans son village natal, accompagné de Lilas son aguichante copine, beaucoup trop belle et trop libre pour les habitants du coin, pour prendre possession de la maison familiale et s'occuper de son frère simple d'esprit. Hélas pour Leheurt la maison est aussi l'objet de convoitise de ses voisins qui rêvent d'en prendre possession pour la détruire. La trop grande beauté de la belle ingénue, le handicap de son Lennie Small de frère et ce foutu thermomètre qui n'en finit plus de grimper vont vite transformer le retour de l'enfant, loin d'être prodigue, en un drame qui changera à jamais le visage de cette petite ville.

Tiré de du roman éponyme de Pierre Pelot, déjà adapté au cinéma en 1987 par Gérard Krawczyk, L'été en pente douce - dont l'auteur a modifié les personnages et certains épisodes de la trame notamment la fin beaucoup plus tragique - est sans contredit une des plus belles parutions de l'été, pour ne pas dire de l'année, et un vent de fraîcheur dans ce mois d'août qui commence à prendre des parfums de septembre.

Gérard Krawczyk

Tranquillement, au rythme du chant des cigales, Pelot met en place un irrésistible thriller caniculaire à coups de subtiles révélations, de dialogues essentiels sous des apparences anodines, de zones d'ombre qui se révèlent face à ce soleil agressant, de touches d'un érotisme moite et d'une tension qui augmente à mesure que le mercure monte.

Chauzy saisit avec brio le désespoir sans fin de ces perdants pathétiques à qui la destinée a distribué les pires cartes du jeu de la vie.

Avec ses aquarelles, ses couleurs chaudes, sa lumière omniprésente, sa chaleur oppressante, les faciès burinés et sans noblesse de ses personnages et leurs regards troubles, miroirs de l'innocente noirceur de leurs âmes. Chauzy saisit avec brio le désespoir sans fin de ces perdants pathétiques à qui la destinée a distribué les pires cartes du jeu de la vie.

Loin d'être un tonitruant polar à l'américaine, L'été en pente douce avec ses dialogues intelligents, ses personnages d'une banalité exceptionnelle, son intrigue du quotidien et son atmosphère obsédante reprend avec brio les éléments qui ont donné une couleur si caractéristique et si apprécié aux polars «made in France.»

Folio

À ranger sur la même tablette que les Nestor Burma de Malet et de Tardi.

Dans la chaleur des villes

La canicule est aussi au cœur de la nouvelle bande dessinée d'Anne Villeneuve, Une longue canicule, une autre de mes révélations estivales. Marie Hélène, jeune adulte Madelinienne, quitte ses îles adorées pour venir étudier dans la grande ville, la Babylone québécoise, Montréal, aux prises avec une de ses canicules qui nous font regretter d'habiter dans les vieux logements, mal isolés et humides des quartiers centraux de Montréal.

mécanique générale

En plus de découvrir et de s'adapter à une vie montréalaise, très loin de celle des îles, et à la chaleur suffocante de ses rues bétonnées, Marie Hélène doit aussi se méfier d'un type louche qui semble l'avoir dans le collimateur. Un premier été tout en surprises, en espoirs, en désillusions et en bonheurs pour Marie Hélène qui peu à peu prendra ses repères dans sa ville d'adoption.

Superbe parcours initiatique d'adaptation aux magnifiques dessins vaporeux et évocateurs, plein de rythmes et de chaleur extrême, Une longue canicule est à la fois et sans l'être véritablement une bande dessinée d'auteur, une quête identitaire et un faux polar qui surprend et séduit dès la première page.

Avec ses dialogues authentiques, ses anecdotes d'un quotidien qui ressemble au nôtre et sa représentation de la canicule étouffante et épuisante, que seul quelqu'un qui l'a vécu dans un logement typique des quartiers traditionnels montréalais peut traduire avec autant de finesse, Anne Villeneuve propose une superbe bande dessinée aux observations justes et pertinentes et aux couleurs des éléments qui font des étés montréalais des moments si particuliers, si inoubliables.

Hachette

Si 2017 marque le 40 anniversaire de la supposée mort d'Elvis, il marque aussi celui de René Goscinny, le génial scénariste, décédé subitement le 5 novembre alors qu'Uderzo dessinait les dernières pages d'Astérix chez les Belges. Si dans le cadre de cette chronique, il n'est pas important de parler du décès du King, on peut toutefois souligner celui du grand scénariste. Et ça tombe bien puisque pour ce triste anniversaire, Hachette vient de lancer une édition spéciale d'Astérix chez les Belges. Si le dossier qui accompagne l'album aurait pu être travaillé un peu plus - les fans des deux Gaulois n'apprennent pas grand-chose de nouveau - la relecture de cet album, terminé par le dessinateur à la suite d'un ordre du tribunal et publié en 1979, elle, est un véritable délice, du Goscinny à son meilleur et du Uderzo en au sommet de son art. Une bonne occasion pour redécouvrir cette dernière collaboration entre les deux grands complices de la bande dessinée, ultime tour de piste d'un tandem qui a su nous faire rire à s'en décrocher la mâchoire pendant plus d'une décennie.

Jean-Christophe Chauzy, Pierre Pelot, L'été en pente douce, Fluide Glacial.

Anne Villeneuve, Une longue canicule, Mécanique Générale.

Goscinny, Uderzo, Astérix chez les Belges, Hachette.

Avril 2018

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