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Jacques Lamontagne: la chevauchée fantastique

À l'occasion de la sortie du premier tome de sa nouvelle série Shelton et Felter, nous avons rencontré le sympathique créateur qui depuis cette importante décision ne cesse de nous surprendre et de nous captiver.
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En 1987 Shirley Théroux enregistrait On ne meurt pas à 40 ans, un titre presque prophétique pour Jacques Lamontagne, qui, sans le savoir, allait faire sienne sa recommandation en abandonnant à 44 ans son métier d'illustrateur pour devenir bédéiste à temps plein. À l'occasion de la sortie du premier tome de sa nouvelle série Shelton et Felter, nous avons rencontré le sympathique créateur qui depuis cette importante décision ne cesse de nous surprendre et de nous captiver.

Kennes

« J'ai toujours fait de la bande dessinée. Mais comme je ne croyais pas pouvoir gagner ma vie avec elle, j'ai préféré miser sur mes contrats d'illustrations pour les maisons d'édition et mes travaux publicitaires », raconte l'auteur qui continuait toutefois à en faire, en dilettante, pour lui, pour des fanzines et pour certains magazines comme Safarir. Jusqu'à cette 44 année fatidique où il décide de tout plaquer pour se lancer dans la bédé à temps plein.

Depuis il n'a jamais regretté sa décision, d'autant plus que rapidement, Jean-Luc Istin, le directeur de collection chez Soleil, lui offre d'illustrer un thriller médiéval, Les druides, vaguement influencé par le Nom de la Rose d'Umberto Eco, qu'il a écrit. « Je ne sais plus comment il a vu mes dessins, c'est peut-être à cause des dossiers que j'avais envoyés aux maisons d'édition européennes -j'avais proposé mes contes d'outre-tombe - ou des illustrations que j'avais postées sur certains forums de dessinateurs? »

Et comme les dieux du hasard semblent être avec lui, il accepte d'embarquer dans l'aventure un peu folle des druides. « J'avoue que je n'avais pas beaucoup d'affinité avec le monde celtique. Pour être franc je ne connaissais pas du tout cet univers, mais le côté Nom de la Rose, même si nous nous en sommes rapidement écartés, m'intéressait », précise le bédéiste, nourri aux histoires fantastiques à la Claude Seignole, Jean Ray et autres grands maîtres qui ont fait les belles heures de la mythique collection Marabout fantastique. « Même si j'étais loin de l'univers fantastique, tel que je le conçois, j'ai eu beaucoup de plaisir à travailler sur Les druides. D'une part, ça me permettait d'entrer dans le monde de la bande dessinée et de l'autre ça m'a donné l'opportunité d'y expérimenter et d'y affiner ma narration graphique et de me frotter avec succès aux codes typés de la fantasy avec ses mecs baraqués et ses filles hyper sexy.»

Soleil

Et si l'auteur se permet quelques infidélités avec d'autres collaborateurs, nécessaires bulles d'oxygène, s'évade de l'univers «druidesque» et se replonge dans son fantastique - on pense à son excellent, mais trop court diptyque Van Helsing contre Jack L'éventreur ou encore aux 3 premiers Aspic - il n'hésite pas après plus d'une décennie de loyaux services auprès des druides de quitter le bateau pour se lancer dans de nouveaux projets «bédéesques» qui répondent plus à sa passion pour cette littérature.

Un choix audacieux puisque non seulement il abandonne une série à succès, qui lui assure une belle visibilité, « Istin et moi étions d'accord que nous avions fait le tour de la série », mais en plus il assume le scénario et le dessin de son nouveau projet Shelton et Felter, une surprenante et amusante série policière «arthurconandoylesque,» mettant en vedette un ex-boxeur baraqué devenu débardeur et journaliste en devenir et un libraire dont le génie de la déduction n'a d'égal que son asocialité et ses tocs, rencontre improbable entre Sherlock Holmes, Colombo et Monk, dans un magnifique Boston du début du siècle dernier, une période où son dessin spontané et libre et ses qualités de conteur excellent. Encore une fois, Jacques Lamontagne décide de se remettre en danger.

« À l'origine, je ne devais pas assumer le dessin. J'avais contacté Denis Goulet, dont j'adore le style « cartoonesque », qui a fait les premières esquisses qui ont plu à l'éditeur. Mais comme le projet a pris du temps à démarrer et que Denis se sentait moins à l'aise dans une histoire au long cours, il a accepté d'autres projets. Je me suis retrouvé sans dessinateur et j'ai décidé d'envoyer des esquisses à l'éditeur, qu'il a adoré, sans lui mentionner que c'était moi. C'est comme ça que j'ai hérité du rôle de dessinateur. »

Quadrants

Si le défi l'a inquiété un peu au début, il a su se donner le recul nécessaire pour élaborer le parfait dosage, entre le Lamontagne scénariste et son alter ego dessinateur, élément essentiel pour la réussite d'une intrigue intelligente, dynamique et pleine de rebondissements qui séduit autant qu'elle captive. « Ce que je veux c'est avant tout écrire une bonne histoire d'aventure qui va apporter du plaisir au lecteur et lui faire passer un bon moment. Mais j'aurais aimé une ou deux pages de plus pour mieux faire respirer ma conclusion», conclut le dessinateur, qui caresse toujours son rêve d'adapter en dessin les récits de Jean Ray, maintenant que ceux de son auteur fétiche Claude Seignole viennent d'être faits par Laurent Lefeuvre, avant de me quitter pour se plonger dans Un pays à l'aube de Denis Lehane un polar historique bostonnais qui se déroule au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

De quoi inspirer, tout comme la malédiction du Bambino et celle de la chèvre, les déductions de Shelton et de Felter pour plusieurs années encore... À notre plus grand plaisir.

Jacques Lamontagne, Shelton & Felter tome 1, la mort noire, Kennes.

Avril 2018

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