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François Lapierre: entre plume et pinceau

À l'occasion de la sortie de son deuxième romanet de la conclusion de l'excellente trilogie qu'il scénarise,, nous avons rencontré l'indéfinissable créateur.
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Définir François Lapierre relève presque des travaux d'Hercule. Dessinateur, scénariste, romancier, coloriste... tous les chapeaux lui siéent à merveille. À l'occasion de la sortie de son deuxième roman, Les guerriers fantômes, et de la conclusion de l'excellente trilogie fantastique qu'il scénarise, La Bête du Lac, nous avons rencontré l'indéfinissable créateur. Rencontre avec le caméléon de notre 9e art.

« De prime abord, je dirais que je me considère plus dessinateur que scénariste, plus visuel que littéraire», lance-t-il tout de go. «Mais plus le temps passe, plus je constate que j'aime autant écrire que dessiner», précise celui qui apprécie la liberté de l'écriture. «Techniquement, c'est beaucoup moins contraignant que le dessin. Je n'ai pas à faire de punch aux deux ou trois pages, comme dans une bande dessinée. Je peux en faire un à chaque chapitre. Il n'y a pas de limite de pages ou de cases. Et puis je n'ai pas à faire de répétitions. Par exemple, si je parle du Fort Kataracouy (Fort Frontenac) dans Les guerriers fantômes, je peux le décrire en une page et c'est réglé, les gens se sont fait une idée de l'endroit.» Ce qui n'est pas le cas pour une bédé, où le dessinateur doit constamment le dessiner sous tous ses angles.

Ironiquement, alors que l'on célèbre ses talents de dessinateur et de scénariste, c'est comme coloriste qu'il s'est fait connaître par l'industrie de la bande dessinée. «Le hasard a fait que cette facette a pris plus de place que prévu. Mais présentement, je n'accepte presque plus de contrats», souligne celui qui à mis ses couleurs au service de Magasin général, du Grand mort, de Julius - spin-off du Troisième Testament - et des tomes 6, 7 et 8 de la mythique Quête de l'oiseau du temps.

«À l'origine, je coloriais Magasin général quand Loisel m'a proposé Le Grand mort. J'ai accepté à la condition de pouvoir travailler sur La quête de l'oiseau du temps, une série que je trouvais magnifique. J'étais très fier de travailler là-dessus, mais avec le recul c'est celle que je trouve la plus difficile, parce que je dois chausser les souliers d'un autre et continuer son travail. Je n'ai pas autant de liberté que dans les autres séries.»

S'il refuse de plus en plus les contrats de coloriste, c'est pour se consacrer à ses propres histoires, une perspective plus qu'intéressante pour les lecteurs, du moins si l'on se fie au captivant troisième tome de sa Bête du Lac. Exit le conte bon enfant à la Fred Pellerin, Lapierre et son dessinateur Patrick Boutin-Gagné adoptent un ton résolument heroic fantasy, mais à la sauce celtique, avec ses leprechauns et ses fées, mâtiné d'un soupçon de Lovecraft : «J'ai adoré Lovecraft dans ma jeunesse». Le titre de l'album, L'abomination, est d'ailleurs un clin d'œil à l'écrivain américain : «C'était ça ou L'innommable, qui est, je crois, le mot le plus utilisé dans ses histoires.»

À cette recette, il faut aussi ajouter une pincée de Robert E. Howard et de son fameux Conan - «Patrick est un grand amateur de Conan ; moi aussi, mais plus les romans que les comics» -, ce qui permet au dessinateur de s'éclater à chaque page. «La présence d'un ancien dieu et d'un légendaire guerrier baraqué nous permettaient d'emprunter les sentiers de l'heroic fantasy» sans toutefois tomber dans ses stéréotypes dégoulinants de testostérone. Un style très différent de sa production bédé habituelle, plus proche du fantastique poétique. «Le dessin plus réaliste et plus plausible de Patrick a amené l'intrigue sur des territoires que je n'aurais pas explorés si je l'avais dessinée. Elle a pris alors un côté plus heroic fantasy, et je m'y suis adapté.»

Mais ce n'est pas parce qu'il vient de terminer La Bête du Lac et qu'il réduit ses activités de coloriste qu'il faut croire que François Lapierre est moins occupé. Au contraire, il planche encore sur plusieurs projets en même temps : un dernier Guerriers fantômes et deux autres bédés prévues pour 2017, dont une qui se passera de nouveau en Nouvelle-France. «J'adore cette période, Mais après, je vais faire une bande dessinée qui va se passer dans le monde actuel. J'ai envie de savoir si je suis capable de dessiner de voitures», conclut en rigolant le talentueux caméléon.

En parlant de mondes légendaires et fantastiques, difficile de passer sous silence l'excellente Ligne rouge, une bande dessinée à 10 mains signée Olivier Jobin, Dominique Carrier, Julien Paré-Sorel, Jeik Dion et Olivier Carpentier. Parue originalement dans le quotidien gratuit distribué à l'extérieur des stations de métro, La ligne rouge est une merveilleuse randonnée dans un métro onirique «fredien». Philémon et Monsieur Barthélémy auraient adoré emprunter cette ligne rouge. Un plaisir pour les yeux et pour l'imagination.

• Francois Lapierre, Patrick Boutin-Gagné, La Bête du Lac, trois tomes, Glénat Québec.

• Francois Lapierre, Patrick Marleau, Les guerriers fantômes, deux tomes, Perro Éditeur.

• Carrier, Jobin, Paré-Sorel, Dion, Carpentier, La ligne rouge, Front froid.

Erratum

La semaine dernière, sans doute trop perturbé par la nouvelle bédé d'Hermann, j'ai fait une erreur impardonnable : Old Pa Anderson est publié au Lombard et non pas chez Dupuis. Toutes mes excuses.

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Mai 2017

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