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«Alice Matheson»: cadavres à volonté!

Tout allait bien dans le train-train quotidien de cet ange de la mort, jusqu'au jour où une de ses victimes plus ou moins consentantes se releva de son lit de mort...
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Quand on parle d'horreur, on imagine tout de suite un vieux château victorien délabré à la Crimson Peak. Et si ce n'est pas un castel à moitié détruit, une vieille bicoque inquiétante perdue dans une sombre forêt ou dans la zone peut aussi bien faire l'affaire. Pourtant, les hôpitaux peuvent, eux aussi, faire de fabuleux décors pour y planter de terrifiants cauchemars, parce que, si on y pense bien, s'il y a des lieux où l'ombre de la grande faucheuse est omniprésente, ce sont bien ces institutions. Bienvenue dans les cliniques de l'horreur!

L'occasion fait le larron.

Alice Matheson est une infirmière compatissante. Trop compatissante, d'aucuns diront, envers les malades en phase terminale dont elle a la responsabilité. Elle a tellement d'empathie pour eux qu'elle décide de les soulager une fois pour toutes de leurs souffrances insoutenables.

Tout allait bien dans le train-train quotidien de cet ange de la mort, jusqu'au jour où une de ses victimes plus ou moins consentantes se releva de son lit de mort, tel Lazare ramené du royaume des ancêtres par le Christ. Pourquoi cette patiente pourtant morte revenait sans raison à la vie? Une question d'autant plus angoissante que tous les cadavres autour d'elle ne semblaient manifestement pas vouloir jouir du repos éternel. Sans le savoir, Matheson se retrouvait au cœur d'une invasion de zombies, non seulement dans les corridors de son hôpital aseptisé et froid, mais aussi dans les rues de la capitale anglaise. Une tueuse en série au royaume des zombies, c'est comme un enfant dans une confiserie: trop beau pour y croire.

Deuxième tome d'une série qui devrait en compter six, ce Le tueur en moi répond aux attentes que l'opus initial, Jour Z, avait créé. Istin, de plus en plus à l'aise dans son univers «zombiesque», parsème comme un petit poucet mangeur de cadavres des indices sur les motivations et le passé mystérieux de cette Dexter en jupon. Pas encore de grandes révélations ni de grands coups de théâtre, mais toujours cette progression intelligente qui capte et retient l'intérêt du lecteur de la première à la dernière page. Le spécialiste des légendes arthuriennes installe tranquillement, au fil des pages, le climat d'angoisse et d'urgence alimenté par la mise en place dynamique d'un Radivojevic plus en communion avec son scénariste que son prédécesseur Philippe Vandaële - nécessaire à la réussite d'un bon thriller fantastique.

Comme il l'avait fait dans ses nombreuses adaptations arthuriennes, Istin s'amuse, tout en les respectant, à détourner les codes des deux genres. Si The Walking Dead utilisait les zombies pour étudier la société humaine, Istin, lui, s'en sert pour observer la folie meurtrière d'une Matheson qui commence à sentir le piège se refermer autour d'elle, mais qui ne peut résister devant le mirage de ce buffet où les morts sont à volonté.

Le mystère de la chambre capitonnée.

Zachary Taylor est un jeune thérapeute rattaché à l'hôpital Brinkvale, terrifiant institut psychiatrique où résident quelques-uns des criminels les plus violents des États-Unis. Le jeune thérapeute se voit confier l'évaluation psychologique de Martin Grace, incarcéré dans la chambre 507 et accusé de douze meurtres. Le diagnostic de Taylor déterminera si le présumé tueur en série est apte à subir son procès, un procès que le procureur vedette de New York et, accessoirement, père de Zach, a promis aux New-Yorkais.

Plus Taylor évalue son patient, plus il se dégage du dossier le parfum nauséabond des secrets enfouis depuis toujours. Qui est véritablement Martin Grace? Au péril de sa vie et de sa santé mentale, Zach Taylor décide d'enquêter sur la passé du patient de la 507.

À mi-chemin entre le polar psychologique et le roman d'horreur, Chambre 507 est aussi imprévisible que Martin Grace lui-même. Si les premières pages, avec cet ersatz oppressant de l'asile d'Arkham de Gotham, sont prometteuses, le roman se transforme rapidement en un roman fantastique de deuxième ordre aux nombreuses incongruités et aux coups de théâtre improbables.

Avec leur écriture dynamique presque «stephenkingesque» et cette ambiance d'indicible peur qui règne dans les corridors d'un institut psychiatrique qu'on dirait tout droit sorti de l'enfer, le tandem J. C. Hutchins et Jordan Weisman installent le réjouissant rythme d'un «page turner» qui laisse le lecteur sur les genoux dès les premiers mots. Malheureusement, une fois les séances de thérapie avec Grace terminées, la séduction s'effiloche rapidement et laisse place à la déception d'un roman qui n'aura pas tenu ses promesses, comme une soirée de Saint-Valentin qui s'annonce géniale et qui se termine devant une poutine froide et déprimante d'un snack bar 24 heures vide et crade de l'avenue du Mont-Royal.

À force de vouloir nous égarer sur des fausses pistes, à force de miser sur l'esbroufe, les auteurs perdent l'efficacité du début. Inexorablement, les auteurs se paument sur les nombreuses pistes qu'ils empruntent et doivent, pour les relier entre elles, user de retournements et d'explications plus que douteuses qui brisent l'obsédante atmosphère des premières pages.

Excellente illustration du proverbe «qui trop embrasse mal étreint», ce Chambre 507 aurait dû être moins ambitieux, garder le rythme de son ouverture, se consacrer à ce fascinant asile et son terrifiant sous-sol, et sacrifier cette histoire de vengeance, de démon russe et de soldats des forces spéciales. Dommage!

En terminant, une nouvelle revue de bande dessinée par les amateurs de bédés québécoises et de science-fiction vient de faire son apparition. Rémi Paradis, qui publiait à des fréquences très irrégulières Zidara9, un collectif consacré à la bande dessinée de science-fiction, vient de lancer le magazine Zidara9. Toujours la bonne vieille formule, mais avec des parutions régulières et davantage de points de vente. Au sommaire de ce numéro, de courtes histoires intéressantes, dont une amusante relecture des premiers chapitres de la Genèse. Et si le serpent était un bouc émissaire?

• Istin, Radivojevic, Alice Matheson, deux tomes parus, Soleil.

• J. C. Hutchins, Jordan Weisman, Chambre 507, Super8 Éditions. Pocket, pour l'édition de poche.

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