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Le bordel informatique avant les musées: mais où sont donc nos priorités?

En cette chaude période estivale, il est bon de ressentir occasionnellement un petit frisson de fraîcheur. Mais lorsqu'il est question des contrats de service en sous-traitance en informatique, le frisson de fraîcheur se transforme inévitablement en frisson d'horreur!
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En cette chaude période estivale, il est bon de ressentir occasionnellement un petit frisson de fraîcheur. Mais lorsqu'il est question des contrats de service en sous-traitance en informatique, le frisson de fraîcheur se transforme inévitablement en frisson d'horreur! Et pour cause, car le gouvernement se dit incapable de dévoiler le coût exact des contrats qu'il sous-traite!

Lors d'une commission parlementaire sur l'informatique, tenue fin juin, le président du Conseil du trésor et responsable des dossiers informatiques au gouvernement, M. Martin Coiteux, s'est dit personnellement très préoccupé par le manque d'information dans ce qu'il est maintenant convenu d'appeler le « bordel informatique ». Les responsables informatiques de la fonction publique sont incapables d'avancer un chiffre précis, mais les contrats informatiques auraient environ coûté aux Québécoises et aux Québécois la modique somme de... 3 milliards de dollars l'an dernier!

En parallèle, nous apprenons que nos musées nationaux subiront une coupe de 3 millions de dollars dans leurs subventions annuelles. Une peccadille pour le gouvernement, mais un coup de massue pour ces musées! À eux seuls, les Musées de la civilisation subiront une ponction de 994 500 de dollars, la plus sévère parmi les musées d'État. En procédant ainsi, le gouvernement Couillard jette une énorme brique dans la vitrine de ces trois musées nationaux, qui jouent un rôle important de chefs de file de l'ensemble muséal québécois, tant par leur rayonnement national et international que par leur mission unique de conservation et de diffusion.

Les coupes dans les musées d'État sont d'autant plus incompréhensibles que M. Claude Corbo, responsable du rapport du Groupe de travail sur l'avenir du réseau muséal du Québec, recommandait qu'une somme récurrente supplémentaire de 4 millions de dollars soit ajoutée en 2014-2015 au soutien au fonctionnement des trois musées nationaux (sans parler d'une hausse de manière récurrente de l'ordre de 2 millions de dollars aux Musées de la civilisation) et que cette somme supplémentaire soit, par la suite, annuellement indexée pour tenir compte du rôle unique des musées nationaux. Et dire que c'est au Musée national des beaux-arts du Québec que le premier ministre a convié environ 150 personnes à une réception pour souligner la Fête nationale du Québec, et ce, sans la présence du monde syndical cette fois! Signe des temps?

Le gouvernement s'attaque donc sans vergogne aux musées d'État. Mais que fait-il pour freiner la sous-traitance, notamment dans le secteur informatique? Poser la question, c'est y répondre, car deux projets informatiques confiés à des entreprises privées par le gouvernement traduisent à eux seuls le cafouillage et l'absence de contrôle qui caractérisent ce domaine : le premier, Solutions d'affaires en gestion intégrée des ressources (SAGIR), devait se terminer en 2007 au coût de 83 millions de dollars, mais il pourrait plutôt dépasser le milliard de dollars, sans qu'une date de livraison soit avancée. Le second, Dossier santé Québec (DSQ), avait été promis pour 2011 au coût de 543 millions de dollars, mais celui-ci devrait osciller autour de 1,6 milliard de dollars et sa livraison est reportée à 2021.

Quand le gouvernement comprendra-t-il que la collusion et la corruption apparaissent lorsque la sous-traitance devient importante? Ceci provoque une perte d'expertise qui engendre ensuite une forte dépendance envers les firmes privées, une diminution graduelle de la concurrence et des dépassements de coûts importants. Veut-on vraiment exporter cette recette médiocre et nauséabonde, amplement documentée lors des audiences de la commission Charbonneau, à la gestion de nos institutions muséales?

Souhaitons que non, car les Québécoises et les Québécois préfèrent sans aucun doute un petit frisson de fraîcheur à d'énormes frissons d'horreur!

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