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Le mot rigueur est rarement associé au discours d'un dirigeant syndical par les commentateurs et chroniqueurs politiques. Et pourtant, j'ai appelé le gouvernement du Québec à faire preuve d'une plus grande rigueur dans l'usage des fonds publics bien avant l'élection des libéraux.
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Voici un titre qui devrait en étonner plus d'un. Le mot rigueur est rarement associé au discours d'un dirigeant syndical par les commentateurs et chroniqueurs politiques. Et pourtant, j'ai appelé le gouvernement du Québec à faire preuve d'une plus grande rigueur dans l'usage des fonds publics bien avant l'élection des libéraux. La rigueur est une des pierres d'assise d'une administration publique saine.

C'est la rentrée parlementaire à Québec cette semaine. Habituellement, chacun y va de ses recommandations adressées aux parlementaires qui vont prendre dans les prochains mois des décisions qu'ils souhaitent être dans le meilleur intérêt de la collectivité. Je ne dérogerai pas à cette habitude.

Ma toute première recommandation, c'est de faire preuve d'une très grande rigueur dans la lutte à la collusion et à la corruption. Pour ce faire, les parlementaires seraient bien avisés de doter enfin le Québec d'une loi protégeant efficacement les divulgateurs (voir notre étude La protection des divulgateurs. Une nécessité pour un État québécois intègre).

Dans un récent éditorial, Paul Journet de La Presse a tout résumé en un titre très juste : Aidez-les à le dire. Journet y adressait un message très pertinent au premier ministre Philippe Couillard : malgré ses craintes d'un « climat de dénonciation permanente », l'équilibre ne réside pas dans le statu quo.

L'ingénieure Karen Duhamel a admis à la commission Charbonneau qu'elle a regretté d'avoir sonné l'alarme à la suite des gestes de corruption dont elle a été témoin. Si la législation ne protège pas efficacement celles et ceux qui auront le courage qu'elle a eu, les fonds publics investis dans l'enquête sur l'industrie de la construction l'auront été en vain.

Le même constat d'inefficacité risque d'être posé dans quelques années, si le gouvernement et les parlementaires ne font pas preuve d'une rigueur à toute épreuve dans l'utilisation des fonds publics. C'est là ma deuxième recommandation.

Jusqu'à présent, je suis plutôt inquiet. Les mesures annoncées à la sortie du premier conseil des ministres du gouvernement libéral, dont le gel de l'embauche, risquent en effet d'avoir un impact contraire à celui recherché.

Je crains une répercussion excessivement négative d'une vision à courte vue de la gestion des ressources humaines. D'abord, à cause des conséquences néfastes sur l'intégrité de l'administration publique, comme le démontre la Commission Charbonneau. Ensuite, parce que le gel de l'embauche décrété par le gouvernement actuel est un pas dans la mauvaise direction qui risque de nuire à la reprise en main des dépenses de l'État.

Il serait plus que temps que les parlementaires examinent sérieusement l'impact des gels d'embauche décrétés dans le passé. C'est ma troisième recommandation. Nos élus verraient que ce qui peut être perçu comme une solution cache en fait un grave problème, en hypothéquant l'avenir même de la fonction publique québécoise.

Le premier ministre lui-même est conscient de la nécessité de « maintenir l'expertise dans le service public et faire en sorte que les jeunes aient le goût de venir travailler dans les services publics du Québec » (selon ses propos, cités par le journaliste David Gentile). Nous l'encourageons d'ailleurs à prendre les mesures nécessaires pour retenir et attirer la main d'œuvre indispensable au bon fonctionnement de l'État.

Lors d'une rencontre de consultation pré budgétaire la semaine passée, j'ai eu l'occasion de dire au ministre des Finances que le SPGQ est favorable à une évaluation rigoureuse des programmes et à un émondage ciblé de ceux-ci. Je lui ai aussi démontré à quel point le Québec a perdu le contrôle des dépenses en sous-traitance, ce qui coûte des milliards de dollars aux contribuables québécois.

Au lieu de poursuivre dans cette voie, le gouvernement serait très avisé de miser davantage sur son expertise interne. D'ailleurs, c'est ma quatrième recommandation, les parlementaires devraient examiner avec une extrême rigueur les dépenses publiques pour tout ce qui est confié à l'externe.

En terminant, et ce sera ma dernière recommandation, pourquoi ne pas doter le Québec d'un poste de directeur parlementaire du budget chargé de fournir des analyses indépendantes des prévisions budgétaires?

Nos membres sont loin d'être allergiques au mot rigueur, car c'est avec une grande rigueur qu'ils abordent leurs mandats de professionnels. Par contre, ils le sont envers tout ce qui nuit au bon fonctionnement de l'État. Cela est normal, ils sont les gardiens de l'intégrité et de la qualité des services publics offerts à la population.

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