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Israël: Une démocratie vivante, intense et complexe

Élection en Israël : Le premier ministre Netanyahu fait beaucoup mieux que les derniers sondages ne le laissaient entendre.
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Voilà. C'est fait. Les électeurs se sont déplacés, les bulletins ont été déposés dans les urnes et les résultats - préliminaires - des élections sont connus. Mais on ne sait pas qui formera le prochain gouvernement.

Il est un point qui mérite d'être noté avant de poursuivre l'analyse - et il est fondamental. Dans une région où le radicalisme, l'extrémisme et l'autoritarisme prennent racine, la vitalité de la démocratie israélienne est remarquable. Qu'on soit très critique de l'État d'Israël ou un de ses partisans, il n'en demeure pas moins que sa nature démocratique détonne d'avec l'ensemble de ses voisins de la région.

Au moment d'écrire ces lignes, les résultats, basés sur les sondages à la sortie des endroits de votation, sont les suivants :

Likoud de Nétanyahou : 27

Union sioniste (essentiellement les travaillistes) : 27

Liste arabe unie : 13

Yesh Atid (centriste) : 12

Koulanou (centriste) :10

Bait haYehoudi (qui appuie les implantations) : 8

Shas (Ultra-orthodoxe sépharade) : 7

UTJ (Ultra-orthodoxe ashkénaze) 6

Yisrael Beiteinu (de l'ancien ministre des Affaires étrangères Lieberman) : 5

Meretz (ultra-gauche sioniste) : 5

Le premier ministre Netanyahu fait beaucoup mieux que les derniers sondages ne le laissaient entendre. Certains prédisaient même le Likoud avec moins de 20 sièges. Cette surprise vient du fait que Bibi a «cannibalisé» les partis à sa droite, en faisant campagne dans les derniers jours non au centre mais plus à droite.

Rien n'est garanti mais, avec les calculs des permutations des sièges, il est difficile d'imaginer que Nétanyahou ne sera pas premier ministre.

Les élections : Seulement une étape

En Israël, contrairement à ce qui se passe ici, les élections ne sont qu'une étape. Au Canada, on connait l'identité du premier ministre le soir même. Pas en Israël.

En effet, le président doit maintenant appeler un des chefs de partis à tenter de construire un gouvernement à partir de formations politiques souvent aux antipodes l'une de l'autre.

C'est ainsi depuis la fondation de l'État : aucun parti politique n'a réussi à former un gouvernement majoritaire seul.

Que se passera-t-il donc maintenant? Le Talmud dit : «Depuis le jour de la destruction du Temple, la prophétie a été retirée des prophètes et a été donnée aux fous et aux enfants». C'est donc dire que même l'observateur attentif de la politique israélienne ne peut prédire le dénouement des négociations qui ont par ailleurs déjà commencé entre les différentes factions, et qui sera ministre de quoi.

Bien que les différences idéologiques puissent être importantes, les personnalités des acteurs politiques israéliens sont très importantes. Un tel peut être plus proche idéologique de X mais le détester personnellement et donc décider d'appuyer Y en tant que premier ministre. La part du facteur humain est majeure dans les tractations actuelles.

Ceci étant dit, la mécanique est la suivante : les chefs de toutes les formations politiques seront invités pour rencontrer le Président de l'État et lui faire part de leur préférence au poste de premier ministre. Le président donnera par la suite au leader ayant le plus de chances de former un gouvernement majoritaire de former la coalition gouvernementale.

Ce premier ministre potentiel a 40 jours pour former sa coalition gouvernementale. S'il est incapable de le faire, le président répète la procédure, donnant le même mandat à la même personne, ou à un autre chef politique pouvant possiblement mettre sur pied un gouvernement majoritaire. Si 100 jours se passent sans un gouvernement formé, on appuie sur la touche RESET et de nouvelles élections doivent se tenir. En 67 ans d'indépendance, ce n'est jamais arrivé.

Les élections ont porté sur des enjeux similaires aux nôtres

Finalement, chose surprenante pour ceux qui pensent que le conflit israélo-palestinien est tout ce dont les Israéliens discutent: il a plutôt été évacué de cette campagne. Le processus de paix n'a pas été au centre du débat électoral. Pas parce que ce n'est pas un enjeu important. Mais plutôt parce que l'Autorité palestinienne est considérée - y compris par les travaillistes - comme corrompue, faible, incapable de faire les compromis essentiels pour en arriver à une entente négociée avec Israël et, même si une entente était signée, incapable de la mettre en œuvre puisqu'elle ne contrôle pas la Bande de Gaza, aux mains du groupe islamiste extrémiste Hamas.

La volonté d'empêcher l'Iran d'obtenir la bombe atomique et de garder l'État islamique loin des frontières israéliennes font consensus au sein de la classe politique israélienne. Ainsi, ces enjeux n'ont pas été au centre du débat puisqu'il y a accord.

Le débat électoral, transformé en une espèce de référendum sur la personnalité de Benjamin Netanyahu, s'est ainsi centré sur des thèmes très similaires aux nôtres : l'économie, le coût de la vie, les services sociaux, etc. Un sondage publié par le quotidien (payant) le plus populaire en Israël, le Yedioth Ahronot (l'équivalent de La Presse, en gros), 55% des électeurs ont affirmé avoir fait leur choix sur cet enjeu, contre 28% sur des enjeux de sécurité.

Ainsi, les électeurs israéliens ne sont pas différents des électeurs québécois et canadiens.

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Avril 2018

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