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Holocauste et Israël

Le 21 octobre 2003, alors député à la Chambre des communes à Ottawa, je déposais et faisais adopter en une seule session - grâce à un processus exceptionnel - la Loi instituant le jour commémoratif de l'Holocauste. Je croyais à l'époque - et crois toujours - que le souvenir de l'Holocauste doit être maintenu, car l'Holocauste à deux importants aspects : un universel et un particulier.
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Le 21 octobre 2003, alors député à la Chambre des communes à Ottawa, je déposais et faisais adopter en une seule session - grâce à un processus exceptionnel - la Loi instituant le jour commémoratif de l'Holocauste.

Je croyais à l'époque - et crois toujours - que le souvenir de l'Holocauste doit être maintenu, car l'Holocauste à deux importants aspects : un universel et un particulier.

Message universel et message particulier

L'universel est d'illustrer ce que l'être humain peut faire quand il décide d'éliminer la différence (ethnique, nationale, orientation sexuelle, idéologique, etc.). Les exemples que sont le Cambodge, le Rwanda et le Darfour nous montrent bien que nous n'avons malheureusement pas encore appris les terribles leçons de l'Holocauste.

Le particulier est que le peuple juif est soumis, depuis des siècles, à ce que d'aucuns ont appelé la haine la plus longue.

Que sous les Grecs, les Romains, les Chrétiens, les Musulmans, les Nazis, les Soviétiques et j'en passe, les Juifs ont été la cible de discriminations, de persécutions, de pogroms, de massacres et de tentatives d'extermination.

C'est pourquoi l'adoption de cette loi est l'une des choses dont je suis le plus fier dans ma vie. Non seulement est-il rare qu'un projet de loi d'initiative parlementaire soit adopté, il est encore plus rare qu'il le soit d'une telle manière.

Les remerciements, souvent entremêlés de larmes, que j'ai reçus et reçois encore ne cessent de m'émouvoir. Les rencontres avec les (trop peu nombreux) rescapés encore en vie, leurs familles et leurs descendants me marquent à chaque fois.

Un nouveau monument national

Maintenant, le gouvernement fédéral a mis sur pied, suite à l'adoption unanime d'un autre projet de loi, un processus visant à doter la capitale fédérale d'un monument commémoratif de l'Holocauste. Celui-ci sera terminé au printemps 2015, au plus tard.

En fait, malgré sa participation des plus importantes à la Seconde Guerre Mondiale et ainsi à la fin du cauchemar nazi, le Canada est le seul pays allié à ne pas avoir de monument commémorant l'Holocauste dans sa capitale. Ceci sera remédié sous peu.

Juifs morts et Juifs vivants

« On ne commémore jamais tant que pour ne pas avoir à se souvenir ».

Ce mot de Régis Debray me revient en tête ces temps-ci.

Bien que personne, à part quelques crackpots, ne remet en question la réalité de l'Holocauste, il n'est pas rare d'entendre que les Juifs auraient « instrumentalisé » l'Holocauste, qu'ils se servent de cette tragédie pour tout se permettre et que l'État d'Israël utilise la mémoire de la Shoah pour justifier ses exactions toutes pires les unes que les autres.

Ainsi, on ne nie plus l'Holocauste mais on nazifie Israël. En d'autres mots, les nouveaux Nazis sont les Juifs.

Par une sorte de pirouette révoltante, on se sert de la mémoire de la Shoah contre ses principales victimes. C'est en effet ce que font, ironiquement, les antisémites d'aujourd'hui.

On dessine des swastikas sur drapeau israélien lors des manifestations anti-israéliennes, on accuse Israël de discrimination raciale institutionnalisée (« Israël = apartheid ») et de génocide.

En d'autres mots, on veut bien commémorer les Juifs morts mais on n'accepte pas les Juifs vivants, qui se tiennent debout, qui refusent de courber l'échine devant ces organisations ouvertement génocidaires que sont le Hamas, le Hezbollah et, a fortiori, l'Iran galopant vers l'acquisition d'armes nucléaires.

Le peuple victime se voit maintenant transformé en un monstre, fou de sang et amoureux de la guerre.

La « question juive » est maintenant devenue la « question israélienne ».

Israël est le seul État au monde - le seul! - à voir son existence remise constamment en question.

Oui, je commémore chaque année les victimes de la Shoah, la tête inclinée. Mais chaque jour, je célèbre, la tête bien haute, ce miracle des temps modernes qu'est l'État d'Israël et ses accomplissements.

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