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Célébrer Hanouccah et la Charte des valeurs

On défend ces congés religieux, de même que les noms de nos villes, de nos villages et de nos rues sur la base que tout cela fait partie du «patrimoine québécois». Je suis bien d'accord. Mais ceci étant dit, le patrimoine québécois n'est pas que chrétien/catholique.
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Ces jours-ci, les Juifs du Québec et du monde entier célèbrent Hanouccah, la fête de la lumière.

Commémorant la victoire du peuple juif sur le puissant empire grec séleucide, Hanouccah marque en fait la première lutte de libération nationale dans les annales de l'histoire et souligne la victoire d'une petite nation contre les puissantes forces assimilatrices de l'époque.

Cette fête à l'origine relativement peu importante est devenue plus centrale en Amérique du Nord parce qu'elle se retrouve habituellement autour des mêmes dates que les fêtes chrétiennes que sont Noël et le Nouvel An. Ainsi, et étonnement, Hanouccah, ce festival marquant la lutte contre l'assimilation, a pris de l'importance dû à l'intégration de plus en plus prononcée des Juifs dans la population nord-américaine, avec échange de cadeaux et décorations de la maison, ce qui est en soi un peu contradictoire. En termes simplistes, Hanouccah est devenu pour plusieurs Juifs le pendant de Noël! Un livre tout récent que je viens de terminer, Hanukkah in America,en fait un historique fort intéressant.

J'ai toujours pensé que si j'avais à nommer une fête juive qui pourrait résonner chez les Québécois, je nommerais Hanouccah. Un petit peuple qui résiste à l'assimilation, dont la devise est Je me souviens est à même de bien comprendre ce combat quotidien et existentiel.

Le débat sur la Charte des valeurs

Ces réflexions me ramènent au débat sur la Charte des valeurs qui a lieu chez nous. On insiste sur la laïcité complète - on dirait «pure et dure» dans un autre contexte - tout en reconnaissant comme congés fériés des fêtes religieuses telles que Noël et Pâques. Cette reconnaissance de fêtes religieuses va évidemment contre le principe de laïcité mais, comme j'ai affirmé dans mon livre Juif, Une histoire québécoise, ceci est un accommodement bien raisonnable à ce principe. En effet, une société n'est pas une toile blanche et il est impossible - et serait regrettable - de faire tabula rasa de l'histoire.

Le patrimoine québécois n'est pas que catholique

On défend ces congés religieux, de même que les noms de nos villes, de nos villages et de nos rues sur la base que tout cela fait partie du «patrimoine québécois». Je suis bien d'accord. Mais ceci étant dit, le patrimoine québécois n'est pas que chrétien/catholique.

Par exemple, la communauté juive est présente au Québec depuis plus d'un quart de millénaire. Tel que je l'ai indiqué dans une chronique précédente, elle a puissamment contribué au développement économique, politique, social, intellectuel et culturel du Québec. Elle est une communauté historique du Québec depuis longtemps. Les nombreux écrits de Pierre Anctil et celui de Chantal Ringuet - À la découverte du Montréal yiddish - en font une bonne illustration.

Le Québec peut s'enorgueillir du fait qu'il a été la première juridiction de tout l'Empire britannique à avoir octroyé aux Juifs les pleins droits civiques et politiques en 1832, 26 ans avant la Grande-Bretagne elle-même. Ce n'est pas rien!

Partant de la prémisse que le patrimoine juif fait partie du patrimoine québécois, on ne peut d'un côté critiquer vertement l'accommodement fait pour le stationnement lors de fêtes juives comme l'a fait le ministre Drainville et de l'autre penser que fermer des rues pour les processions du Vendredi Saint est correct.

Un reflet plus juste de notre patrimoine

On pourrait aussi penser que les décorations de cette période festive reflètent cette diversité.

À New York ces jours-ci, je suis à même de constater comment, en plus des décorations de Noël qui s'installent aux lendemains de la Thanksgiving, les hanoucciot (les chandeliers à 9 branches utilisés pendant Hanouccah) sont très présentes. Parcs publics, bureaux gouvernementaux, tours à bureaux, lobbys d'hôtels, restaurants (y compris les restaurants non-cachères!), pubs, bars et magasins arborent pour beaucoup le bleu et blanc et le chandelier de Hanouccah.

Le nombre de Juifs à New York est évidemment plus important qu'à Montréal, mais il n'en demeure pas moins que la communauté juive montréalaise joue un rôle important dans notre métropole. Je suis surpris, quand j'y pense, de constater qu'elle n'est pas plus visible - mise à part la très minoritaire communauté hassidique qui est par nature visible.

Le Québec peut se targuer d'être une terre d'accueil pour des gens d'autour du monde. Il peut être fier d'avoir historiquement accueilli sur son territoire - particulièrement à Montréal - des dizaines de milliers de Juifs fuyant la misère et les persécutions tant en Europe de l'Est qu'en Afrique du Nord. Il aurait bien raison de célébrer tout cela!

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