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Le salaire ne se mesure pas qu'en argent

Il y a bientôt un an, le lancement duavait soulevé un tollé dans la communauté journalistique québécoise. Pourquoi? Parce que plusieurs personnes, dont des personnalités publiques bien en vue, avaient alors accepté de bloguer bénévolement pour le HuffPost. Près d'un an après les faits, l'heure est donc au bilan : mon implication auen a-t-elle valu la peine? Jugez-en par vous-même.
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Il y a bientôt un an, le lancement anticipé du Huffington Post Québec avait soulevé un tollé dans la communauté journalistique québécoise. Pourquoi? Parce que plusieurs personnes, dont des personnalités publiques bien en vue, avaient alors accepté de bloguer bénévolement pour ce site Internet. En échange de leur opinion, le Huffington Post Québec offrait à ses blogueurs invités la possibilité d'obtenir de la visibilité auprès du grand public.

Or, plusieurs commentateurs média et certains bien-pensants semblent avoir trouvé cet échange de bons procédés des plus affreux. Ils étaient d'avis que le fait de bloguer gratuitement contribuait à dévaloriser le travail d'écriture et de contenu pour lequel se battent, notamment, les journalistes indépendants. Ils estimaient que cet exercice équivalait à oublier un principe primordial: celui voulant que tout travail mérite salaire.

Ironiquement, l'un des chroniqueurs à avoir déploré publiquement le soi-disant "travail gratis" des blogueurs invités du Huffington Post Québec dit avoir aujourd'hui "honte" de faire autant d'argent avec son métier de scribe. En tout respect pour lui, peut-être qu'un peu d'écriture bénévole pourrait apaiser sa conscience. Qui sait?

Recul et justifications

Bref. Confrontés à ce tollé, plusieurs blogueurs pressentis du Huffington Post Québec ont tenu à se justifier de vouloir écrire gratuitement pour ce nouveau média. D'autres se sont ravisés, refusant au final de pondre un seul mot en ces pages.

Personnellement, c'est avec grand plaisir que j'ai accepté de devenir un blogueur du Huffington Post Québec. Je ne m'en suis jamais excusé. Je me suis dit : "Essaie et tu verras". D'ailleurs, n'étant nullement connu du grand public, la seule personne (et unique vraie fan) que je pouvais encore décevoir en ce bas monde... c'est ma mère. Et croyez-moi, ça fait belle lurette que je l'ai désapointée.

L'heure est au bilan

Près d'un an après les faits, l'heure est donc au bilan : mon implication au Huffington Post Québec en a-t-elle valu la peine? Jugez-en par vous-même.

1- Mon premier billet Le Québec des possibles, dans lequel je raconte mon parcours d'immigrant, m'a valu une entrevue au 98,5 fm. J'ai ainsi été invité, par l'animatrice de radio Isabelle Ménard, à livrer ma vision personnelle de l'immigration et de l'intégration des nouveaux arrivants.

2- De plus, ma chronique intitulée On mange tous cachère m'a valu une invitation à l'émission Dumont le midi, sur les ondes de V télé. J'ai ainsi pu contribuer au débat sur la pertinence de la nourriture religieuse sur les étagères de nos épiciers.

3- Enfin, à la suite de la parution de mes billets sur le conflit étudiant, j'ai été invité à deux reprises à l'émission Mise à jour Rive-Sud sur les ondes de Vox, animée par la journaliste Lise Millette. Cependant, je n'ai pu répondre présent qu'à seule des invitations qui m'ont été faites.

Une belle carte de visite

Évidemment, le fait d'être invité à la radio ou à la télévision, c'est bien beau. Mais ça m'a donné quoi, concrètement, toute cette visibilité? Plusieurs choses. En tant qu'avocat en droit de l'immigration à mon compte, mon texte Le Québec des possibles est devenu une belle carte de visite. À la suite de sa parution sur le Huffington Post Québec, des lecteurs m'ont appelé pour se renseigner sur mes services. Pas des tonnes, mais tout de même. Encore aujourd'hui, certains de mes clients m'assurent que c'est mon texte qui les a convaincus de retenir mes services plutôt que ceux d'un autre avocat en immigration.

-"J'ai lu votre chronique, vous savez. Vous semblez être quelqu'un de persévérant. Vous ne prenez pas"un non" comme seule réponse. C'est pourquoi, j'aimerais vous confier mon dossier", m'a-t-on déjà dit.

Ce genre de commentaire et de confiance de la part d'un client, ça vaut tout l'or du monde, croyez-moi.

Mon implication bénévole au HuffPost m'a aussi permis de me faire la main aux textes d'opinion. Certes, j'ai encore beaucoup à apprendre. La chronique d'opinion est un art tout en nuances. Et je n'ai pas la prétention de maîtriser le genre. Avant le Huffington Post Québec, j'avais surtout travaillé comme journaliste salarié de la presse écrite québécoise. À ce titre, je devais m'en tenir strictement aux faits, ce qui peut être parfois frustrant pour le citoyen politisé en nous.

De plus, j'ai également appris qu'il y a des conséquences à s'exprimer librement. C'est surtout le cas lorsqu'on défend des idées à contre-courant, telle la hausse des frais de scolarité. Je m'en suis fait dire des bêtises, beaucoup de bêtises. Ça coûte cher de sortir du troupeau, si vous me passez l'expression.

Enfin, j'ai pu confirmer ce que je savais déjà, à savoir que peu importe de quel côté on penche, la liberté d'expression est bien vivante au Québec. Encore faut-il garder à l'esprit qu'il est primordial de trouver un équilibre entre la censure exagérée et la liberté d'expression sans retenue.

Avec le recul, j'estime que tout cet apprentissage a été, pour moi, inestimable. Des regrets? Oui, un seul. Celui de ne pas avoir blogué plus souvent en 2012; chose que je compte rectifier cette année. Certes, on me répétera encore et toujours que tout travail mérite salaire. Cependant, le salaire ne se mesure pas qu'en argent.

Bonne année!

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