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Sans la musique la vie serait une erreur...

J'ai été étonné de la réaction du Directeur général de la commission scolaire Sorel-Tracy. Celui-ci a choisi de supporter son enseignant en disant que cette malheureuse situation était due à « l'absence de balises claires ». Mais, de quelles balises parle-t-on ici?
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C'est Nietzsche qui disait ça il y a déjà un moment.

La controverse suscitée par la censure de l'Hymne à l'amour par un professeur de musique a suscité des réactions de toutes sortes au cours de la semaine. De l'outrage à l'indifférence, tout y est passé. Sans m'arrêter sur le choix (hasardeux) fait par le professeur de musique j'aimerais tout de même apporter un éclairage additionnel à cette situation qui nous interpelle tous.

En premier lieu, j'ai été étonné de la réaction du Directeur général de la commission scolaire Sorel-Tracy. Celui-ci a choisi de supporter son enseignant en disant que cette malheureuse situation était due à « l'absence de balises claires ». Mais, de quelles balises parle-t-on ici. Le DG faisait-il référence à l'absence de directive, ou de plainte, gouvernant l'usage du mot « Dieu »? Faisait-il référence à la liberté d'expression, ou de censure, d'un de ses employés?

Peu importe l'angle sous lequel on évalue cette situation, je crois que l'enseignant a simplement manqué de jugement. Et, n'en déplaise au DG, le jugement, ça ne se balise pas, c'est plutôt une manière de savoir s'inscrire dans la société. L'enseignant a manqué de jugement, je crois que le DG via son explication alambiquée a fait preuve du même manque de jugement.

Il faut savoir qu'en rédigeant une balise, quelle qu'elle soit, on exclut d'office toute ce qui n'est pas écrit. Ainsi, si on interdit « A », « B » et « C », excluant ce faisant « D », « E » et « F »... Certains diront qu'il faut baliser de « A » à « F », excluant ainsi « G », « H » etc. En deux mots, on ne peut pas tout baliser; il restera toujours un terrain où il faudra faire preuve de jugement, où il faudra apprécier et décider. Il faudra aussi être en mesure de justifier cette décision. Dire que celle-ci n'était pas balisée n'est pas une explication acceptable.

J'ai été témoin il y a quelques années, d'une situation qui se dégradait dans le milieu de la santé. C'était l'été, certains membres du personnel ne voulaient pas porter l'uniforme réglementaire parce qu'il faisait chaud. La direction avait laissé une certaine latitude en cette affaire, mais, au fil du temps, certains en sont venus à se présenter au travail vêtus de ce que l'on pourrait appeler une « tenue de plage ». Les usagers se plaignaient de ne plus pouvoir distinguer le personnel des visiteurs. La direction a donc décidé de bannir les maillots de type « bretelles spaghettis ». Une des employées a demandé : « Les bretelles linguinis, c'est ok »? La direction hésitait, mais a finalement dit « oui ». L'employée a alors demandé : « Les linguinis cuits ou secs »? J'étais sidéré...

Cette anecdote illustre clairement la limite du concept de balisage et de règlementation. Certains ne voudront jamais se soumettre à une quelconque balise tandis que d'autres seront à la maison, le matin, en tentant de mesurer la largeur du linguini, sec ou cuit.

Ce qui manque dans ces situations, c'est simplement l'exercice du jugement critique et ce n'est pas par la mise en place d'une balise que l'on amènera les gens à réfléchir.

Le refus de penser est toujours dangereux.

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