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En voyant l'enseignement comme une vocation, on justifie le fait de nous sous-payer.
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Les membres de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) ont finalement entériné l'entente de principe intervenue entre ses représentants et le gouvernement. Après 16 mois de négociations et de mobilisation constante, il était temps de tirer un trait et de mettre fin à cette bataille qui a permis des gains substantiels au niveau sectoriel.

Tout n'est pas réglé pour autant. Les enseignants et les enseignantes sont particulièrement amers face au résultat de cette entente qui n'est pas à la hauteur de leurs demandes. Elle a été acceptée sous la menace d'un décret aux conséquences imprévisibles et d'une loi spéciale, alors que le gouvernement refusait de continuer la négociation. Sans un rapport de force qui n'était pas au rendez-vous, on ne pouvait aller plus loin!

Je croyais sincèrement que cette ronde de négociations nous aurait permis de corriger une injustice à l'égard de la rémunération des enseignants et des enseignantes. Le salaire moyen d'un enseignant au Québec est de 62 000 $, alors qu'en Ontario il est de 80 000 $. Nous avons 17 échelons avant d'atteindre le maximum, alors que dans le reste du Canada on parle de 10 ou 11 échelons.

Sur une carrière, on parle ici de centaines de milliers de dollars de différence. En voyant l'enseignement comme une vocation, on justifie le fait de nous sous-payer. Nous méritions une correction importante de notre salaire afin de valoriser la profession et reconnaître notre travail à sa juste valeur, tout comme on a fait avec les médecins. Mais ce gouvernement ne pratique pas la même équité pour tous!

N'empêche, cette négociation a pourtant été inédite à plusieurs niveaux et plusieurs aspects positifs s'en dégagent.

La population a donné un appui sans précédent à nos revendications. Cette fois, la propagande du gouvernement pour nous discréditer n'a pas tenu le coup et la population était derrière nous en reconnaissant la valeur de notre travail par de nombreux témoignages d'artistes, de parents ou de chroniqueurs. L'éducation a été au cœur de l'actualité et est devenue une priorité sociale, vue comme un investissement et non une dépense. Comme résultat, bien mince et insuffisant, l'augmentation du budget de l'éducation a passé de 1,9 %, prévu lors de la mise à jour économique de novembre du ministre Leitao, à une augmentation de 3 % dans le dernier budget, une augmentation d'environ 200 millions de dollars. Le gouvernement a voulu sauver la face devant la pression populaire!

La FAE a gagné en crédibilité comme étant une organisation de combat à la défense de ses membres, mais également pour le progrès social en défendant l'école publique. La population a compris que nos conditions de travail sont directement liées aux conditions d'apprentissage des élèves. La FAE a fait connaître la réalité dans nos écoles et les effets des politiques d'austérité que le gouvernement a toujours voulu nier. Comme société, nous avons fait le constat qu'investir en éducation est un choix politique et que le gouvernement avait les ressources nécessaires (pensons au 1,3 milliard accordé à Bombardier).

La FAE a surtout permis aux enseignants et enseignantes de retrouver une fierté perdue avec le temps, suite au mépris du gouvernement et la dévalorisation de notre profession, négociation après négociation. L'enseignement a repris ses lettres de noblesse.

Malheureusement, tous ces points positifs ne se sont pas traduits par l'atteinte de nos objectifs lors de la signature de notre convention. Mais nous sommes en bonne position pour poursuivre la bataille en bâtissant sur ces acquis. La convention maintenant réglée, nous pourrons nous consacrer pleinement aux tâches à venir. Nous serons debout avec les parents pour exiger un réinvestissement massif dans les écoles publiques, après des coupes de plus de 337 millions seulement dans les deux dernières années, dans le secteur primaire et secondaire, selon les calculs de l'Institut de recherche et d'information socio-économique.

Nous veillerons à ce que le projet de loi 86 sur la gouvernance scolaire ne soit pas qu'un moyen de centraliser les pouvoirs du ministre et un changement de structures qui n'améliore en rien les services aux élèves.

Nous continuerons à dénoncer les coupes annoncées par la CSDM (hé oui, ce n'est pas terminé, encore 12 millions cette année) pour atteindre son équilibre budgétaire.

Nous participerons activement à la coalition pour les écoles saines, afin d'avoir un milieu de vie sécuritaire pour nos enfants, favorable à notre travail et aux conditions d'apprentissage des jeunes.

Le gouvernement cherche à leurrer la population en faisant croire que l'éducation est sa priorité! Les ministres changent, mais le discours reste le même. Le ministre Sébastien Proulx continue à conter la même marotte de ce gouvernement : il parle d'économie en parlant d'éducation. L'école publique est à la croisée des chemins. Si on n'y investit pas massivement, comme on a fait dans les hôpitaux, l'école publique ne pourra remplir sa mission de garantir les chances pour tous.

Plus que jamais, les enseignants et les enseignantes vont se tenir debout, parce qu'ils méritent mieux et que la défense de l'école publique est une question de justice sociale!

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