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Le Canada champion du monde au football...américain!

Une page importante de l'histoire du football canadien s'est tournée, samedi soir. En grande finale du Championnat mondial junior de l'International Federation of American Football (IFAF), l'équipe canadienne a réussi l'impossible : battre les Américains, à leur propre sport, chez eux!
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USA Football

Une page importante de l'histoire du football canadien s'est tournée, samedi soir. En grande finale du Championnat mondial junior de l'International Federation of American Football (IFAF), l'équipe canadienne a réussi l'impossible : battre les Américains, à leur propre sport, chez eux! Opposé à une équipe américaine qui était largement favorite, le Canada n'a affiché aucun complexe. Après avoir pris les devants tôt dans le match, Team Canada n'a plus jamais regardé en arrière et s'est sauvé avec une étonnante victoire de 23-17. Du coup, la planète football est un peu en état de choc!

Ce n'est pas la première fois que le Canada remporte le Championnat mondial junior. De 2005 à 2007, la formation canadienne avait même aligné trois médailles d'or consécutives. Mais ici, une précision s'impose.

Au début des années 2000, le Championnat mondial junior NFL était présenté chaque année en marge des activités du Super Bowl. Et chaque année, l'équipe américaine était constituée de joueurs provenant uniquement de l'État dans lequel était présenté le Super Bowl. En 2007, par exemple, la finale entre les Colts d'Indianapolis et les Bears de Chicago avait lieu à Miami. C'est donc une équipe formée exclusivement de joueurs de la Floride qui représentait le pays de l'Oncle Sam.

Mais après 2007, les dirigeants de Football USA ont décidé de changer la formule. Les mauvaises langues diront que messieurs les Américains n'ont pas beaucoup aimé se faire battre trois années d'affilée chez eux, au football...américain. Pas facile pour l'orgueil, ça!

Après une année de pause, la compétition est ressuscitée des morts en 2009 avec quelques modifications. Premièrement, le tournoi n'était plus présenté à la fin janvier, mais bien au début juillet. Mais la principale différence c'est que cette fois-ci l'équipe américaine était une vraie équipe nationale.

Pour donner un exemple, le joueur par excellence du tournoi de 2009 a été le porteur américain David Wilson. Après une brillante carrière avec les Hokies de l'Université Virginia Tech, il vient d'être sélectionné en première ronde du dernier repêchage de la NFL par les Giants de New York. Le joueur de centre Evan Swindell est partant pour les Rebels de l'Université Ole Miss et il est pressenti comme l'un des favoris pour l'obtention du trophée Rimington, remis au meilleur centre de la NCAA. Le secondeur Chris Norman en sera à une troisième saison comme partant avec les Spartans de l'Université Michigan State. Le demi-défensif Shamarko Thomas était partant dès sa toute première saison avec le Orange de l'Université Syracuse. Et la liste continue...

Tout ça pour dire qu'en 2009, les États-Unis ont mis le paquet avec la ferme intention de démontrer au monde entier que personne ne pouvait les battre au football!

Une chose est sûre : le résultat fut convaincant. En trois rencontres, les Américains ont d'abord battu la France 78-0, pour ensuite défaire le Mexique 55-0. En grande finale, les voisins du Sud ont servi une leçon de football dans les règles à l'équipe canadienne en l'emportant 41-3.

Mais ça, c'était il y a trois ans.

Champions du monde!

La deuxième édition du tournoi dans cette nouvelle formule se déroulait au cours des derniers jours, à Austin (Texas). Encore une fois, avec une vraie équipe américaine.

Mais l'équipe canadienne est arrivée gonflée à bloc, et extrêmement bien préparée. On doit d'ailleurs lever notre chapeau à l'entraîneur-chef Noel Thorpe (Carabins de l'Université de Montréal), au coordonnateur offensif Pat Boies (Redmen de McGill), au coordonnateur défensif Warren Craney (Lions de l'Université York) et au reste du personnel d'entraîneurs.

Contre une formation américaine qui n'avait jamais tiré de l'arrière depuis le début du tournoi et qui alignait toute une panoplie de joueurs qui vont évoluer pour les meilleures équipes de la NCAA dès la saison prochaine, le Canada a vraiment réussi l'impossible.

Mais ils sont arrivés mieux préparés, ils n'ont affiché aucun complexe et ont simplement accompli ce qu'ils étaient venus faire. Tout au long du tournoi, les joueurs ont répété qu'ils étaient en business trip. Et lors de la finale, les joueurs ont bloqué, plaqué, couru et attrapé comme ils savent si bien le faire. On les avait choisis parce qu'ils sont les meilleurs joueurs de moins de 20 ans au pays. Et ils joué à la hauteur de leur talent. Tout simplement.

Le Québec était fort bien représenté au sein de cette délégation canadienne avec 20 des 45 joueurs qui provenaient de notre belle province. Au moment où ça comptait vraiment, certains ont su se lever. C'est le cas de l'excellent receveur Alex Huard qui a inscrit le premier touché du match sur un retour de botté de dégagement. C'est également vrai pour le porteur Chris Amoah qui a réussi le jeu du match en captant une passe voilée avant de déculotter deux Américains et de briser deux plaqués pour s'échapper dans la zone des buts. On peut aussi parler du demi-défensif Kevin McGee qui a réussi deux interceptions, dont une, en fin de match qui a vraiment scellé l'issue de la rencontre.

Et maintenant?

Difficile de prévoir l'effet que cette victoire et ce titre de champion du monde auront sur le football canadien. Déjà, au niveau de la couverture médiatique, on espère que les grands médias du pays vont commencer à réaliser qu'il se passe quelque chose de spécial, sur les terrains de foot d'un océan à l'autre. Bien sûr, je prêche pour ma paroisse, ici. Mais il est complètement hallucinant de constater qu'un exploit du genre ait suscité aussi peu d'attention médiatique chez nous.

Je sais que toute comparaison entre football et hockey est un peu boiteuse, mais rappelez-vous comment le championnat mondial de hockey junior est couvert de façon extensive, chaque année durant la période des Fêtes.

Une autre répercussion que cette médaille d'or pourrait avoir, c'est d'ouvrir des portes aux meilleurs joueurs canadiens. Parions qu'à l'avenir, les recruteurs des grandes universités américaines vont accorder un peu plus d'attention aux footballeurs canadiens.

Ça voudrait dire plus de joueurs dans la NCAA, et éventuellement plus de Canadiens dans la NFL.

À dans deux ans

Le championnat mondial junior de l'IFAF se déroule techniquement à chaque deux ans. Ce n'est pas encore confirmé, mais il semble de plus en plus probable que la prochaine édition (2014) soit présentée en sol canadien! Le Canada pourra donc défendre son titre en sol canadien. Ça promet!

D'ici là, chaque année depuis trois ans, l'IFAF organise un match entre Team USA et Team World (formée des meilleurs joueurs du «reste du monde») . On peut se poser la question : comme le Canada est champion du monde, est-ce que l'édition 2013 du International Bowl ne devrait pas plutôt opposer Team World à Team Canada?

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