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Suicide assisté : donner le choix aux malades, la meilleure manière d'éviter les dérapages

Le gouvernement fédéral prépare, selon toute vraisemblance, sa contestation juridique de la loi 52 sur l'aide médicale à mourir. Quel beau respect, non seulement du choix individuel, mais de celui de toute une société, alors qu'une large part des Québécois appuie cette législation...
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Je me contrefous qu'on parle d'aide médicale à mourir, de suicide assisté ou d'euthanasie. On parle avant tout de souffrance insoutenable. On peut-tu arrêter de jaser du nom de la patente? Cette question est stérile, l'aspect fondamental de l'enjeu se trouvant bien ailleurs.

Il y a eu le cas de Sue Rodriguez. Puis il y a eu d'autres cas célèbres, comme celui de Robert Latimer et de la Française Lydie Debaine, qui ont chacun commis le meurtre de leur fille très gravement malade. Et il y a toujours eu la mort et la douleur sous toutes ses formes. On ne peut qu'y pallier. Bien que cela ne se fasse nécessairement pas dans la joie, il faut se baser sur une réflexion morale complète plutôt que sur l'aspect condamnable intrinsèquement associé à la mort, provoquée de quelconque façon.

Les opposants au suicide assisté craignent les dérapages de sa légalisation, de son institutionnalisation. Ces inquiétudes sont légitimes étant donné que l'on parle carrément de vies humaines fragiles. Cela étant, laisser souffrir pendant plusieurs années quelqu'un qui n'a plus de qualité de vie, n'est-ce pas aussi une forme de dérapage sociétal qui ne devrait pas exister?

Vivre sans qualité de vie, ce n'est pas vivre. On ne peut qu'imaginer le désespoir d'une telle situation si l'on n'a pas les deux pieds dedans. Voilà pourquoi la décision doit appartenir au malade et pas au Code criminel.

Il est certain qu'il doit y avoir manifestation d'un consentement clair de la part du malade. Par un document notarié quelconque ou simplement après une bonne réflexion de la personne mentalement apte. On s'entendra certainement sur le fait que ceci ne peut absolument pas être négocié.

Il demeure qu'il y a absence de la notion de choix lorsque cette pratique fournit un aller simple vers la prison et c'est en ce sens que la criminalisation est ici moralement condamnable.

Je n'essaie même pas de le cacher : j'ai un préjugé favorable au suicide assisté, car je ne pourrais accepter de continuer à vivre sans pouvoir me laver les fesses moi-même. Cela étant, j'accepte le fait qu'il s'agit d'une perception bien personnelle, sans doute toute autre pour de nombreux individus. Mais cela n'empêche pas que donner le choix aux malades constitue la meilleure manière d'éviter les dérapages.

Cependant, demander aux gens de mettre de l'avant la notion du choix entre la vie et la mort lorsque la guérison est devenue illusoire semble porter quelque chose de farfelu, alors que le gouvernement fédéral lui-même n'y arrive pas. Il prépare, selon toute vraisemblance, sa contestation juridique de la loi concernant les soins de fin de vie, récemment adoptée à Québec en la matière. Quel beau respect, non seulement du choix individuel, mais de celui de toute une société, alors qu'une large part des Québécois appuie cette législation...

Il s'agit d'un déni pur et simple de la démocratie québécoise. Un autre, suis-je tentée d'écrire.

Sommes-nous rendus à plat ventre au point de mettre un tel débat, éminemment moral, entre les mains des tribunaux?

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