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Pauvre liberté d’expression !

Peut-on laisser une totale liberté d'expression, et ce, au risque d'entendre des appels à la haine? Doit-on tolérer des propos d'appels à la violence?
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Une démocratie existe quand les discussions, les débats sont possibles au sein de son système.
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Une démocratie existe quand les discussions, les débats sont possibles au sein de son système.

Une démocratie vivante se base sur des principes fondamentaux comme la liberté d'expressions. Cette dernière doit être une visée dans la vie quotidienne et permettre à tous les citoyens, sans exception, d'exprimer une opinion, une crainte, une idée ou des critiques. Évidemment, certains diront qu'il est nécessaire d'instaurer une limite à celle-ci afin d'éviter des appels à la persécution ou à des actes violents. Mais l'instauration de cette limite n'est jamais claire. Tantôt, il ne faut pas devenir autoritaire et, tantôt, il ne faut pas être trop permissif.

Cependant, depuis quelque temps, dans bon nombre de pays ou provinces démocratiques, la liberté d'expression subit des revers et des limitations amenant des questionnements. Ainsi, au Québec, Djemila Benhabib a fait l'objet de diverses plaintes quant au fait qu'elle critiquait certaines pratiques religieuses ou encore des croyances. Des lois sont parfois mises en place afin d'éviter la critique des religions en raison que cela pouvait heurter des personnes dans leurs croyances. Des conférenciers se voient interdits de se produire dans des salles louées. D'autres exemples existent pouvant montrer que cette liberté d'expression se porte de plus en plus mal dans nos démocraties.

En matière de liberté d'expressions, le Canada se situe au 22e rang en 2017, comparativement à 2016 (18e rang) sur 122 pays scrutés par Reporters Sans Frontières. De plus, cette liberté, pour rappel, est défendue par la Déclaration des droits de l'Homme en son article 19 ou encore dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec en son article 3 :

Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d'opinion, la liberté d'expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d'association.

Récemment, nous avons encore été témoins d'une atteinte au droit d'expression en ce qui concerne la conférence d'André Pitre, alias Stu Pitt. En effet, celui-ci devait tenir une conférence sur la liberté d'expression dans une salle de Rimouski. Après avoir eu échos que la sécurité serait assurée par le groupe « La Meute », le maire et les instances politiques ont décidé d'intervenir afin d'annuler la réservation de ce lieu. André Pitre a, cela dit, fait sa conférence à l'extérieure. Les raisons évoquées par les instances sont notamment que le groupe « La Meute » ainsi qu'André Pitre soient des personnes d'extrême-droite.

En dehors de ces éléments énoncés comme justification à une annulation, je déplore le fait que le droit à la liberté d'expression soit bafoué. En effet, même si nous ne sommes pas d'accord avec les idées ou les actions de « La Meute » ou de « Stu Pitt », nous devons permettre à ces personnes de s'exprimer. Pourquoi ? Car nous sommes dans un pays démocratique mettant le droit à la liberté d'expression au premier plan des principes fondateurs. Comme le dit, le philosophe américain, Noam Chomsky :

"Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout."

Ce récent événement fait suite aux faits relatés récemment énonçant que des journalistes avaient été mis sous surveillance. En effet, un article du journal Le Devoir, datant du 3 novembre 2016, relate que la Sûreté du Québec ainsi que la police de Montréal ont surveillé des journalistes.

Il nous appartient, citoyens, de nous offusquer et de dénoncer les actions empêchant d'autres citoyens d'exercer un droit fondamental. Comme je l'ai dit, nous pouvons être en désaccord avec leurs propos, mais une démocratie qui se respecte doit favoriser les échanges entre les citoyens.

Une démocratie existe quand les discussions, les débats sont possibles au sein de son système. Si cela n'est pas possible alors nous ressemblons de plus en plus à un pays autoritaire ou totalitaire. Nous devons, dès lors, être prudents et attentifs sur la défense de nos droits fondamentaux. C'est notre devoir de citoyens.

Maintenant, nous devons aussi réfléchir aux limites de ce droit d'expression. Peut-on laisser une totale liberté d'expression, et ce, au risque d'entendre des appels à la haine ? Doit-on tolérer des propos d'appels à la violence ? Les avis divergent sur ces questions quant aux limites du droit d'expression. Cela fera l'objet d'un autre article dans lequel j'essaierai de résumer et d'esquisser des limites possibles à ce droit d'expression. N'oublions pas, de fait, les devoirs que nous avons comme citoyens également.

Néanmoins, pour le moment, le récent événement de la conférence annulée par les instances gouvernementales à l'égard de « Stu Pitt », ou encore, les surveillances des journalistes laissent un gout amer. Pauvre liberté d'expression, elle traverse des temps difficiles. À nous, citoyens, d'agir.

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Avril 2018

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