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L'athéisme politique de Madame Bombardier

Nous ne pouvons pas parler d'un « athéisme politique ». Si les gens croient en des sauveurs alors nous serions plutôt vers un « théisme politique ».
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Il semble, actuellement, que nous usons de tel ou tel mot sans pleinement avoir conscience de sa signification première.
Fotis Vrotsis Photography via Getty Images
Il semble, actuellement, que nous usons de tel ou tel mot sans pleinement avoir conscience de sa signification première.

Ce texte fait suite à un article de Denise Bombardier daté du 29 juillet 2017 dans le Journal de Montréal, titré « L'athéisme politique ». À la vue de ce titre, je fus d'abord surpris de voir le mot « athéisme » joint à la politique. Cela me ramène dans les politiques appliquées en Union soviétique ou dans d'autres systèmes de gouvernement prônant un athéisme au sein des instances gouvernementales. Mais, je n'ose penser que c'est de cela que Madame Bombardier veut parler. Alors je lis l'article en ressortant étonné de l'inadéquation entre le contenant et le contenu.

Premièrement, nous nous devons de faire attention aux mots employés. Il semble, actuellement, que nous usons de tel ou tel mot sans pleinement avoir conscience de sa signification première. Ainsi, l'athéisme, pour rappel, est l'attitude des individus qui se disent athées. Ces derniers refusent l'idée d'un Dieu, de toutes les divinités possibles.

Deuxièmement, en associant l'athéisme à la politique, nous faisons référence à autre chose de plus complexe. Nous ne pouvons faire référence aux actions des citoyens refusant de voter ou votant pour des politiciens « vedettes ». L'athéisme politique, comme j'ai pu le dire, fait référence à l'organisation d'un État se définissant athée et refusant toutes les croyances. Ainsi, la Russie soviétique fut un système d'athéisme politique. Les croyants n'étaient pas les bienvenus.

Revenons maintenant au contenu du texte de Denise Bombardier. Elle énonce le fait que nos sociétés sont devenues des endroits dans lesquels les individus ne croient plus en leurs politiciens. Elle signale la tendance à voter pour des individus perçus comme des « sauveurs », des incarnations du Bien ou du Mal (référence à Trudeau et Trump). Nous voyons déjà apparaître une contradiction entre le titre et le contenu. En effet, si les gens votent vers l'un ou l'autre en y voyant un « sauveur » (sens biblique du terme comme elle laisse entendre), ils ont donc des croyances et dans ce sens, l'usage du mot « athéisme » est inapproprié.

En donnant, au droit de vote, un caractère sacré, ce serait le considérer comme le nec plus ultra des moyens démocratiques.

Denise Bombardier parle aussi de « désacralisation du droit de vote » ou encore le fait que l'exercice politique voit son usage dans la rue, synonyme de désordre. Pour le premier point, le droit de vote ne devrait pas être sacralisé. Sacraliser quelque chose, c'est le rendre inchangeable, immuable, donner un caractère sacré. En donnant, au droit de vote, un caractère sacré, ce serait le considérer comme le nec plus ultra des moyens démocratiques. Or, la politique et la démocratie ne doivent pas être réduites à ce moyen d'expression. Je rejoins ainsi son deuxième point en disant que toutes manifestations, toutes expressions dans les rues ne sont pas nécessairement synonymes de désordre. Il s'agit d'un droit de manifester un désaccord avec des politiques mises en œuvre par nos politiciens élus. Réduire la rue à un désordre est d'une mauvaise foi déconcertante et réductrice d'une réalité plus complexe.

Le dernier point que j'aimerais aborder sur le contenu du texte de Denise Bombardier est ce qu'elle nomme « le vedettariat politique ». L'idée est que nous avons des dirigeants médiatiques, aussi bien qualifiés d'ignobles comme Trump ou de « sauveur » par Justin Trudeau. J'irai même plus loin en regardant le succès d'Emmanuel Macron en France. Nous devons, de fait, nous faire à l'idée que les médias ont beaucoup aidé ces personnes dans l'accession au pouvoir.

Il faut se mettre au fait que ces derniers usent des moyens technologiques à leurs dispositions pour acquérir et maintenir le pouvoir qu'ils ont acquis. Nous devons admettre qu'ils font appel, d'une manière ou d'une autre, à des équipes spécialisées dans la communication.

Il faut se mettre au fait que ces derniers usent des moyens technologiques à leurs dispositions pour acquérir et maintenir le pouvoir qu'ils ont acquis. Nous devons admettre qu'ils font appel, d'une manière ou d'une autre, à des équipes spécialisées dans la communication. L'apparence prend le pas sur le contenu et les réelles actions. Dans ce sens, je suis assez en accord avec Madame Bombardier. Il est dommageable d'avoir des politiciens d'apparence en lieu et place de politiciens visant l'intérêt de la nation.

En conclusion, il me semble que Madame Denise Bombardier a fait une erreur quant au titre de son article. Cette erreur est préjudiciable sur un certain contenu qui devrait amener à penser nos actions, comme citoyens, et notre devenir politique.

En conclusion, il me semble que Denise Bombardier a fait une erreur quant au titre de son article. Cette erreur est préjudiciable sur un certain contenu qui devrait amener à penser nos actions, comme citoyens, et notre devenir politique. Nous ne pouvons pas parler d'un « athéisme politique ». Si les gens croient en des sauveurs alors nous serions plutôt vers un « théisme politique ». En même temps, je pense que le problème ne réside pas dans le fait de voir en ces politiciens des « sauveurs ». Ils ont, selon moi, manipulé les masses populaires de belles promesses à coup médiatique. En investissant dans les réseaux sociaux, en restant sur des lignes de conduite entre la gauche et la droite, essayant d'être le plus neutre possible afin de parler à plus grand nombre de citoyens et enfin, en utilisant les défaites et les bévues des adversaires politiques directes.

Plus que jamais, nous devrions faire preuve, en tant que citoyens, d'un scepticisme responsable. Mettons en doute et essayons de nous faire une idée, par nous-mêmes, d'une certaine réalité. Comme je le dis souvent : la réalité est multiple, pas unique.

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