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La marijuana, symptôme d’une société en mal-être

Pourquoi les gens ressentent-ils le besoin et l'envie de fumer une substance comme la marijuana, inhibant certains actes fonctionnels ?
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Depuis les élections de Justin Trudeau comme premier ministre du Canada, la promesse de légaliser la marijuana engendre des discussions sur les effets positifs et négatifs de l'utilisation de cette substance. La future nouvelle législation semble poser des maux de tête aux ministres du Québec, ayant demandé un report de la légalisation.

Il serait naïf de croire que la volonté politique de légaliser aurait pour seule et unique principe de lutter contre les fraudes, les ventes illégales et le bien-être des citoyens. Laissez-moi être sceptique.

La légalisation va permettre surtout au gouvernement canadien et aux gouvernements provinciaux de récolter des taxes supplémentaires. Il y aura ainsi des retombées économiques conséquentes comme cela a pu se faire avec la législation sur les cigarettes, l'alcool ou les jeux de loteries. Le but premier des gouvernants n'est pas de veiller au bien-être des citoyens, dans ces cas-ci, mais bien de viser un gain économique considérable. La vertu est depuis longtemps reléguée en deuxième zone par nos représentants, y compris dans le chef du premier ministre canadien et ce, malgré ces beaux sourires et ses photos quotidiennes.

Pourquoi les gens ressentent-ils le besoin et l'envie de fumer une substance comme la marijuana, inhibant certains actes fonctionnels ?

J'aimerais surtout aborder un volet qui semble oublié dans les réflexions sur la marijuana. En effet, je désire vous interroger et vous amener à penser l'utilisation d'une telle substance par une partie des citoyens, jeunes comme moins jeunes. Pourquoi les gens ressentent-ils le besoin et l'envie de fumer une substance comme la marijuana, inhibant certains actes fonctionnels ?

La réponse est à voir dans la société dans laquelle nous vivons, et ce, depuis des décennies. Même si l'usage de la marijuana thérapeutique s'avère être une alternative aux médicaments, nous devons rester prudents quant aux raisons de son utilisation.

Comme je le disais, il me semble que l'utilisation de marijuana chez beaucoup de personnes est typique d'un malaise présent dans la population. Ce malaise est celui d'une société de plus en plus individualiste, compétitive, anxiogène et déconnectée de l'essentiel. En effet, dès leurs jeunes âges, les enfants sont poussés à grandir de plus en plus vite. Ils doivent devenir des petits adultes avant même de se développer selon des étapes préalables passant de l'enfance à l'âge adulte par l'adolescence. Tout doit aller très vite. La comparaison des bébés est de plus en plus un point de repère. Nous ne laissons plus nos enfants être ce qu'ils sont, ancrés dans une certaine utopie de la vie avec des moments de pures naïvetés.

L'anxiété prend toute sa place dans la vie, ne laissant que peu de place aux loisirs et aux moments de joie.

La compétition constante devient pesante pour quelques-uns. Il faut être le meilleur, le plus rapide, le plus intelligent, le plus beau, le plus musclé, le plus ceci et cela. Pour réussir et avoir une vie dite ''digne'', il faut être irréprochable et imbattable. Cet esprit de compétition permanente engendre une tension nerveuse à son maximum. Le stress grimpe en chacun de nous. L'anxiété prend toute sa place dans la vie, ne laissant que peu de place aux loisirs et aux moments de joie.

À ces compétitions permanentes, les gens se sentent de plus en plus seuls. Les suicides, le mal-être existentiel deviennent un fléau du quotidien pour beaucoup de personnes. Contrairement à ce que nous aurions pu imaginer, les technologies ont éloigné les gens des uns et des autres. Regardons autour de nous pour en avoir des exemples concrets. Regardez les personnes dans les stations de métro, dans les bus ou encore aux restaurants. En lieu et place de discuter ensemble, les gens tapotent sur ce petit écran tactile du cellulaire.

Face à ces malaises divers et constants, quelques-uns ont trouvés une solution la moins handicapante possible : fumer de la marijuana. Contrairement aux drogues dures, celle-ci permet aux gens de pouvoir fonctionner correctement le lendemain au travail ou encore de revenir dans un état relativement adapté à la vie de tous les jours au bout de quelques heures. Même si une dépendance se crée, les effets semblent mieux se contrôler que d'autres drogues. Avant, il y avait le recours à l'alcool ; aujourd'hui, certains ont abandonné l'alcool pour la marijuana.

Nous sommes effectivement en droit de nous demander les conséquences directes de cette consommation quant aux conduites des automobiles, aux odeurs dans la rue, dans les immeubles ou encore quant au fonctionnement dans le milieu du travail ; mais, nous devons aussi nous questionner sur les raisons amenant une telle consommation au sein de beaucoup de personnes, et ce, peu importe l'âge, la classe sociale ou le statut familial.

Loin de moi de critiquer ces consommateurs de ces substances. Non, je peux comprendre l'intérêt et l'envie de consommer la marijuana chez certaines personnes qui désirent avoir "du fun" pendant quelques heures afin d'oublier les soucis, le stress ou le côté anxiogène de certaines situations de vie.

Après la consommation, les problèmes sont toujours présents.

Néanmoins, le recours à des substances n'est qu'une solution temporaire et de façade dans beaucoup de situations. Après la consommation, les problèmes sont toujours présents. Le stress refait son apparition. L'anxiété reprend de plus belle.

En résumé, face à cette légalisation et cette consommation de la marijuana, nous devons nous interroger sur les motivations et les raisons poussant à user d'une telle substance. La marijuana est, de fait, aussi un symptôme d'un malaise croisant au sein de nos sociétés.

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