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Oui à l'intégration, non à l'assimilation des immigrants

C'est en favorisant une bonne intégration respectueuse de la société d'accueil et de l'immigrant que ce dernier deviendra, dans un futur proche, un citoyen à part entière du pays l'accueillant.
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L'assimilation demande donc l'abandon de nos coutumes ou nos traits caractéristiques afin de se confondre avec la société d'accueil.
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L'assimilation demande donc l'abandon de nos coutumes ou nos traits caractéristiques afin de se confondre avec la société d'accueil.

J'aimerais écrire un article sur la nécessité d'intégrer les immigrants au sein des sociétés les accueillant. En effet, j'insiste doublement sur la notion d'intégration en lieu et place de l'assimilation. Quelques grandes figures de l'intelligentsia québécoise, comme Mathieu Bock-Côté (sociologue québécois), ou encore française comme Alain Finkielkraut (philosophe français) se désolent du manque d'efforts des immigrants pour s'assimiler à la nation accueillante. Ainsi, selon Monsieur Bock-Coté, la société accommode sans cesse, et trop, les immigrants. Ces derniers ne veulent pas faire « comme » les Québécois. Sa phrase préférée :

À Rome, fais comme les Romains. Mathieu Bock-Côté

Il n'est évidemment pas question de parler uniquement des propos de tel ou tel intellectuel. Dans une certaine mesure, ces deux intellectuels préalablement cités peuvent avoir raison. En effet, il existe, je n'en doute pas, des immigrants qui ne veulent pas vraiment s'intégrer à la société d'accueil. Les raisons de ce refus sont diverses. Je ne m'attarderais pas là-dessus. Non, je veux m'arrêter et vous amener à penser les notions d'assimilation et d'intégration.

La notion d'assimilation fait appel au fait de rendre semblables deux éléments. Le dictionnaire Littré énonce d'ailleurs qu'assimiler, c'est convertir en semblable. Tandis que la notion d'intégration suppose une démarche dynamique de discussions, d'acceptation des éléments d'un corps, et ce, en ne niant aucunement la spécificité. Ainsi, dans un article paru dans le journal Médiapart, il est indiqué selon Laetitia Van Eeckout, journaliste française ayant écrit un livre sur l'immigration, que l'assimilation demande la pleine adhésion aux règles et normes de la société qui accueille. À contrario, l'intégration est plutôt basée sur une relation, un dialogue dans lequel chacun accepte de former un ensemble commun, une communauté commune tout en préservant ses traits caractéristiques.

L'assimilation demande donc l'abandon de nos coutumes ou nos traits caractéristiques afin de se confondre avec la société d'accueil. Cela présuppose que la société d'accueil est donc meilleure et supérieure. Les us et coutumes de la société d'accueil sont plus acceptables que les us et coutumes de l'arrivant. L'intégration propose au contraire de prendre les règles édictées dans le pays, et ce, tout en gardant nos propres coutumes et notre culture.

Étant immigrant moi-même, ayant aussi travaillé avec des immigrants, je suis contre cette idée d'assimilation. L'intégration doit être, selon moi, favorisée. En effet, nous ne pouvons pas demander aux arrivants d'abandonner une partie d'eux-mêmes. D'ailleurs, cela est impossible sauf si nous arrivons très jeunes dans un pays. Nous sommes le fruit de notre passé agrémenté du présent. Faire table rase du passé est impossible et demanderait aux gens de s'abandonner, se nier.

En intégrant les gens, nous demandons qu'ils adhèrent aux principes politiques, aux lois en vigueur, mais nous laissons la possibilité et la liberté de vivre comme bon leur semble, et ce, dans les limites de la loi.

En intégrant les gens, nous demandons qu'ils adhèrent aux principes politiques, aux lois en vigueur, mais nous laissons la possibilité et la liberté de vivre comme bon leur semble, et ce, dans les limites de la loi. Dans cette même idée, si une loi leur semble injuste, ils ont le droit de critiquer celle-ci de manière constructive. C'est en favorisant une bonne intégration respectueuse de la société d'accueil et de l'immigrant que ce dernier deviendra, dans un futur proche, un citoyen à part entière du pays l'accueillant.

L'immigrant sera de toute façon toujours considéré comme un immigrant, même s'il a passé plus de quarante années sur le territoire. Je me souviens de cet ami, un Français, étant au Québec depuis plus de quarante années. Quand celui-ci énonce des avis, des critiques sur la politique québécoise, il est considéré comme le « maudit » français. Il se fait insulter, car il devrait se taire puisque la société d'accueil a eu la gentillesse de le recevoir.

Entendons-nous bien, je ne dis pas que chaque personne agit de la sorte, mais c'est une réalité qu'il ne faut pas taire. Penser et envisager l'intégration, c'est justement accepter que les immigrants aient leurs propres avis, cultures ou pratiques. C'est également énoncer clairement ce que la société d'accueil propose réellement, sans mensonges ou propos de séduction.

C'est pour tout cela que j'ai décidé de m'intégrer dans la société québécoise. Je ne veux pas m'assimiler, car je suis fier d'être différent. La différence me définit. J'adhère aux principes, aux lois, aux us de la société d'accueil sans pour autant partager la même ferveur. Je désire garder mon esprit critique et mon droit de refuser une règle, une coutume que je juge contraire ou injuste. Cela fait-il de moi le «mauvais» immigrant ? Cela fait-il de moi un « maudit » belge ? Je ne sais pas. Cependant, cela fait de moi un citoyen voulant apporter son grain de sable dans la plage canado-québécoise.

Avril 2018

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