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Ce qui devrait inquiéter Obama et Romney

Depuis le retrait de l'ancien sénateur de la Pennsylvanie Rick Santorum des primaires républicaines et la fin officieuse de ces dernières, en avril, les sondages opposant le président démocrate sortant Barack Obama à son adversaire républicain Mitt Romney ont dans l'ensemble peu bougé. En moyenne, Obama s'est maintenu entre 45% et 48%; Romney, entre 43% et 46%. À défaut d'être fluide, la course est certainement serrée. Et, au fil des semaines, elle a mis en relief plusieurs éléments qui devraient inquiéter les deux candidats.
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Avec un peu plus de trois mois à faire avant le scrutin du 6 novembre prochain, un mot résume probablement le mieux les intentions de vote des Américains : stabilité. Depuis le retrait de l'ancien sénateur de la Pennsylvanie Rick Santorum des primaires républicaines et la fin officieuse de ces dernières, en avril, les sondages opposant le président démocrate sortant Barack Obama à son adversaire républicain Mitt Romney ont dans l'ensemble peu bougé. En moyenne, Obama s'est maintenu entre 45% et 48%; Romney, entre 43% et 46%. À défaut d'être fluide, la course est certainement serrée. Et, au fil des semaines, elle a mis en relief plusieurs éléments qui devraient inquiéter les deux candidats.

D'abord, Mitt Romney continue à démontrer ses faiblesses, déjà évidentes lors des primaires, comme politicien. La réponse confuse de son équipe au jugement de la Cour suprême dans le dossier de la réforme du système de santé a servi d'illustration vivide à cet effet au début du mois. L'ancien gouverneur du Massachusetts a dû sortir publiquement pour contredire son propre conseiller principal, Eric Fehrnstrom, faisant brouillant une situation qui était à la base politiquement avantageuse pour les Républicains.

Depuis, la réaction - certains diraient plutôt l'inaction - de Romney face aux attaques musclées et répétées de la campagne démocrate au sujet de son passé à la tête de la firme Bain Capital et de ses finances personnelles en a laissé plus d'un pantois. Elle a invité des comparaisons peu flatteuses à Michael Dukakis et à John Kerry, deux autres candidats présidentiels du Massachusetts ayant mordu la poussière en novembre après avoir vu leur réputation pulvérisée par des publicités négatives du camp adverse pendant la période estivale sans leur avoir répondu avec assez de force.

Les reproches par rapport à la réponse de Romney aux attaques ne manquent pas. Une défense initiale excessivement générale, timide et froide de sa carrière, alors que cette dernière se trouve au cœur de sa campagne depuis son lancement l'an dernier. Des publicités sans dents et inefficaces utilisant des extraits des primaires démocrates de 2008, où Hillary Clinton critiquait son rival de l'époque, Barack Obama. Puis, l'incapacité de l'équipe Romney de faire pivoter le débat public vers les enjeux préoccupant l'électorat et sur lesquels elle peut marquer des points, à commencer par l'économie.

Les difficultés éprouvées par le candidat républicain sont d'autant plus renversantes qu'il s'agit d'attaques hautement prévisibles. Après tout, Romney avait été la cible de critiques similaires à la fois dans ses campagnes au Massachusetts en 1994 et en 2002, ainsi que lors des primaires présidentielles républicaines en 2008 et en 2012. Comment le porte-étendard républicain réagira-t-il si une toile importante s'abat de façon inattendue sur sa campagne? Cette dernière pourra-t-elle tenir le coup?

Cela dit, pour tous les doutes pesant actuellement sur la candidature de Romney, Barack Obama est loin de se trouver dans une position solide. En effet, si certaines des comparaisons entre Romney et Kerry ont leurs mérites, une réalité fort simple semble échapper à plusieurs des commentateurs avançant que l'élection de 2012 est une répétition de celle 2004 : le président sortant, George W. Bush, se trouvait dans une meilleure posture que l'actuel occupant de la Maison-Blanche. Le 2 novembre 2004, jour du vote, une majorité de 53% des électeurs approuvait de sa performance; une pluralité de 49% estimait que les États-Unis étaient sur la bonne voie; et sur deux des trois enjeux alors jugés les plus importants (les valeurs morales et le terrorisme), Bush était le favori de quelque 80% de l'électorat.

La cote d'approbation populaire d'Obama, quant à elle, demeure coincée sous la barre des 50%, et ce depuis maintenant près de trois ans. Par une proportion écrasante de plus de 60%, les électeurs américains croient que leur pays se dirige présentement dans la mauvaise direction. Et sur l'enjeu figurant de loin au sommet de la liste des priorités des Américains aujourd'hui - l'économie - une nette majorité des personnes sondées désapprouve du travail du président. Si ces chiffres demeurent les mêmes en novembre et qu'Obama est réélu, il s'agira d'une première historique : depuis l'avènement des enquêtes d'opinion aux États-Unis un peu avant le milieu du XXe siècle, aucun président sortant à ce jour n'a survécu dans un tel environnement politique.

Un point additionnel mérite par ailleurs d'être mentionné. La campagne du président dispose actuellement d'un avantage financier majeur comparativement à celle de Romney. Cela est dû en large part au fait que, en vertu de la loi fédérale, les candidats peuvent pour l'instant seulement dépenser les sommes réservées à la période des primaires. Ce n'est que lors de leur investiture lors des Conventions nationales de leur parti respectif, à la fin de l'été, qu'ils auront accès à la totalité de leurs fonds. Romney ayant dû dépenser près de 100 millions $ pour assurer sa victoire lors des primaires républicaines, il fait présentement face à un manque auquel n'est actuellement pas confronté Obama, à qui l'investiture démocrate était déjà promise.

Ainsi, selon certaines estimations, le camp Obama dépense actuellement plus de quatre fois la quantité d'argent que le camp Romney. Et pourtant, malgré le déluge de publicités négatives que tous ces dollars ont pu acheter, le président détient depuis des semaines en moyenne une avance stable d'environ deux points. Contrairement aux attaques du groupe Swift Boat Veterans for Truth, qui avaient très clairement fait perdre des plumes à John Kerry dans les sondages en août 2004, rien n'indique que celles contre Romney ont pour l'instant un effet semblable. En effet, les intentions de vote de l'aspirant républicain se maintiennent depuis le début de l'été. Qu'arrivera-t-il à l'automne, lorsqu'il aura accès à la montagne de ressources financières qu'il est en train de bâtir? Qu'arrivera-t-il lorsque les deux candidats seront appelés à discuter, notamment lors des débats présidentiels, de questions relevant davantage de l'économie nationale que des états financiers de la famille Romney?

Pour toutes ces interrogations qui devraient inquiéter les deux rivaux d'ici à l'élection, une question potentiellement encore plus importante se pose par rapport à ce qui surviendra après que les votes aient été comptés. Comme l'a superbement fait remarquer cette semaine l'analyste politique Stu Rothenberg, il est raisonnable de croire que le niveau extrême de négativité et les attaques particulièrement personnelles de la campagne en cours rendront la gouvernance du pays, déjà profondément divisé, encore plus ardue.

En 2000, George W. Bush s'était présenté comme un candidat voulant « changer le ton à Washington », comme un leader qui unirait au lieu de diviser. Suite à toute l'acrimonie de la campagne de 2004, rares étaient ceux qui y croyaient encore lorsqu'il a été assermenté pour son second mandat. En 2008, Barack Obama s'est présenté comme un candidat « post-partisan » porteur d'espoir et de changement, déclarant que l'on « peut être en désaccord sans être désagréable ». Suite à la campagne de 2012, quelle que soit l'issue de cette dernière, combien y croiront encore?

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'Université du Québec à Montréal.

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