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Harper appuie Malala tandis qu'il abandonne ses sœurs

Stephen Harper se dit « fier » de soutenir la candidature du Prix Nobel pour la jeune Malala, mais ses politiques à l'égard des demandeurs d'asile vont à l'encontre du symbole que représente la jouvencelle. Le gouvernement du Canada est sur le point de dresser une liste de soi-disant «pays sûrs» d'où les réfugiés se verront refuser l'entrée au Canada. Le Pakistan se retrouvera-t-il dans le glossaire?
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AP

Plus tôt cette semaine, le premier ministre Stephen Harper s'est joint à la vague « Malala Yousafzai » en signant une pétition pour accorder à la petite écolière un prix Nobel de la paix.

Il semble que la jeune militante pour l'éducation des filles au Pakistan a dégivré le cœur du premier ministre du Canada. Comme c'est le cas pour des millions de filles assiégées par une société vicieusement patriarcale au Tiers Monde, la lutte de Malala est passée inaperçue en Amérique jusqu'au mois dernier. L'événement déclencheur: des hommes qui tiennent mordicus au rôle «traditionnel» des femmes ont intercepté une fourgonnette transportant la jeune fille et lui ont tiré une balle au crâne.

Malala avait commis le péché cardinal: la promotion de l'éducation des filles. Elle voulait tout simplement aller à l'école.

À la suite de la tentative d'assassinat du 8 octobre, Malala s'est trouvée dans un état critique. Un oncle l'a décrite comme étant dans une effroyable douleur - ses bras et les jambes tremblant sans arrêt. Quelques jours plus tard, Malala est emmenée en Grande-Bretagne pour recevoir le meilleur des soins médicaux. Pareil à maints réfugiés, Malala avait besoin d'assistance médicale en raison des périlleuses circonstances dans lesquelles elle a fui son pays d'origine.

Comme en témoignent de nombreux réfugiés, les soins médicaux qu'ils reçoivent sur leur terre d'accueil renforcissent et leur santé et leur sentiment de gratitude envers les communautés et la nation qui leur ont ouvert leurs portes. Malala caresse-t-elle peut-être le rêve d'immigrer dans un pays qui offre des soins de santé et les droits à tous ses habitants, tout en soutenant le droit féminin à l'étranger. Malheureusement, le Canada n'adhère plus à ces critères.

Stephen Harper se dit « fier » de soutenir la candidature du Prix Nobel pour la jeune Malala, mais ses politiques à l'égard des demandeurs d'asile vont à l'encontre du symbole que représente la jouvencelle.

Le gouvernement du Canada est sur le point de dresser une liste de soi-disant «pays sûrs» d'où les réfugiés se verront refuser l'entrée au Canada. Le Pakistan se retrouvera-t-il dans le glossaire? Ou est-ce que les autres Malala seront écartées comme l'étaient les demandeurs d'asile juifs dans les années 1930?

Les adolescentes comme Malala sont à la merci des hommes dans leur famille et de la structure sociale -- dans ce cas les talibans -- qui a recours à la violence pour imposer la conformité dans toutes les sphères d'activité féminine: le mariage, l'habillement, l'éducation, la santé, etc. Le Canada, qui fournit un peu d'aide aux Malala du monde sous la forme d'aide internationale, omet un élément clé de la santé des femmes. Le Canada faisait autrefois la promotion des droits de reproduction et de la santé maternelle. On finançait un éventail d'options de planification familiale, tant au niveau national qu'international. Plus maintenant.

En 2010, le premier ministre Harper a été sermonné par nul autre que la Secrétaire d'État américaine Hillary Clinton lors d'une réunion du G8:

« Il n'y a pas de santé maternelle sans santé reproductive. Et la santé reproductive inclut la contraception, la planification familiale ainsi que l'accès légal et sécuritaire à l'avortement » a déclaré la Secrétaire d'État américaine en 2010 lors d'un passage à Gatineau, QC.

Le financement de la santé génésique, inscrit au portefeuille d'aide étrangère du Canada, a été éliminé en 2010. Cette dure doctrine de Stephen Harper ne change rien à la situation précaire dans laquelle se trouvent les Malala des autres pays en voie de développement.

Si l'une des Malala du monde a la chance d'atteindre les côtes du Canada dans un proche avenir, elle pourrait se retrouver dans un camp de détention obligatoire, conformément à la nouvelle loi fédérale proposée par le gouvernement Harper : les demandeurs d'asile sont susceptibles à être "détenus indéfiniment" dans des prisons provinciales. On peut s'imaginer une jeune réfugiée comme Malala qui languit dans une prison surpeuplée, ayant effectivement navigué d'une forme d'emprisonnement à une autre.

Finalement, l'ailier droit de Harper, le ministre de l'Immigration Jason Kenney, a défendu l'ordonnance sanguinaire qui voit le Canada refuser des soins de santé aux réfugiés. Malgré protestations de la part des médecins, des premiers ministres provinciaux, et des défenseurs du gros bon sens, le Canada aurait laissé périr une réfugiée comme Malala. D'ailleurs, c'est le sort qu'était réservé à un réfugié pakistanais, atteint du cancer, au Saskatchewan. Le gouvernement Harper a démontré autant de sympathie envers les victimes du programme de travailleurs étrangers temporaires, toujours dans la mire.

En signant une pétition, Harper peut s'acheter des regards favorables de la multitude de disciples qu'a captés Malala sur son parcours courageux et vivifiant. Malala Yousafzai est un symbole d'espoir pour tant de jeunes femmes confinées par le bâillonnement étouffant de l'iniquité. Cependant, le geste singulier du premier ministre ne pourra jamais acheter l'égard des défenseurs de l'équité, de l'égalité et des droits humains. Seuls les revirements de dogme peuvent engendrer ce miracle.

Voyez les photos de nos collègues américains

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