Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ce jour où (certaines) femmes sont devenues des personnes

Cette semaine, nous célébrons l'anniversaire d'un cas juridique extraordinaire, l'affaire «personne», à l'issue de laquelle la Cour suprême avait déclaré, en 1929, que les femmes étaient des «personnes» en vertu de la loi. Enfin,femmes, pas toutes.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Cette semaine, nous célébrons l'anniversaire d'un cas juridique extraordinaire, l'affaire «personne», à l'issue de laquelle la Cour suprême avait déclaré, en 1929, que les femmes étaient des «personnes» en vertu de la loi. Enfin, certaines femmes, pas toutes.

Le 18 octobre est désormais la «Journée de la personne», et des Prix du Gouverneur général en commémoration de l'affaire «personne» sont décernés chaque année à l'occasion de la décision historique. Cinq femmes de l'Ouest Canadien, the Famous 5, ont bravé les notions sexistes de l'époque pour réclamer pour les femmes le statut constitutionnel de «personne», lequel allait les rendre admissibles à voter et à siéger au Sénat du Canada.

Les cinq Albertaines se sont rendues jusqu'au Conseil privé britannique - le plus haut niveau de recours juridique à l'époque - pour revendiquer leur statut. Leur courage fut récompensé. Mais cette victoire ne s'étend pas à toutes les citoyennes. Quoique la commémoration nationale ait du mérite, les vestiges de la lutte pour le vote des femmes ne s'arrêtent pas là.

Le mouvement des femmes pour le suffrage universel fait ses débuts au Canada en 1878, sous la direction du Dr Emily Howard Stowe qui fonde avec ses consoeurs le Dominion Women's Enfranchisement Association. Au cours de la décennie suivante (1890-1900), des projets de loi provinciaux pour l'affranchissement des femmes sont déposés dans les assemblées législatives de l'Ontario, de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba et du Québec. Ils sont tous défaits.

En 1910, l'Alberta accorde aux veuves et aux vieilles femmes vouées au célibat le vote aux élections municipales. Les femmes mariées en sont exclues. Le Manitoba est la première province à permettre aux femmes de voter lors des élections provinciales en 1916: c'est l'absence de soldats pendant la Première Guerre mondiale qui est, pour partie, en cause. La question du vote des femmes est soumise à référendum en Colombie-Britannique en 1916: elle est adoptée par une forte majorité. Le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse ont rapidement emboité le pas. Curieusement, les femmes québécoises ont obtenu le suffrage aux élections fédérales grâce au bras long d'Ottawa, tandis que leur droit au niveau provincial a été successivement étouffé en 1918 et 1920.

Malgré le point d'exclamation que Condition féminine Canada met sur la décision juridique qui date du 18 octobre 1929, la lutte pour l'égalité n'était alors pas terminée.

C'est seulement en 1940 que les femmes du Québec purent voter dans leur propre province.

Les exclusions raciales contre les Canadiens d'origines chinoise et indou sont effacées en 1947. Les Canadiens d'origine japonaise devront attendre une année supplémentaire.

Les derniers Canadiens à se voir accorder le droit de vote seront ses premiers habitants. Le droit de vote est accordé sans condition aux Premières nations en 1960 (pour les élections fédérales). Leur droit au niveau provincial sera seulement reconnu une décennie plus tard - notamment en Alberta (1967) et au Québec (1969).

Les Prix du Gouverneur général en commémoration de l'affaire «personne», créés 100 ans après que le mouvement ait commencé, seront remis cette semaine à cinq notables canadiens qui ont manifesté l'engagement et la force des Célèbres Cinq qui les ont précédées. C'est un exploit digne d'être magnifié - en citations commémoratives, sur les billets de banque canadiens, et avec un monument sur la colline du Parlement.

Il est également essentiel de donner créance aux luttes qui se sont poursuivies pendant 40 longues années après cette victoire monochromatique de 1929. Quoiqu'il soit noble de souligner le début du droit de vote des femmes, il serait encore plus approprié et plus inclusif de célébrer la date à laquelle le droit de vote a été accordé à tous les membres de la gent féminine. Les femmes (et les hommes) qui ont poursuivi la lutte vers l'équité méritent non seulement d'être reconnus, mais fêtés dans la même décadence que les Célèbres 5, afin de réaliser pleinement la valeur de l'égalité qu'elles incarnaient.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

1. Islande

Les meilleurs et les pires pays pour les femmes selon le Forum économique Mondial

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.