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Pour en finir avec le dogme féministe et la pensée unique

D'où vient ce besoin pressant de donner au féminisme une voix qui serait unique et vraie? Serait-ce une certaine nostalgie d'une époque plus simple où les enjeux féministes semblaient plus rassembleurs?
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D'Élizabeth Badinter avec son ouvrage Fausse Route en passant par les réactions épidermiques face à l'icône de la pop Beyoncé s'auto-affirmant féministe ou encore aux critiques de la campagne HeforShe lancée par l'actrice Emma Watson, on assiste à une montée des rectitudes féministes. L'émergence d'un discours où le « bon » féminisme peut être clairement identifié et le « mauvais » féminisme expressément jugé semble faire allègrement son chemin dans les réseaux sociaux et les médias de masse. On l'a vu encore récemment autant dans un billet de blogue publié sur le Huffington Post Québec où l'on fustigeait l'initiative d'une marche féministe non mixte, que dans les réactions provoquées par ce texte d'opinion.

D'où vient ce besoin pressant de donner au féminisme une voix qui serait unique et vraie ? Serait-ce une certaine nostalgie d'une époque plus simple où les enjeux féministes semblaient plus rassembleurs ? Autant il nous parait facile de faire consensus autour du droit de vote ou du droit à la maternité librement choisie, autant la diversification des enjeux semble désemparer. Être féministe signifierait-il que l'on doive nécessairement se reconnaître dans toutes les réclamations ? Condamner les personnes qui n'ont pas eu le bon goût de nous inclure dans leurs revendications ? Vaste programme !

Nous vivons dans un monde où la lutte aux inégalités se complique et se raffine. Il n'existe pas une réponse simple à la discrimination et les besoins de certains et certaines ne correspondent pas nécessairement aux aspirations des autres. Face à cette complexité qui nous blesse parfois, il est tentant de répondre par des attaques gratuites qui ne font que provoquer l'autre et invite implicitement à refuser toute discussion. C'est un choix malheureux, inefficace, qui témoigne bien davantage d'une incapacité à faire face à la diversité que d'un désir d'engager un dialogue. Malheureux et inefficace, car les féministes ont déjà bien assez de critiques et il serait bon, de temps en temps, de pratiquer cette ouverture au dialogue que nous demandons avec insistance, et à raison, à nos détracteurs.

Nous devons apprendre à composer avec la diversité des féminismes. Il est normal et sain que soient débattus, même âprement, les conditions et les positionnements qui permettront, c'est notre espoir commun, l'émergence d'une société réellement égalitaire et inclusive. Que nous discutions des gestes les plus efficaces pour arriver à nos fins ou que nous critiquions les initiatives que nous trouvons moins heureuses, il faut que notre objectif soit de bonifier notre action collective afin de la rendre plus porteuse. Le féminisme est d'abord et avant tout une proposition révolutionnaire qui demande un changement radical du monde qui nous entoure. C'est en multipliant les actions et en variant les approches que la lutte féministe a su demeurer efficace. Il ne faut donc pas craindre la complexité, mais l'accueillir pour ce qu'elle est : la preuve que nous sommes en marche et que le monde change, un peu grâce à nous...

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