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Les immigrants et le véritable vote stratégique

L'issue du scrutin n'est pas encore scellée et la question qui mérite d'être posée est de savoir si on va reproduire le scénario de l'élection fédérale de 2011. C'est-à-dire en accentuant la fracture entre un électorat francophone qui semble opter pour la diversité et un électorat non-francophone qui choisirait presqu'à l'unisson un Parti libéral.
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Si la tendance se maintient, tout porte à croire que les libéraux vont revenir au pouvoir le 7 avril. Ce retour du PLQ, qui a été chassé du pouvoir il y a 18 mois, n'est pas une bonne nouvelle pour la démocratie québécoise, particulièrement si le parti de Philippe Couillard obtient un gouvernement majoritaire.

Une des nombreuses raisons qui font qu'on ne peut pas se réjouir du retour du PLQ aux affaires, c'est qu'on voit poindre le syndrome du 2 mai 2011. On s'en souvient, que ce jour-là, pendant que le peuple québécois tendait la main au reste du Canada en troquant son vote habituel pour le Bloc québécois pour une sorte de nouveau « beau risque » que représentait l'appui massif au NPD de Jacques Layton, le reste du Canada avait choisi de donner un gouvernement majoritaire au parti conservateur de Stephen Harper. Le même parti qui a presque été balayé de la carte électorale au Québec en raison de ses politiques économiques néo-libérales et ses réformes politiques réactionnaires.

Aujourd'hui, alors que les derniers coups de sonde montrent que de nombreux Québécois francophones désertent le PQ pour choisir l'un des autres partis (PLQ, CAQ ou QS), les anglophones et les allophones semblent opter pour le PLQ à près de 90%. Oui, le PLQ, le parti associé à la corruption, aux généreuses subventions accordées aux entreprises privées et aux hausses des tarifs des services publics, raflerait les votes des minorités et notamment des néo-québécois.

Pendant qu'une majorité de francophones qui sont favorables à la charte des valeurs refuse d'en faire l'enjeu principal de l'élection et semble rejeter un gouvernement majoritaire PQ, les immigrants vont peut-être contribuer à remettre en selle un parti libéral qui traîne encore plusieurs squelettes dans le placard. De là à ce qu'on entende, le soir du 7 avril, des déclarations de ténors du PQ mettre en cause le fameux vote ethnique dans l'éventuelle déroute de leur parti, il n'y a qu'un pas que certains n'hésiteront sans doute pas à franchir si l'on se fie au climat délétère qui a régné pendant toute la campagne électorale.

Un autre fait notable - sans doute une conséquence du plébiscite du PLQ - concerne l'assise de Québec solidaire chez les minorités. Voilà un parti qui se bat sans relâche pour un Québec inclusif, qui lutte contre les discriminations de toute sorte et qui ne recueille qu'entre 4 % et 6 % des intentions de vote chez les non-francophones au moment où il est propulsé à 14 % chez les francophones et à 19 % sur l'île de Montréal.

Le programme de Québec solidaire est pourtant celui qui accorde le plus d'importance à l'intégration des nouveaux arrivants, à la construction d'un Québec fraternel et solidaire et à la reconnaissance du précieux apport des nouveaux arrivants à la société québécoise. QS présente aussi la particularité qui n'échappe à personne, soit de compter deux personnalités nées à l'étranger parmi ses trois principales figures médiatiques: Amir Khadir et Andres Fonticilla.

L'issue du scrutin n'est pas encore scellée et la question qui mérite d'être posée est de savoir si on va reproduire le scénario de l'élection fédérale de 2011. C'est-à-dire en accentuant la fracture entre un électorat francophone qui semble opter pour la diversité, en se répartissant entre les partis en présence, et un électorat non-francophone qui choisirait presqu'à l'unisson un Parti libéral qui n'a pourtant montré aucun signe de rédemption vis-à-vis des scandales qui ont entaché sa crédibilité et engagé sa responsabilité dans la détérioration de la situation politique, économique et sociale au Québec.

Les minorités ont aujourd'hui une belle carte à jouer, c'est celle de porter un coup aux partis du système. Bien sûr, il est trop tard pour échapper à un gouvernement du PQ ou du PLQ, mais il est encore temps d'empêcher un gouvernement majoritaire. Les minorités détiennent en fait la balance du pouvoir. Elles peuvent opter pour le vrai vote stratégique comme de donner à QS les quelques voix qui lui permettraient d'arracher la victoire dans certaines circonscriptions comme Sainte-Marie-Saint-Jacques, Laurier-Dorion, Hochelaga-Maisonneuve ou de consolider sa position d'une force montante dans d'autres circonscriptions comme Outremont, Crémazie et ailleurs. Cet appui rencontrerait celui des centaines de milliers de Québécois francophones et ferait de Québec solidaire une alternative crédible aux partis du système.

Voilà un geste qui rapprocherait les Québécois et Québécoises de toutes origines, qui donnerait de la fraîcheur à la démocratie québécoise et lui promettrait de meilleurs lendemains. Verdict, lundi.

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