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Charkaoui triomphe de Maisonneuve

S'il s'avère que cette école peut continuer à organiser ses activités et qu'on n'a finalement rien à reprocher à Adil Charkaoui, on est en droit de se demander à quoi aura servi toute la campagne médiatique menée autour de cette affaire.
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Trois semaines après la suspension du contrat de location qu'elle avait conclu avec l'École des compagnons dirigée par Adil Charkaoui, la direction du collège de Maisonneuve fait marche arrière en autorisant la reprise des cours.

Sans doute pour ne pas perdre complètement la face, elle annonce l'ajout d'une condition au contrat.

Nous allons désigner des observateurs - qui sont arabophones pour comprendre l'enseignement qui est donné dans les cours de l'École des compagnons - pour s'assurer qu'il y a là le respect de notre code de vie, où on va préciser qu'on ne doit pas tenir des propos haineux, discriminatoires, inciter à la violence dans les murs du collège

Il convient de rappeler que la décision de suspension du contrat avait été surtout motivée par la découverte, sur le site internet de l'école religieuse, d'un lien hypertexte menant à une bibliothèque virtuelle qui propose, entre autres, des contenus incitant au Djihad armé. « On est à trois clics » du Djihad, disait Anne-Marie Dussault lors de son entrevue « historique » avec Adil Charkaoui.

S'il s'avère maintenant que cette école peut continuer à organiser ses activités et qu'on n'a finalement rien à reprocher à Adil Charkaoui, on est en droit de se demander à quoi aura servi toute la campagne médiatique menée autour de cette affaire, qui, au-delà de la personne du prédicateur islamiste, a eu un impact sur le vivre-ensemble et la montée des sentiments et des actes islamophobes au Québec.

Non, l'avenant au contrat n'est pas sérieux.

À moins que ces observateurs désignés assistent, de façon permanente, aux cours dispensés par cette école, on voit mal comment le collège pourrait garantir le respect de son « code de vie ».

Plus globalement, comment sommes-nous arrivés à cette situation où un établissement public se voit humilié par une école confessionnelle, quelques semaines après que sa direction ait décidé de prendre part au spectacle de « la lutte contre la radicalisation » ? Cette question est d'autant plus d'actualité que les coupes budgétaires contraignent de plus en plus les établissements d'enseignement publics à rechercher d'autres sources de financement de leurs activités pendant que le gouvernement continue de subventionner des écoles privées.

Finalement, toute cette affaire n'aura servi qu'à faire de la publicité à un prédicateur islamiste dont la conception de l'islam n'est pourtant pas partagée par la majorité des citoyens québécois de confession musulmane.

Une semaine après son lancement, par deux jeunes étudiants montréalais, une pétition demandant à « la communauté musulmane en particulier et à la population du Québec en général » de confirmer Adil Charkaoui comme «leader communautaire musulman crédible... au contraire de ceux à qui les médias de masse et le gouvernement en place offrent souvent des tribunes», n'aura été signée que par quelques centaines de personnes.

Trop peu pour revendiquer un statut de représentant des musulmans du Québec. Des musulmans qui ont visiblement moins besoin d'être représentés que d'être respectés et considérés comme des citoyens à part entière.

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Avril 2018

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