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La campagne du Bloc Québécois autour du niqab est-elle plus honorable que celle menée, il y a deux ans, par le PQ sur la charte des valeurs?
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La campagne du Bloc Québécois autour du niqab est-elle plus honorable que celle menée, il y a deux ans, par le PQ sur la charte des valeurs? On dirait que oui quand on voit le silence, face aux publicités du parti de M. Gilles Duceppe, de plusieurs opposants farouches au texte de Marois-Drainville sur la laïcité, dont le débat s'était focalisé sur le voile.

Certes, s'opposer au niqab et le voir comme un symbole d'aliénation et déshumanisation des femmes qui le portent est une chose à laquelle souscrivent beaucoup d'esprits raisonnables, ici au Québec comme ailleurs, au sein même des communautés musulmanes ou en dehors. Le débat sur son interdiction, totale ou dans certaines situations comme lors des cérémonies d'accession à la citoyenneté, est légitime. Le Bloc a donc tout à fait le droit de défendre sa position sur le sujet, y compris en campagne électorale.

Cependant, utiliser cette question comme un moyen de fouetter sa campagne et pour salir ses adversaires, comme le fait le Bloc québécois, c'est user des mêmes procédés que ceux du gouvernement de Pauline Marois en 2013-2014 et lors de l'élection provinciale de 2014, que le PQ a d'ailleurs perdue.

C'est quelque part avouer que le projet souverainiste - du moins tel que porté aujourd'hui par le Bloc et le PQ - ne repose plus sur un rêve collectif, celui de tout un peuple qui veut se prendre en main pour affirmer une société distincte, mieux gérer et répartir ses richesses, s'ouvrir et inclure toutes les composantes de la population.

Les publicités insistantes du Bloc sur le niqab sont l'illustration d'une tactique de la terre brûlée, tactique qu'adoptent ceux qui ont le sentiment que leur fin approche pour tenter non pas de ressusciter et de gagner, mais pour faire échouer le vainqueur annoncé, sur une question qui est loin de représenter un enjeu essentiel et encore moins urgent.

Elle sert surtout à stigmatiser davantage des communautés qui sont, dans leur grande majorité, pourtant loin de porter le niqab en odeur de sainteté.

On s'entend que si cette campagne atteint sa cible, le résultat sera d'empêcher un parti (le NPD) de gouverner un pays (le Canada) que le Bloc n'aspire pas à gouverner. Ce faisant, le Bloc permettrait plutôt aux conservateurs d'Harper, honnis au Québec, d'obtenir un quatrième mandat consécutif.

C'est évidemment triste pour tous les militants et toutes les militantes souverainistes sincères de constater ainsi l'agonie de leur mouvement. Mais le fait est que le Bloc, à l'instar du PQ, en est là. Il n'y a plus cette magie qui opère dans tous les projets de libération des peuples. L'attitude actuelle du Bloc fait même pitié.

Il y a quelques mois, Gilles Duceppe revenait à la chefferie du Bloc, sans campagne d'investiture, en annonçant qu'un «nouveau cycle politique» commençait. On pouvait s'attendre à ce qu'il tente de redresser le Bloc en le repositionnant à nouveau comme un parti autonome du PQ, notamment en prenant ses distances vis-à-vis du tournant identitaire et droitiste imprégné à ce parti depuis quelques années.

Quelques mois après ce retour, et à 30 jours des élections fédérales, tout porte à croire que le «cycle» va être très court pour M. Duceppe. Comme en 2011, il aura de la peine le soir du 19 octobre et il en fera doublement à beaucoup de partisans de la souveraineté du Québec: peine pour la nouvelle défaite, mais peine aussi pour la manière dont se termine la carrière politique d'une des personnalités importantes que le Québec ait connu.

Ce serait dommage pour quelqu'un qui aurait pu connaître un tout autre destin, comme celui de mener le mouvement souverainiste à la victoire. Mais l'establishment du PQ ne lui a jamais balisé la voie pour le diriger.

M. Duceppe aurait pu aussi choisir de demeurer, dans l'histoire, cette personnalité qui avait réussi à jeter des ponts entre le mouvement souverainiste et les minorités culturelles, à Montréal notamment, où le Bloc parvenait à faire élire plusieurs députés issus de l'immigration.

La frustration face à l'échec l'a visiblement conduit à faire de mauvais choix et, semble-t-il, à connaître une triste fin.

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