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Les scénarios cauchemars du PLQ, de la CAQ et du PQ

À chaque parti politique, son scénario cauchemar. Nous nous sommes amusés à calculer les pires scénarios des prochaines élections pour le Parti libéral, le Parti québécois et la Coalition Avenir Québec.
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La dernière projection Qc125 contient 10 000 simulations d'élections générales, chacune effectuée avec des moyennes pondérées par les derniers mois de sondages et en respectant les tendances électorales (corrélations régionales) des deux dernières décennies. Évidemment, parmi ces 10 000 simulations se trouvent quelques scénarios extrêmes (par exemple: 1) le PLQ qui gagne à Blainville, 2) le PQ qui performe à un niveau respectable à Québec ou 3) la CAQ qui gagne un siège à Montréal) et c'est pourquoi il est si important d'effectuer des milliers de simulations.

Les simulations individuelles ne nous donnent pas vraiment d'informations pertinentes (intéressantes, certes, mais pas nécessairement pertinentes), mais les moyennes de plusieurs simulations peuvent nous renseigner sur des tendances.

Alors voici ce que nous allons étudier dans ce billet: les pires scénarios pour le PLQ, la CAQ et le PQ. Nous allons prendre la moyenne des simulations qui tombent sous l'intervalle de confiance de 95% pour chaque parti (voir figure ci-dessous):

Nous allons donc calculer les moyennes du vote populaire et des totaux de sièges, puis jeter un coup d'oeil aux distributions régionales de chacun de ces cauchemars.

Le cauchemar libéral

La moyenne des pires simulations du Parti libéral lui donne un vote populaire de 28,5%, ce qui serait le pire résultat de son histoire.Toutefois, même en obtenant le vote de moins de trois électeurs sur dix, le PLQ obtiendrait tout de même 36 sièges (voir figure ci-dessous).

Est-ce démesuré? Non. En fait, dans un système purement proportionnel, c'est ce que le PLQ devrait obtenir: 28,5% de 125 sièges équivaut à 35,6 sièges.

La moitié de ces 36 sièges se trouvent à Montréal. Même dans le pire des scénarios, le PLQ performe encore bien à Laval et en Outaouais.

Le PLQ serait complètement balayé de la carte dans Québec et Chaudière-Appalaches. Il serait aussi effacé de la Mauricie et serait décimé dans ses bastions anciennement solides des Cantons de l'Est

Toutefois, la grande surprise de la figure ci-dessous n'est pas nécessairement le résultat libéral, mais plutôt le grand gagnant de la moyenne de ces simulations: la Coalition Avenir Québec, qui obtient en moyenne 51 sièges.

Il y a quelques mois à peine, la moyenne des pires scénarios libéraux aurait sans aucun doute donné une victoire facile au Parti québécois, mais plus maintenant. En fait, regardez la figure à nouveau, même lorsque le vote libéral s'effondre, le PQ termine troisième malgré tout.

Le cauchemar caquiste

De récents sondages ont été favorables au parti de François Legault. En mai, Mainstreet Research accordait à la CAQ 32% des intentions de vote, tout juste en première place devant le PLQ. Une semaine plus tard, Léger mesurait aussi une montée pour la CAQ, plus modeste par contre, avec 26% des intentions de vote, derrière le PLQ, mais devant le PQ. Ces sondages ont propulsé la CAQ devant le PQ dans la dernière projection Qc125, avec en moyenne un vote populaire de 26,8%.

Cette hausse pourrait être aussi soudaine qu'éphémère. Seuls les sondages des prochains mois nous le confirmeront.

La bonne nouvelle pour la CAQ est que selon la dernière projection, même les pires scénarios ne paraissent pas si pires que cela, considérant l'histoire récente de ce parti. En effet, en calculant la moyenne des simulations se trouvant sous l'intervalle de confiance de 95%, la CAQ obtient tout de même 25 sièges:

Certes, vous ne pourrez pas présentement convaincre un caquiste que ce résultat est « acceptable », mais il s'agirait quand même du plus haut total de la courte histoire de ce parti (19 sièges en 2012, 22 sièges en 2014).

Le cauchemar caquiste demeure toutefois aussi un cauchemar péquiste: même avec la CAQ qui sousperforme son vote hors de la marge d'erreur du modèle, le Parti québécois ne serait en avance que des 36 circonscriptions, soit seulement six de plus que le résultat de 2014. Le grand gagnant d'une sousperformance importante de la CAQ serait le PLQ, qui prendrait une avance confortable avec 60 sièges (seulement trois sièges sous le seuil nécessaire pour une majorité).

Dans les pires scénarios caquistes, le PQ fait le plein de sièges dans les Laurentides et dans l'est de la Montérégie. Les Libéraux pourraient conserver quelques sièges dans la région de Québec. La Mauricie serait, encore une fois, des batailles entre le PLQ et le PQ.

En moyenne, dans ces scénarios cauchemardesques pour la CAQ, ce parti obtient 23,7% du vote populaire. Dans un scrutin proportionnel, la CAQ remportait alors 29,6 sièges.

Le cauchemar péquiste

Le Parti québébois se maintient à peine à son niveau de l'élection de 2014. Après le léger « boost » qu'il a reçu dans les sondages suivant l'élection de Jean-François Lisée comme chef, le Parti québécois semblait stagner entre 25% et 30% des intentions de vote et se partageait le premier rang du vote francophone avec la CAQ. Les sondages défavorables de mai dernier sont peut-être passagers pour le PQ, mais toujours est-il qu'il a glissé au troisième rang de la dernière projection.

Et si malgré tout le modèle surévaluait les appuis au PQ? Présentement, la projection accorde au PQ un vote populaire moyen de 24,1%. Qu'arrive-t-il si on calcule la moyenne des scénarios sous l'intervalle de confiance de 95%<

L'hécatombe:

En glissant encore de quelques points, le Parti québécois risque de se faire balayer de la Couronne nord, de Laurentides-Lanaudière et de l'est de la Montérégie. Vous lisez bien: le Parti québécois pourrait être réduit à 16 sièges, dont 10 dans le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay et le Nord du Québec.

La majorité de ces pertes de sièges se feraient au profit de la CAQ (principalement dans le 450), mais le PLQ en profiterait aussi.

En moyenne, dans les scénarios compilés menant aux totaux de sièges ci-dessus, le PQ obtiendrait 21,0% du vote populaire, bien en dessous de toute zone payante.

En conclusion

Le modèle Qc125 est probabiliste et offre une panoplie de scénarios justement parce qu'il y a une incertitude dans toute mesure de l'opinion publique. Tous les scénarios ne sont pas créés égaux et mêmes les données qui semblent « aberrantes » doivent entrer en considération en compilant une projection.

Sur la figure ci-dessus, les colonnes de couleurs foncées sont celles qui ont été considérées pour les chiffres des « cauchemars » libéraux, caquistes et péquistes. Vous pouvez remarquer que ces scénarios ne sont pas très probables, mais ils ne sont pas impossibles non plus. Dans un prochain billet, j'explorerai l'autre côté du spectre: les scénarios les plus optimistes pour les trois grands partis.

D'ailleurs, avant de conclure, vous remarquerez que j'ai ignoré Québec solidaire dans le billet d'aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'un oubli, mais d'une partie remise. En effet, les distributions de sièges et de vote populaire de Québec solidaire sont complètement différentes de celles du PLQ, de la CAQ et du PQ. Je préférais accorder aux chiffres de Québec solidaire un billet entier et une analyse qui lui seront propres - ce sera publié dans les prochains jours.

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