Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Faut-il interdire les sondages en période électorale?

On ne peut pas blâmer les sondeurs, pour qui le fonds de commerce payant est ailleurs mais, le fait que les Léger et cie soient à l'avant-scène du commentaire médiatisé, est simplement aberrant. En quoi sont-ils qualifiés pour extrapoler, imaginer, analyser, supputer, délirer, improviser à partir de probabilités et, de surcroît, influencer de par leur avis les électeurs.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
SRC

Ça y est, la campagne électorale provinciale est lancée et les médias vont débouler incessamment dans la course aux inutiles sondages. Je m'explique: le sondage en période électorale est l'ennemi juré de l'information, une plaie démocratique. Il se substitue aux programmes électoraux, à la substance informative, indispensables au choix éclairé. Jamais, au grand jamais, il n'informe. Il nourrit simplement la curiosité immédiate du mouton voyeur.

L'équation est simple : il en coûte beaucoup moins cher aux médias tous azimuts de placarder des résultats de sondage, ces Polaroid superficiels de l'instantané électoral, que de faire du journalisme d'enquête, du vrai, où les questions de fond sont abordées en masse et publiées à grand tirage. Une bonne équipe de reporters électoraux coûte beaucoup plus cher qu'un graphiste de pupitre qui colore des colonnes de pourcentages agrémentées de logos simplificateurs. Comme la plupart des politiciens ne désirent pas aborder les sujets de fond (amiante, Anticosti, corruption, indépendance, gaz de schiste, minières, pollution, fusion, écologie, etc.), ils se contentent volontiers et dans l'indifférence béate généralisée de clichés imbéciles et la valse du n'importe quoi se poursuit par cycles de quatre ans.

On ne peut pas blâmer les sondeurs, pour qui le fonds de commerce payant est ailleurs mais, le fait que les Léger et cie soient à l'avant-scène du commentaire médiatisé, est simplement aberrant. En quoi sont-ils qualifiés pour extrapoler, imaginer, analyser, supputer, délirer, improviser à partir de probabilités et, de surcroît, influencer de par leur avis les électeurs.

Alors, on fait quoi?

Je suggère qu'on interdise la publication de sondages durant les trois dernières semaines d'une campagne électorale, à l'instar de certains pays occidentaux. Je sais qu'aucun des partis dinosaure en place ne prêtera attention à cette requête car la culture du vide les favorise largement, tout comme l'insensé découpage du système uninominal à l'anglaise qui afflige notre démocratie.

On le sait avec la psychologie des masses, l'Homme en groupe, empreint d'un esprit grégaire génétique, peut commettre des folies, faire les pires choix, juste par souci d'émulation. Or, c'est précisément ce que le sondage bêta de campagne favorise : la création d'agrégats, de troupeaux aveugles, suivant le mouvement juste parce qu'il bouge et non pas parce qu'il est juste. C'est pourquoi certains d'entre nous continuent de commettre le pire crime de lèse-démocratie qui soit : voter pour un inconnu qui ne sait même pas qu'il est candidat, comble de l'insoutenable légèreté politique.

Finissons-en avec les sondages en période électorale! Posez la question aux candidats qui s'offrent à vous qu'ils prennent position et vous serez surpris du « gagagougou » de réponse qui en sortira.

Pauline Marois et sa candidate Djemila Benhabib, victime de racisme de la part du maire de Saguenay Jean Tremblay

Les chefs en campagne

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.