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Les offres du gouvernement me mettent en colère

Je sais que 40 % des fonctionnaires profiteront d'augmentations annuelles d'échelons. N'empêche que l'autre 60 % verra son pouvoir d'achat réduire comme une peau de chagrin.
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Je suis en colère. Je ne suis plus fonctionnaire depuis neuf ans. Malgré cela, je suis en colère devant les offres du gouvernement à ses employés.

Gel des salaires pendant deux ans. Augmentation de 1 % par année au cours des trois années suivantes. Au total: 3,03 % d'augmentation cumulative en cinq ans. Par ailleurs, selon la Banque du Canada, le taux d'inflation des cinq dernières années a été de 9,86 % (celui des 20 dernières: 46,91 %). Messieurs Couillard et Coiteux demandent à leurs employés d'accepter de bonne grâce, sans se fâcher, une diminution d'environ 7 % de leur pouvoir d'achat. Cette perte correspond à la différence entre l'augmentation prévisible du coût de la vie au cours des cinq prochaines années et l'augmentation des salaires selon la proposition patronale.

Rappelons que la rémunération des fonctionnaires provinciaux est généralement plus faible que dans le privé. La majorité d'entre eux gagne moins de 50 000 $ par année. Ils sont même très nombreux à gagner moins de 40 000 $ par année.

Cela signifie-t-il que les employés du privé y gagneront au change? Non. Leurs employeurs profiteront de cette belle occasion pour les appauvrir. Soyons équitables, diront-ils, nivelons par le bas!

La majorité des fonctionnaires est composée de femmes, particulièrement dans les plus bas salaires. Encore une fois, ce sont principalement les femmes que les libéraux sacrifient sur l'autel de l'austérité.

Je sais que 40 % des fonctionnaires profiteront d'augmentations annuelles d'échelons. N'empêche que l'autre 60 % verra son pouvoir d'achat réduire comme une peau de chagrin.

En plus, le gouvernement cherche à détériorer le régime de retraite des fonctionnaires (RREGOP). Il veut faire passer l'âge de la retraite sans pénalité de 60 à 62 ans. Il veut augmenter de 5 à 8 ans la période de référence servant à établir la rente de retraite. Il veut aussi augmenter de 4 % à 7,2 % la réduction applicable à une prise de retraite anticipée.

Il prétend que le but est d'assurer la pérennité du régime. Il ajoute qu'avec ces modifications, les participants pourraient bénéficier d'une baisse de leurs cotisations.

Quel cynisme! Les détériorations proposées n'ont rien à voir avec la pérennité du régime. Sinon, elles ne s'accompagneraient pas d'une baisse des cotisations. En fait, le gouvernement a deux objectifs en voulant détériorer le régime :

  1. Réduire les coûts et, conséquemment, sa contribution.
  2. Réduire la contribution des employés pour dorer la pilule du gel des salaires.

Grâce à ce stratagème, le salaire net des employés pourrait ne pas baisser. Ce qui fait que, même appauvris, les fonctionnaires pourraient à court terme injecter autant d'argent que maintenant dans le PIB. Tant pis si plus tard ils se retrouvent avec un revenu de retraite insuffisant pour garantir la protection de leur pouvoir d'achat!

Je suis en colère contre le gouvernement, mais aussi contre tous ces Québécois qui sont d'accord avec lui. Certains se réjouissent que les fonctionnaires se fassent taper dessus! Ils n'imaginent pas que leur tour viendra.

Les fonctionnaires sont piégés. À cause de la loi sur les services essentiels, faire la grève ne sert plus à grand-chose, surtout que le soutien de la population est fort mitigé. Que peuvent-ils faire pour se défendre? Je leur recommande la résistance passive, mais entêtée.

Je pense que les négociateurs syndicaux devraient refuser de rencontrer leurs vis-à-vis patronaux tant que le gouvernement ne présentera pas des propositions sensées. Leur refus de négocier devrait se poursuivre jusqu'aux prochaines élections si nécessaire.

Après tout, le pire qui peut arriver se produira de toute façon : le gouvernement imposera ses conditions avec une loi spéciale. Il importe qu'il en porte tout l'odieux.

En attendant, les employés devraient tous faire la grève du zèle et refuser obstinément les heures supplémentaires. Ils devraient travailler dans le respect des conventions collectives, mais pas davantage.

Ils devraient ignorer tous les patrons non syndiqués. Comment? En refusant de leur adresser la parole ou même de les saluer. En oubliant de les inviter quand il y a des fêtes. En restant silencieux durant les réunions d'équipe organisées par ceux-ci. En faisant comme s'ils n'existaient pas.

Quand les gens qui nous gouvernent sont odieux, il n'y a pas de raison d'être gentils avec eux. Mépris pour mépris.

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