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Bonification du Régime de rentes du Québec ? Oui, mais…

«Quand j'aurai 65 ans, en 2065, est-ce que la bonification du RRQ m'aura permis d'avoir de meilleurs revenus de retraite que les personnes qui ont 65 ans cette année?»
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La bonification du RRQ est calquée sur celle de son jumeau, le Régime de pension du Canada (RPC). Cela permet d'harmoniser les deux régimes.
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La bonification du RRQ est calquée sur celle de son jumeau, le Régime de pension du Canada (RPC). Cela permet d'harmoniser les deux régimes.

Pour commencer, qu'est-ce qui change ?

Le RRQ sera dorénavant formé de deux parties : le régime de base qui garantit 25 % de la moyenne des gains admissibles, et un régime supplémentaire, qui débutera en 2019.

Hausse de la rente de retraite, puisque le taux de remplacement du revenu obtenu du régime public passera de 25 % à 33,33 %. Hausse aussi de la rente d'invalidité et de la rente de conjoint survivant.

Le maximum des gains admissibles (MGA), c'est-à-dire le salaire maximal sur lequel un travailleur cotise au RRQ, sera haussé de 14 %. En 2017, le MGA est de 55 300 $. Il serait à 63 000 $ si les modifications étaient déjà en vigueur.

Les personnes qui prendront leur retraite en 2045 (après 20 années de participation au régime supplémentaire) pourraient donc s'attendre à un taux de remplacement de 29,17%.

Le régime supplémentaire sera basé sur 40 années de cotisations. Ce n'est qu'à partir de 2065 que le RRQ pourra remplacer, à 65 ans, 33,33 % du revenu. Chaque année de participation permet d'accumuler un quarantième du taux de remplacement. Les personnes qui prendront leur retraite en 2045 (après 20 années de participation au régime supplémentaire) pourraient donc s'attendre à un taux de remplacement de 29,17 %.

Contrairement au régime de base, le régime supplémentaire sera entièrement capitalisé. Les cotisations des participants devront être suffisantes pour couvrir leurs prestations. C'est la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ) qui gérera le fonds. Si les rendements sont excellents, les cotisations pourraient diminuer ; s'ils sont médiocres, elles pourraient augmenter.

La bonification du RRQ est calquée sur celle de son jumeau, le Régime de pension du Canada (RPC). Cela permet d'harmoniser les deux régimes.

Est-ce mieux que maintenant ? Oui, mais le système de retraite est formé de quatre blocs :

  1. Le RRQ et le RPC qui seront bonifiés.
  2. La Pension de sécurité de la vieillesse (PSV) et son Supplément de revenu garanti (SRG) payés par le fédéral avec nos impôts et nos taxes. La PSV ne devrait pas être bonifiée, mais le SRG pourrait augmenter au besoin afin de maintenir les personnes âgées au-dessus du seuil de faible revenu.
  3. Les régimes collectifs qui paient une pension complémentaire à celles versées par le RRQ, le RPC et la PSV. La plupart des travailleurs n'ont pas accès aux régimes collectifs.
  4. Les régimes individuels, appelés REER, qu'on peut acheter quand on a les moyens et qui s'ajoutent aux trois autres blocs. Les participants à des régimes collectifs sont limités dans leur droit d'acheter des REER puisqu'ils sont déjà protégés par le régime de leur employeur.

Ces quatre blocs sont des vases communicants. Les modifications au RRQ et au RPC pourraient avoir des répercussions sur les autres blocs.

Ainsi, à 65 ans, j'ai droit au RRQ, à la PSV et, peut-être, au SRG.

La question qui tue : quand j'aurai 65 ans, en 2065, est-ce que la bonification du RRQ m'aura permis d'avoir de meilleurs revenus de retraite que les personnes qui ont 65 ans cette année ?

La réponse dans ce tableau :

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La première ligne (2017) donne l'exemple d'une personne qui gagnait 63 000 $ (14 % de plus que le MGA de 55 300 $). Sa rente de retraite est au maximum. Elle reçoit la PSV. Elle reçoit aussi un peu de SRG parce qu'elle n'a pas d'autres revenus. Ses revenus de pensions correspondent à 36 % de ses revenus de travail. 14 % de ses revenus de pension proviennent du programme fédéral de la PSV et du SRG.

La deuxième ligne (2065) concerne la personne née en 2000. Elle aura 65 en 2065. Les actuaires de Retraite Québec ont calculé que le maximum supplémentaire des gains admissibles (MSGA) pourrait être de 291 300 $. La pension du RRQ devrait égaler environ 91 000 $. Les actuaires évaluent un taux d'inflation de 2,2 %. La PSV devrait s'approcher de 20 000 $ puisqu'elle est ajustée à l'inflation. Les régimes publics (RRQ + PSV) remplaceraient 38 % des revenus de travail. C'est à peine 2 % de plus que maintenant. Pourquoi ? Parce que le programme fédéral ne comble plus que 7 % des revenus de travail.

Quarante ans plus tard, en 2115, c'est pire. La PSV ne remplace que 4 % des revenus de travail. Combiné avec le RRQ, le taux de remplacement est de 35 %. C'est moins que maintenant...

Ainsi, les travailleurs cotiseront plus sans recevoir davantage. L'importance relative du programme fédéral (PSV + SRG) diminuera en proportion de l'augmentation du RRQ.

Est-ce que les gagne-petit s'en tireront mieux ? Certainement pas ! Ils paieront pour un RRQ bonifié qui leur fera perdre une bonne partie – sinon la totalité – de leur SRG. Notons que le fédéral a promis de corriger ce fâcheux désagrément en augmentant la Prestation fiscale pour le revenu de travail (PFRT). Ça reste à voir dans quelle mesure, il tiendra parole.

La bonification du RRQ et du RPC est le beau côté de la médaille. Derrière, il y a les intentions voilées, celles qu'on préfère taire. D'abord, appliquer le principe néo-libéral de l'utilisateur payeur en augmentant les cotisations au RRQ et au RPC. Ensuite, réduire la participation de la PSV et du SRG à la planification de la retraite. Clairement, le grand gagnant sera l'initiateur de cette réforme, le gouvernement fédéral.

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