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Le temps passe, les montres restent

Quand j'étais petit, la magie du mouvement des aiguilles me fascinait.
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Elle me regarde chaque fois que j'ouvre le tiroir pour y prendre quelque chose. Ses aiguilles tournent toujours - car je la remonte régulièrement - et la trotteuse poursuit son mouvement de manière saccadée, comme si elle éprouvait quelques scrupules entre les secondes...

C'était la montre de mon père. J'ai dû la retirer de mon poignet parce qu'elle s'était oxydée et qu'en conséquence, le contact de son envers m'irritait la peau. Quand mon père est décédé, il la portait. Elle ne s'est pas pour autant arrêtée : le temps vit au-delà de la mort, comme les souvenirs que nous laissent les disparus.

Entre ténèbres et lumière, ignorant la déclination des mois et des modes, sans soubresaut devant les aléas de l'Histoire les montres demeurent jardinières du temps, mission qu'elle partage avec les horloges, les cadrans et les chronomètres.

Le cadran solaire fut l'ancêtre de l'horloge. Le premier, sans mécanisme aucun, indiquait l'heure au moyen de l'ombre solaire se déplaçant autour d'une tige. La deuxième y procédait au moyen de poids combinés à l'eau dans un mécanisme mis au point en ancienne Égypte et connu sous l'appellation de «clepsydre». Son avantage était de donner l'heure même la nuit ; mais elle fut bientôt remplacée par le sablier, beaucoup plus précis. Enfin, le mécanisme de contre poids (pendules et balancier) permettant de développer puis de perfectionner l'horloge fut inventé par les Chinois en l'an 735.

Elle était cependant frappée d'un handicap de taille : on ne pouvait la déplacer, son fonctionnement étant impossible autrement qu'en position verticale. Puis, un Suisse mit au point une technique nouvelle, celle du ressort enroulé sur lui-même dans un barillet fournissant, en se déroulant, la source d'énergie nécessaire à faire tourner les aiguilles.

La montre de mon père est de ce type.

On sait qu'il en est d'autres, dites automatiques, qui se remontent par les seuls mouvements de celui qui la porte. Leur paternité fut à la fois revendiquée par Abraham-Louis Breguet, un Suisse (encore...) et Hubert Sarton, un Liégeois autour de 1815. De nos jours, on en trouve qui s'alimentent de plus d'autres façons, comme au quartz ou à des piles, rechargeables ou pas.

Quand j'étais petit, la magie du mouvement des aiguilles me fascinait. Ah ! le moment de ma première montre... L'événement installa l'ordre dans ma vie en marquant les temps forts du quotidien autour desquels s'organise tout le reste : le levé, les repas et le coucher.

Depuis, quelles que soient les servitudes de ma vie d'adulte, la montre que je porte joue exactement le même rôle. Sans elle, j'irais de retard en absence et ma vie serait un champ de pagaille.

Autrement dit, je serai perdu dans le temps.

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