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Après les liseuses électroniques, voici venir les ordinateurs écrivains

Tout exemplaire numérisé d'un livre en est un qu'on n'imprime pas, qu'on ne distribue pas et qu'on ne met pas aux étals des libraires.
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Il n'est pas une semaine où on ne me pose pas la question : est-ce que je crois que les liseuses électroniques, iBook et compagnies remplaceront les livres ? Je devine qu'en fait on veut savoir si je crois que l'émergence de nouvelles habitudes chez les lecteurs se fait au détriment de l'écrit sur papier.

Ce n'est pas à moi qu'il faut le demander, car je n'imprime, ne distribue ,ni ne vends des livres : j'en écris. Qu'ils soient lus de telle ou telle manière ne saurait m'affecter. Que ce passager du train de banlieue s'oublie, avant la journée furieuse de travail qui l'attend au terminus, dans la lecture de mon dernier roman (Aqua Tumulta) en tournant les pages de l'édition Recto-Verso, ou qu'il le fasse les yeux rivés sur l'écran de son iPad, peu me chaut : il me lit.

C'est donc aux imprimeurs, aux distributeurs et aux libraires qu'il faut demander comment ils voient l'avenir du livre en format papier. Car c'est chez eux que le bât blesse. Tout exemplaire numérisé d'un livre en est un qu'on n'imprime pas, qu'on ne distribue pas et qu'on ne met pas aux étals des libraires.

Dans le commerce, on appelle ça une perte sèche. Il n'empêche cependant que l'évolution fulgurante de l'informatique a de quoi inquiéter les auteurs, car l'écriture elle-même pourrait devenir œuvre d'ordinateurs.

L'expérience fut déjà menée il y a 20 ans cette année (eh oui, déjà !) En effet, en 1994, un américain, Scott French, amateur de littérature fast-food, dont l'un des auteurs phares était Jacqueline Susann, décida de donner une suite au best-seller de cette dernière (The valley of the dolls, 28.6 millions d'exemplaires vendus). Sans talents d'écrivain, mais expert en informatique, à l'aide d'un logiciel appelé Artificial Intelligence, Scott apprit à son ordinateur à écrire comme Susann...Si ce dernier mit huit longues années avant d'y arriver, il y parvint bel et bien !

Cette œuvre orpheline (puisque sans auteur) fut publié chez Birch Lane Presse sous le titre Just this One. Les critiques estimèrent qu'il était aussi bon que des centaines de romans-romans, ces choses sans réelle dimension littéraire qui ne feraient réfléchir un poteau de galerie et qui paraissent chaque année aux États-Unis. Du iBook au iWrite, franchement c'est de Charybde en Scylla.

Et même si ce produit informatique fut intitulé Just this one, (seulement celui-là) il ne faut pas s'y fier. Car, pas plus tard que ce matin j'ai appris que l'Associated Press publie des textes commentant les résultats financiers exclusivement rédigés par des ordinateurs ! Elle estime que les journalistes ne doivent plus perdre de temps à rédiger de tels commentaires, mais plutôt se concentrer sur l'analyse des prospectus des compagnies inscrites à la bourse.

Devrais-je bientôt ranger mes plumes dans une vieille boîte à chaussure pour les oublier au grenier avec mes séquelles d'inspiration ?

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