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Coupe du monde 2014 : le désastre politique du Brésil

Comme nous sommes dans le thème, je crois qu'après une semaine d'activité, nous pouvons faire une courte analyse politique de la Coupe du monde de soccer. Quelques éléments permettent d'affirmer que sur le plan politique, cette Coupe du monde est un désastre.
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Comme nous sommes dans le thème, je crois qu'après une semaine d'activité, nous pouvons faire une courte analyse politique de la Coupe du monde de soccer. Quelques éléments permettent d'affirmer que sur le plan politique, cette Coupe du monde est un désastre. En 2011, dans le cadre d'un cours, j'avais fait une analyse sur la politique brésilienne s'orientant sur la future Coupe du monde. C'était une politique d'espoirs, qui laissait prévoir des jours meilleurs pour le Brésil. Maintenant que nous sommes dans le moment, nous pouvons remarquer à quel point cela est un échec.

Bien sûr, pour ceux et celles qui suivent les parties présentées, nous assistons à des matchs enlevants, de haut niveau et de grande qualité. Nous assistons à des surprises telles que l'élimination hâtive de l'Espagne ou la compétitivité du Mexique contre le Brésil. Sur le plan du jeu, cette Coupe du monde nous offre un bon spectacle et il est facile de s'en contenter. Le problème est à l'extérieur des stades. En effet, Dilma Rousseff, présidente du Brésil, a adopté des mesures contestables et contestées, éthiquement discutables et humainement dégoûtantes.

Sur le plan humain, le nettoyage social auquel le gouvernement brésilien a voulu procéder est à la limite du génocide social. Bien sûr, les fameuses Favelas brésiliennes sont le berceau de la criminalité et du trafic de drogues. Néanmoins, il reste que c'est le lieu de résidence de plusieurs familles dans le besoin et qui vivent dans l'extrême pauvreté dans des abris composés de tôles et de planches de bois. Les descentes qui ont eu lieu dans ces favelas avec des escouades militaires ont été faites dans une cruauté révoltante. En mars dernier, c'est plus de 3000 policiers qui ont investi une favela. Pour exemple, il y a environ 4500 policiers et auxiliaires à l'emploi du SPVM.

Sur le plan économique, la Coupe du monde est également un désastre. Il suffit de regarder les sommes d'argent astronomiques englouties par la construction des nombreux stades et des sites des festivités. Malgré leur coût faramineux, la plupart de ces stades auront une vie post-événementielle. En effet, ceux-ci accueilleront les équipes de soccer locales pour leurs matchs disputés à la maison.

Toutefois, une exception à la règle : le stade Arena da Amazônia. Ce stade a été construit pour la modique somme de 329 millions de dollars et est classé « vert » : un joyau d'ingénierie. Mais la suite pour ce stade est plutôt sombre. Aucune équipe de sport professionnel n'y jouera et la Coupe du monde n'y diffusera que quatre matchs. Les autorités locales avaient comme projet de le transformer en prison dans les prochaines années. Considérant que ce stade est situé dans une des régions les plus pauvres du Brésil, est-ce que ces argents auraient pu être investis autrement que dans un éléphant blanc? Poser la question c'est y répondre.

Finalement, sur le plan de l'image internationale plusieurs points sont à aborder. Tout d'abord, la mort d'ouvriers pendant la construction des stades vient mettre une ombre sur cette fête du soccer. Morts qui ont été causées par la pression pour pouvoir terminer à temps les constructions, ce qui n'a pas été fait. Plusieurs installations sont loin d'être terminées alors que la Coupe du monde commence. Si les installations incomplètes ou bâclées des jeux Olympiques de Sotchi ont fait jaser, ici les installations n'étaient tout simplement pas complétées.

Par la suite, que dire des nombreuses manifestations réprimées dans une extrême violence? Les droits de l'homme y ont été bafoués, et ce en toute impunité sous l'inépuisable excuse du devoir policier de maintenir l'ordre public. Toute cette répression a entraîné une vague de contestation internationale. Toutefois, d'assez faibles réactions provenant de nos dirigeants politiques. Mais aux yeux du public, c'est une autre tache à l'image internationale du Brésil.

Dernier point : la cérémonie d'ouverture, mais particulièrement le choix de la chanson officielle du tournoi. La cérémonie comme telle avait l'air improvisée, préparée elle aussi à la dernière minute, sans grande signification. Pour ce qui est du choix de la chanson officielle, qui a eu l'idée d'engager Pitbull? Une chanson qui ne reflète pas vraiment les couleurs et la culture brésilienne, chanter par un artiste macho qui tient plus à se frotter sur des femmes peu vêtues plutôt qu'offrir une qualité musicale. Et que dire du lip-sync lors de la cérémonie d'ouverture? Probablement dans le top 10 des pires de l'histoire.

En somme, le Brésil a failli à sa tâche lors de cette Coupe du monde. Même si le spectacle est bon, il y a trop de scandales pour affirmer un quelconque succès à ce tournoi suivi par des milliards de personnes. Le Brésil a deux ans pour se reprendre avant les jeux de Rio en 2016 et un examen de conscience devra être fait alors que la Coupe du monde de 2018 sera présentée en Russie dont l'une des villes participantes sera Sotchi qui est actuellement devenue une ville fantôme.

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