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Ebola: les impacts économiques et sociaux pourraient être tout aussi meurtriers que l'épidémie

Les effets d'Ebola sont insidieux car le virus ne s'attaque pas seulement aux fonctions vitales du corps humain, l'épidémie déstabilise les bases sociales et économiques des communautés affectées.
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2 800 personnes décédées et 5 850 infectées, voilà le dernier bilan officiel meurtrier et tout à fait provisoire d'Ebola en Afrique de l'Ouest. Outre ces victimes directes d'Ebola, il faut également prendre en compte les malades souffrant d'autres pathologies qui n'ont pas pu être soignés. Le personnel médical des régions affectées est mort, malade ou trop effrayé pour se rendre au travail. Le ministre de la santé du Liberia a récemment déclaré que le système de santé de son pays était en train de s'effondrer.

Les effets d'Ebola sont également insidieux, car le virus ne s'attaque pas seulement aux fonctions vitales du corps humain, l'épidémie déstabilise les bases sociales et économiques des communautés affectées. C'est pourquoi le nombre de victimes d'Ebola risque d'augmenter même une fois le virus contenu. La mise en quarantaine de communautés, le blocage des routes, la fermeture des frontières, la suspension des vols internationaux et l'interruption du trafic maritime ont de lourds impacts sur les populations. La Guinée, le Sierra Leone et le Liberia ont déclaré que l'épidémie actuelle avait un fort impact économique et alimentait une inflation qui rendait un peu plus inaccessibles les biens de première nécessité pour les plus pauvres. En Guinée, par exemple, le prix du sac de riz a déjà doublé (de 21 US $ à 41 US $). Au Sierra Leone, les restrictions de mouvement et de rassemblement mises en place pour stopper l'avancée de l'épidémie empêchent les travailleurs agricoles de travailler. Les Sierra-Léonais craignent pour la prochaine récolte de riz. Celle de pommes de terre est déjà en partie bloquée dans les zones de quarantaine.

Cet enclavement économiquement est à l'origine de tensions, voire d'épisodes sporadiques de violences urbaines. Ce rapide effondrement économique n'encourage pas non plus les familles et les autorités des pays voisins, non officiellement touchés, à chercher et déclarer d'éventuels cas.

Si les restrictions de mouvement et de rassemblement sont un moyen de combattre la propagation de cette épidémie, ce n'est pas le seul et l'unique. Et les quarantaines doivent être accompagnées d'actions pour que les communautés isolées aient accès à de l'eau, de la nourriture ainsi qu'à des produits de première nécessité. Pour minimiser les impacts de cette épidémie et en contenir la propagation, il est bien sûr essentiel que la communauté internationale poursuive son soutien médical et financier aux pays affectés. Mais il faut également agir en amont et renforcer les actions de prévention et de sensibilisation.

Cette épidémie risque de laisser des traces durables dans ces sociétés déjà très pauvres. Ebola sape également les structures familiales en s'attaquant aux femmes et aux filles. Le virus lui-même n'est pas en cause, mais les femmes et les filles étant les soignants traditionnels de leurs proches, elles sont donc disproportionnellement affectées. La première personne infectée par Ebola était un petit garçon de deux ans en Guinée. Sa mère, sa sœur, sa grand-mère, une infirmière et une sage-femme du même village furent les cinq victimes suivantes. Au Liberia, pays le plus touché par Ebola, 75% des victimes sont des filles et des femmes. Les survivants devront reconstruire leurs vies sans celles sur lesquelles reposent traditionnellement les fondations de la famille.

Une fois que l'épidémie sera heureusement contenue - et l'attention des médias et des politiques redirigée vers d'autres drames - il est impératif que les financements de la communauté internationale ne se tarissent pas abruptement. Les ONG, comme CARE, présentes avant et pendant l'épidémie et qui resteront sur place auront bien du travail aux côtés des autorités locales pour reconstruire le tissu social et économique des pays. Nous conjurons les bailleurs internationaux de ne pas refaire toujours les mêmes erreurs de myopie, comme celles commisses après l'épidémie de choléra en Haïti où peu d'actions de long terme ont suivi la phase d'urgence. Pas de double peine pour l'Afrique de l'Ouest, s'il vous plait.

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