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Brexit, la fin d'une certaine Europe

Si le «out» l'emporte, s'ouvrira dès le 24 juin une crise institutionnelle, tant au niveau communautaire que britannique, mais aussi une boîte de Pandore dans laquelle risquent de s'engouffrer les pays de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie) désireux de suivre l'exemple de la Grande-Bretagne.
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En mai 1950, dans une interview accordée au journaliste américain Kingsbury Smith, le chancelier Konrad Adenauer faisait le rêve d'une fusion de la France et de l'Allemagne censée créer la pierre angulaire des États-Unis d'Europe. 66 ans plus tard, le rêve n'est naturellement pas devenu réalité, les États-Unis d'Europe n'ont pas vu le jour et l'Union européenne qui en tient lieu est une institution sans colonne vertébrale politique, incapable de surmonter les crises à répétition qui s'abattent sur elle.

Comparé à la crise de l'Euro et à celle des réfugiés, le Brexit revêt une forme et une dangerosité bien plus grande. C'est en effet la première fois qu'un pays de l'Union européenne envisage une sortie de la maison commune. Et c'est au peuple britannique d'en décider. Il est naturellement à craindre que le peuple britannique ne joue le même tour à l'Europe que le peuple français avait joué le 29 mai 2005 en se prononçant contre le projet de traité constitutionnel. Comme en 2005, l'Europe est instrumentalisée par le pouvoir d'un État membre à des fins de politique interne et les Britanniques répondront sans doute dans le secret de l'isoloir à bien d'autres questions que celle du «simple» Brexit.

Quelle que soit l'issue de ce referendum, il est certain qu'il sonne déjà le glas d'une certaine idée de l'Europe. Si le «out» l'emporte, s'ouvrira dès le 24 juin une crise institutionnelle, tant au niveau communautaire que britannique (l'Écosse souhaitera sans doute rester dans l'Union), mais aussi une boîte de Pandore dans laquelle risquent de s'engouffrer les pays de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie) désireux de suivre l'exemple de la Grande-Bretagne.

Si le remain l'emporte, l'Europe ne pourra pas estimer en être quitte avec une grosse frayeur. Ce coup de semonce supplémentaire est le révélateur d'un modèle à bout de souffle qui reste attractif pour ceux qui n'en font pas partie, mais ne fait plus rêver les Européens eux-mêmes. L'Union européenne, construite sur un fondement de libéralisme économique, doit évoluer pour répondre aux nouvelles préoccupations des 507 millions d'Européens en matière de sécurité ou de politique migratoire par exemple.

La crise du Brexit pourrait donc permettre enfin de relancer un moteur européen en panne depuis de nombreuses années. Cela supposera beaucoup de courage politique de la part des gouvernants des pays européens, à commencer par la France et l'Allemagne, qui même s'ils sont tous ou presque confrontés en interne à des partis politiques anti-européens prônant un repli identitaire doivent comprendre que le salut ne peut venir d'un enfermement sur soi.

Le rêve de Konrad Adenauer ne s'est pas réalisé, les États-Unis d'Europe ne sont pas prêtes de voir le jour, mais pour autant le modèle européen construit laborieusement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, si imparfait soit-il, n'est en aucun cas acquis pour l'éternité. Tout peut être remis en cause à la faveur d'une crise. C'est aux Européens et à leurs dirigeants de faire en sorte que les progrès enregistrés depuis plus de 70 ans sur notre continent, à commencer par la paix, ne puissent être menacés. C'est aux Européens et à leurs dirigeants aussi de tout mettre en œuvre pour que le modèle essoufflé évolue enfin dans le sens d'une plus grande intégration.

Ce billet de blogue a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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