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Il faut sauver le soldat Bombardier...

La certification et la montée en production du CSeries vont encore exiger des déboursés de deux milliards de dollars et ce en grande partie en 2016.
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Ce 29 octobre était très attendu des analystes financiers et journalistes par la diffusion des résultats du troisième trimestre 2015 de Bombardier (BBD-D.TO) en conférence téléphonique de 8h00 à 10h00.

Néanmoins, une conférence de presse fut convoquée pour 10h00 aux bureaux montréalais du ministère des Transports du Québec où le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations du Québec, Jacques Daoust était annoncé mais à laquelle le PDG de Bombardier, Alain Bellemare s'invita. Les deux hommes s'adressèrent à une trentaine de journalistes et quatre équipes de télévision.

Jacques Daoust annonça une aide importante du gouvernement du Québec à l'avionneur québécois mis en difficulté par son dernier-né, le biréacté monocouloir de 100 à 130 places CSeries.

Par le biais d'Investissement Québec, le gouvernement québécois, par l'injection d'un milliard de dollars américains, possèdera 49,5% des actions d'une société en commandite, nouvellement créée, à laquelle seraient transférés les actifs, les passifs et les obligations du programme du CSeries. Bombardier en détiendra les autres 50,5%. Un accord définitif devrait être conclu avant le 1er janvier 2016.

L'argent puisé à même le Fonds du développement économique fera l'objet de deux versements de 500 millions de dollars chacun, le premier le 1er avril 2016 et le second le 30 juin suivant.

Ceci est la concrétisation des propos prononcés par le ministre Daoust en conférence de presse à la Délégation générale du Québec, à Paris en juin dernier lors du Salon du Bourget.

Il ne s'agit pas ici des premières aides gouvernementales destinées au CSeries. En juillet 2008, Ottawa déjà versait un prêt de 350 millions de dollars en vertu de l'Initiative stratégique pour l'aérospatial et la défense et Québec 117 millions par le biais d'Investissement Québec. En plus, Québec rendait disponible un milliard de dollars sous forme de garantie de prêts aux éventuels acheteurs de CSeries.

La certification et la montée en production du CSeries vont encore exiger des déboursés de deux milliards de dollars et ce en grande partie en 2016.

De guerre lasse, Bombardier s'est finalement tourné vers le gouvernement du Québec pour financer cette dernière ligne droite de la certification ainsi que de l'entrée en service et de la montée en cadence de son dernier-né.

Boeing et Embraer n'ayant eu aucun intérêt à s'associer au CSeries, même Airbus et les Chinois ne se sont pas laissés tentés en dépit d'avantages certains qu'ils auraient pu y trouver.

Plus troublante est l'absence de participation de la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ) et des banques au financement du CSeries.

Plus gênant est le fait que Québec devra emprunter pour financer sa participation à la co-entreprise avec Bombardier.

Plus regrettable encore est que ce montage n'a en rien entamé le contrôle de la famille Bombardier sur l'entreprise par l'entremise des actions privilégiées.

Plus surprenant la nomination à la tête du conseil d'administration de la nouvelle co-entreprise de l'ancien Premier ministre du Québec, le Libéral Daniel Johnson.

Certes, avocat et détenteur d'un MBA mais que connaît-il à vrai dire en aéronautique ?

Certes 1700 emplois chez Bombardier au Québec dépendent actuellement et 2500 à terme, du succès du CSeries mais il ne faut pas oublier qu'une bonne partie de son fuselage est construite en Chine et ses ailes, en Irlande du Nord.

De plus, l'industrie aérospatiale au Québec ne gravite pas seulement autour du CSeries. Il y a bien plus : les avions d'affaires et de transport régional de Bombardier, les turbines de Pratt & Whitney Canada, les hélicoptères de Bell Helicopter, les simulateurs de CAE, les atterrisseurs d'HerouxDevtek sans oublier les équipements, les ensembles et sous-ensembles de kyrielles de PME qui se retrouvent sur un grand éventail de programmes aéronautiques et spatiaux.

Ce qui est ennuyant dans cet accord est qu'il place les risques du côté de l'État québécois et les profits, si jamais il y en a, du côté de Bombardier.

Il est fort probable que cette nouvelle aide gouvernementale de Québec suffira à boucler la certification du CSeries et à mener à bien son entrée en service. De là à déclencher une avalanche de commandes, cela est une toute autre histoire.

Quoi qu'il advienne du CSeries, l'avionneur de Saint-Laurent devra impérativement régler les problèmes des programmes Global 7000 et Global 8000 puis s'atteler à renouveler ou, tout au moins, à remotoriser les Challenger 650 et les CRJ700/900/1000 qui reposent sur un design des années 1970, le Challenger 600.

Il lui faudra aussi revitaliser la gamme des jets d'affaires légers et moyens Learjet ou se départir de l'activité.

Hier, jeudi, le titre de Bombardier (BBD-B.TO) a perdu 28 cents, ou 17,39%, pour clôturer à 1,33 dollar canadien. Quelques 38 millions d'actions ont été transigées soit quatre fois plus qu'en temps normal.

Ce texte a également été publié sur le site Infoaeroquebec.net

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