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Plus que la confiance en soi, l'ambition est la clé du succès pour les femmes

Difficile pour les femmes de viser plus haut alors que la société leur répète inlassablement de viser plus bas. Serait-il possible, alors, que le plus grand obstacle au succès des femmes réside dans leurs propres esprits?
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De bien des points de vue, les femmes ont tout ce qu'il faut pour réussir: en 2012, plus de 70 pour cent des meilleurs étudiants de niveau universitaire aux États-Unis étaient des femmes. Plus de femmes que d'hommes sont des diplômés universitaires, et ce depuis plusieurs décennies déjà. Lorsqu'elles sortent de l'école, 53% des femmes contre 47% des hommes se trouvent un emploi de premier échelon en gestion, selon des données publiées par McKinsey Research.

Pourtant, au fil du temps, les tendances se renversent et les chiffres ne sont plus en faveur des femmes: il n'y a que 37% de femmes qui deviennent des gestionnaires intermédiaires, et seulement 26% qui atteignent le niveau de vice-présidente ou mieux. À peine plus de 4% des entreprises de la liste Fortune 500 sont dirigées par des femmes. Il y a 10 ans, 14% des sièges aux conseils d'administration de ces entreprises étaient occupés par des femmes, aujourd'hui ce chiffre n'est que de 17%. Une progression on ne peut plus lente, c'est le moins que l'on puisse dire. Plus personne n'ose affirmer que les femmes ne peuvent pas réussir dans notre "monde d'hommes", mais toutes les données statistiques tendent à démontrer que le fameux plafond de verre est plus bas et plus épais que nous aurions pu le croire, ou alors que les jeunes professionnelles finissent par se tourner vers autre chose que l'ambition professionnelle. Ou les deux...

Pourtant, ce n'est certes pas par manque de désir que les femmes n'arrivent souvent pas à réaliser leur plein potentiel. Anna Fels, auteure du livre Necessary Dreams: Ambition in Women's Changing Lives, note dans son ouvrage que les jeunes garçons et les jeunes filles ont des ambitions essentiellement identiques: un besoin de s'accomplir, d'avoir la reconnaissance de ses pairs et d'être honoré pour son travail ou son talent. Tous sont animés des mêmes désirs fondamentaux.

Ce n'est certes pas par manque de confiance en soi non plus. De nombreuses recherches, incluant plusieurs études émanant de Cornell, ont démontré que les filles et les femmes ont une tendance plus naturelle que les garçons et les hommes à sous-estimer leurs propres performances, mais que cette tendance semble s'inverser. Un récent sondage intitulé Women, Power & Money (Les Femmes, le pouvoir et l'argent) mené par la firme de communication Fleishman Hillard pour le compte de Hearst Magazines a démontré que les jeunes femmes qui arrivent sur le marché du travail tendent à se percevoir comme égales ou supérieures à leurs collègues masculins. Elles se perçoivent comme de meilleures communicatrices et se remettent plus facilement d'un échec. Parmi les femmes de la Génération Y, 70% se décrivent comme intelligentes, contre seulement 54% des hommes de leur cohorte.

Bien entendu, les obstacles à la réussite des femmes sur le marché du travail foisonnent: des lois sur le congé de maternité parfois primitives, le roulement de personnel très lent des conseils d'administration où, dans la grande majorité des cas, les membres ne prennent pas leur retraite avant l'âge obligatoire de 72 ans (aux États-Unis, ndlr), sans compter le fait que pour la majorité des femmes qui ont un emploi à temps plein en entreprise, elles doivent quand même s'occuper des tâches domestiques. Bien que le nombre de pères au foyer soit en croissance -- ils seraient 154 000, selon le recensement de 2010 --, c'est encore à elles qu'incombe la majorité des tâches domestiques, selon les données d'un rapport du Pew Research Center.

Et que dire des préjugés plus ou moins conscients à l'égard des femmes en milieu de travail, là où l'équité salariale -- sans parler des promotions et avancements -- est encore un voeu pieux plus qu'un réelle politique.

À preuve: l'histoire du neuroscientifique transsexuel Ben Barres de l'université de Stanford: sa propre expérience lui a appris qu'en tant qu'homme, on le traitait avec plus de respect et qu'on l'interrompait moins souvent. Il relate une anecdote où il a entendu un autre professeur de Stanford dire "Ben Barres a donné un séminaire vraiment super aujourd'hui, mais ce n'est pas surprenant puisque son travail est tellement meilleur que celui de sa soeur". Bien entendu, la soeur en question n'est nulle autre que Ben Barres lui-même alors qu'il était encore Barbara.

Un autre exemple éloquent de cette discrimination inconsciente est l'avènement des auditions à l'aveugle pour les embauches dans les grands orchestres. Lors du processus d'embauche, les candidats ne sont pas visibles des membres du comité de sélection durant leur audition. Depuis leur mise en place, le pourcentage de femmes embauchées par les 5 plus grands orchestres des États-Unis est passé de 5% à 34%. Difficile, dans ces circonstances, pour les femmes de viser plus haut alors que la société leur répète inlassablement de viser plus bas.

Serait-il possible, alors, que le plus grand obstacle au succès des femmes réside dans leurs propres esprits? Dans son livre qui a fait couler beaucoup d'encre, Lean In, l'auteure Sheryl Sandberg affirme que les femmes sont moins motivées par des postes de direction, des salaires généreux ou le pouvoir en général. Cela ne les attirerait tout simplement pas. Est-ce que cette "discrimination inconsciente" pourrait non seulement provenir du haut de la pyramide, mais également de l'intérieur des femmes elles-mêmes? Tout à fait possible. Toute forme de discrimination persistante, qu'elle soit réelle ou perçue, finira par avoir raison de l'ambition d'une femme dans un environnement professionnel, ce qui la poussera inévitablement à réviser ses ambitions à la baisse. Elle n'obtiendra pas la promotion ou l'augmentation de salaire, mais pas parce qu'elles ont plutôt été accordées à un homme, mais bien parce que la femme elle-même a le sentiment qu'elle ne la mérite pas, parce qu'elle s'est consciemment (ou pas) retirée de la course. En clair, les femmes ne manquent ni de confiance en elles ou de talent; c'est l'ambition qui leur fait défaut ou qu'elles ont abandonnée en cours de route.

Or, l'ambition repose essentiellement sur la perception de notre propre potentiel, ce qui signifie que l'on peut fonder beaucoup d'espoir sur la tendance qui semble se dégager d'études et de sondages comme celui de Fleishman Hillard. La nouvelle génération de femmes qui commence à faire son arrivée sur le marché du travail a une perception très positive de sa propre valeur, ce qui augure bien pour leur avenir. Par ailleurs, comme le note justement Fels, l'ambition n'est pas une chose que l'on perd à tout jamais: elle peut renaître de ses cendres et fleurir de nouveau. Mieux vaut tard que jamais!

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