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Projet de loi 3: la mascarade du gouvernement doit cesser

Le gouvernement libéral tente de se cacher sous les draps de la vertu, mais son objectif est tout autre. Le projet de loi 3 ne cherche pas à améliorer la pérennité de nos régimes de retraite tel que son nom officiel l'indique. Il cherche plutôt à réduire la masse salariale des municipalités.
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Au cours des dernières semaines, différents médias ont prêté la parole à des policiers étrangers qui s'insurgeaient que leurs confrères québécois altèrent l'uniforme policier traditionnel.

Entendons-nous d'abord sur un constat : un moyen de pression doit déranger. Autrement, on peut facilement convenir qu'il est inefficace. Mais encore faut-il qu'il dérange les bonnes personnes. C'est là que ça se corse et qu'il est important de comprendre la situation dans laquelle les employés en sécurité publique se retrouvent.

À la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec, nous avons fait le choix de ne pas compromettre le service à la population pour faire valoir nos positions. En d'autres mots, ce ne sont pas à monsieur et madame tout le monde de payer le prix pour les mauvaises décisions libérales.

Dès lors, l'océan de possibilités pour se faire entendre est restreint à un tout petit étang. Il est, en effet, difficile de trouver des moyens qui dérangent suffisamment les parlementaires et les municipalités pour les convaincre de revenir sur leurs positions, tout en ne compromettant d'aucune façon les besoins courants de la population. Voilà pourquoi nous avons décidé d'organiser des manifestations pour nos policiers en congé, mais aussi, d'altérer nos uniformes avec des pantalons loufoques et une casquette emblématique.

L'argument récurent des détracteurs contre ce moyen de pression est qu'il compromet l'autorité de nos policiers. Soyons sérieux : penserez-vous à ces pantalons si vous avez le malheur de vous retrouver en situation de détresse ? Nous sommes certains que non. Pourquoi ? Parce que cela ne compromet en rien le service que nous vous offrons. Par contre, cela nous donne l'opportunité de parler de nos revendications et de déranger les décideurs.

Nous estimons toutefois normal que nos estimés collègues étrangers ne saisissent pas tout l'impact que le projet de loi 3 aura sur nous. En effet, en étant à l'étranger, ils ne reçoivent que certaines bribes d'informations. Il serait alors à propos de leur souligner que les policiers municipaux québécois sont les moins payés au Canada. Cette situation découle de notre choix d'investir davantage dans nos régimes de retraite. Il est donc normal qu'un projet de loi qui s'attaque directement à l'épargne des policiers québécois dérange plus ici qu'ailleurs, puisque cela correspond à une part plus importante de notre rémunération globale. En chiffres concrets, chaque policier municipal perdrait de 500 à 10 000$, et ce, par année.

Il y a de quoi porter de drôle de pantalons, n'est-ce pas ?

Cessons la mascarade libérale

Il est temps de mettre fin à la mascarade libérale. Le projet de loi 3 ne cherche pas à améliorer la pérennité de nos régimes de retraite tel que son nom officiel l'indique. Il cherche plutôt à réduire la masse salariale des municipalités. En effet, le projet de loi charcute tous les régimes de retraite, même ceux qui accumulent des surplus budgétaires comme c'est le cas pour les policiers de Montréal qui constitue pourtant la moitié de l'effectif policier au Québec. Le gouvernement libéral tente de se cacher sous les draps de la vertu, mais son objectif est tout autre.

Il allègue, entre autres choses, que le déficit total des caisses de retraite est important, mais avoue, à demi-mot, qu'il est incapable de le chiffrer précisément puisque les chiffres de la Régie des rentes sont périmés. Les chiffres actuels, dont la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec a obtenu copie, sont de l'ordre de deux milliards inférieurs à ceux allégués par le gouvernement du Québec. Le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, Pierre Moreau, obtiendra lesdits chiffres dans deux semaines. Pouvons-nous d'abord nous entendre sur le montant du déficit avant de tenter de prescrire un remède?

Enfin, il faut également considérer que le projet de loi impose une brèche importante dans l'État de droit du Québec. Pourquoi croyez-vous que nous sommes si bien ici et ailleurs au Canada ? Parce que, jusqu'à preuve du contraire, personne n'est au-dessus des lois. En bafouant ses contrats dûment signés, le gouvernement libéral créer un précédent important : sera-t-il maintenant de bon aloi de contester tous les contrats au gré des aléas économiques ? Quelle valeur accorderons-nous aux contrats à venir ? Nous sommes inquiets de la pilule que le gouvernement tente de nous faire avaler.

Le gouvernement doit cesser dès maintenant sa mascarade et abandonner le projet de loi 3.

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