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Escapade en Roumanie

Bien que la chape qui la recouvrait sous Ceaușescu ait été retirée depuis bientôt 23 ans, la Roumanie est une destination encore peu prisée par les touristes pourtant las d'arpenter les horizons trop connus d'Europe occidentale. Si la capitale Bucarest a peu à offrir hormis un amoncellement de bâtiments décatis entre lesquelles se bousculent des véhicules tonitruants, la patrie de Dracula recèle de petites merveilles qui ne demandent qu'à être découvertes.
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Flickr: bortescristian

Bien que la chape qui la recouvrait sous Ceaușescu ait été retirée depuis bientôt 23 ans, la Roumanie est une destination encore peu prisée par les touristes pourtant las d'arpenter les horizons trop connus d'Europe occidentale. Si la capitale Bucarest a peu à offrir hormis un amoncellement de bâtiments décatis entre lesquelles se bousculent des véhicules tonitruants, la patrie de Dracula recèle de petites merveilles qui ne demandent qu'à être découvertes.

Il est ainsi aisé d'y séjourner pendant une semaine, en consacrant 4 ou 5 jours à une escapade dans la moitié méridionale du pays. Le voyageur devra toutefois prendre note que le Roumanie n'a pas adhéré à l'euro et utilise le leu. De plus, il ne devra pas espérer qu'on lui parle en français. Dans ce présumé allié de la francophonie comme ailleurs, l'anglais est devenu le langue seconde obligée.

Jour 1 : Sinaia et Brașov

Après avoir loué une voiture, le touriste quittera aussitôt la fétide capitale pour se diriger au nord, par delà les plaines de Valachie. Sur l'autoroute 60, il évitera de heurter les charrettes à chevaux et passera après 1h45 de trajet par la bourgade de Sinaia. Là, il pourra admirer le château de Peleș, construit à la fin du 19ème siècle sous les ordres du roi Carol Ier et qui a été restitué à la famille royale revenue d'exil après la révolution de 1989.

Il reprendra ensuite la même voie pour rejoindre 50 minutes plus tard le sud de la Transylvanie et la ville de Brașov. Sise aux abords des Carpates, cette cité fait partie d'une série d'agglomérations fondées par des émigrants saxons qui peuplèrent la Transylvanie à compter du 13ème siècle. Son quartier historique a conservé un charme germanique qui saura séduire le visiteur. En se promenant dans les ruelles séparant les maisons de pierre, ce dernier ne manquera pas de faire un saut à l'église St-Nicolas et à l'église Noire, d'arpenter la strada Dupà Ziduri qui longe les deux tours de garde et un charmant petit ruisseau, puis de passer sous la porte Ecaterinei, avant de s'attabler à l'une des nombreuses terrasses autour de la strada Castelului puis, qui sait, se rendre à la citadelle ou prendre le téléférique jusqu'au sommet du mont Tâmpa qui surplombe la ville.

Jour 2 : Rașnov, Bran et Sighișoara

Après s'être reposé dans un avenant petit hôtel du vieux Brașov, le voyageur prendra la route 73 vers la forteresse de Rașnov, à tout au plus une demi-heure de route. Fondée au 13ème siècle par les chevaliers teutoniques pour lutter contre les Mongols et servant jusqu'au 18ème siècle de refuge aux autochtones contre les Turcs, ce bastion assez bien conservé souffre malheureusement de la présence d'une kyrielle de boutiques touristiques qui se sont incrustées dans la moindre de ses niches.

Le vacancier poursuivra sa route à 20 minutes au sud, où se trouve le château de Bran. Ce superbe édifice est surtout connu comme ayant été au début du 20ème siècle la résidence d'été de la reine Maria Alexandra et de sa famille. Il a fait l'objet de fréquentes restaurations et est faussement présenté dans les pamphlets publicitaires de la région comme étant « le château de Dracula », alors qu'il n'existait pas au 15ème siècle.

Avant de continuer son chemin, le voyageur pourra se sustenter dans un des boui-bouis de Bran où, de préférence, retourner pour se faire à Brașov. Il prendra ensuite la direction du nord vers Sighișoara. Située à moins de deux heures au nord de Brașov, cette petit cité saxonne, dont le quartier historique est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, frappe par son esthétique médiévale. Au sein des murailles édifiées du 12ème au 17ème siècles, le touriste pourra entre autres admirer la Place de la Citadelle, l'église St-Nicolas et ses fresques gothiques, l'église du monastère des Dominicains et l'emblématique Tour de l'Horloge (''Turnul cu Ceas''). Un souper dans la veille ville s'impose et une nuit dans un des nombreux gites disponibles est recommandée.

Jour 3 : Sibiu

Sur le midi, après un dernier tour de ville et un léger repas, le pèlerin reprendra la route vers Sibiu, une autre cité saxonne, à une 1h30 au sud-ouest. Cette municipalité presque exclusivement allemande jusqu'au 20ème siècle était autrefois le point de convergence des routes commerciales de Transylvanie menant vers la Valachie. Elle se démarque par les vestiges de ses quatre enceintes médiévales, dont la Tour de l'Escalier, son plus ancien bâtiment qui relie la basse ville à la haute ville, sa cathédrale évangélique, sa Grande Place bordée de maisons à lucarnes à deux ou trois étages, le palais baroque Brukenthal et son musée, l'église des Jésuites et la Tour du Conseil.

Le voyageur s'attardera aussi à l'ancien hôtel de ville (''primăria veche''), à la cathédrale orthodoxe achevée en 1906 et à la Maison des Arts de la Petite Place. Il ne manquera pas de reprendre des forces dans une des nombreux restaurants de la basse ou de la haute ville et dans un des hôtels du quartier. Le lendemain, si le cœur lui en dit, il pourra pousser à l'ouest vers le grandiose château de Hunedoara, à 2h00 de route. Il devra toutefois prévoir une journée entière pour l'expédition et revenir à Sibiu pour y passer à nouveau la nuit.

Dans tous les cas, l'aventurier abordera le lendemain matin la Transfăgărăşan pour une expédition de 3h30 dans un panorama vertigineux. Cette route de montagne fut construite au début des années 1970 à la demande de Ceaușescu afin de permettre le déploiement rapide des forces militaires terrestres dans l'éventualité d'une invasion soviétique. Au terme d'un déploiement de lacets sinueux à plus de 2000 mètres d'altitude, le voyageur qui aura rarement dépassé les 40 km/h parviendra à la forteresse de Poienari, repaire de Vlad l'Empaleur. Comme la Transfăgărăşan est généralement fermée de novembre à la mi-juin et que son parcours n'est pas à la portée de tous les volants, on pourra toutefois jouer de prudence et se contenter d'emprunter l'autoroute nationale 7, pour un trajet de 2h30 entre Sibiu et Poienari, à travers le parc national Cozia.

Jour 4 : Sur les traces de Dracula

Transformé en vampire et rétrogradé en comte de Transylvanie par le roman de Bram Stoker, le voïvode Vlad III de l'ordre de Dracul est un personnage populaire en Roumaine, et notamment en Valachie, où se situent les vestiges de la forteresse de Poienari. Située sur un pic rocheux, cette fortification aurait été construite vers 1460 par des boyards enrôlés de force par Vlad, revenu de son exil en Turquie. Assoiffé de vengeance, le voïvode n'aurait eu aucune pitié pour ces nobles à qui il reprochait d'avoir fait mourir son père et un de ses frères en se liant à Iancu de Hunedoara et au clan des Dǎnești, et qu'il fit mourir à la tâche ou empala pour l'exemple.

Il ne reste malheureusement que peu de chose de la construction originale. L'explorateur qui aura le courage de gravir les 1480 marches menant aux ruines pourra toutefois contempler un paysage à couper le souffle et chercher à imaginer l'impitoyable empaleur défiant ses ennemis sur son destrier, avant d'avoir une pensée pour une de ses épouses, qui se serait jetée du haut de la falaise dans l'Argeș, pour échapper à une coalition de Valaques et de Turcs menée par l'autre frère de Vlad, Radu.

Après une escale à Curtea de Arges pour admirer ses églises, son monastère et la fontaine de Manole, le voyageur négligera un détour de 2h30 vers Târgoviște, ville natale la plus probable de Vlad III où subsiste la tour de Chindia, et rentrera plutôt après 2h00 de route à Bucarest pour passer devant le seul autre vestige encore sur pied qui est attribué au voïvode : les fondations d'une aile du palais Curtea Veche au centre-ville. Il s'attablera ensuite à l'une des terrasses regroupées à deux coins de rue plus loin, avant de rejoindre son logis, sous les hurlements des chiens abandonnés qui font la loi dans la capitale pendant la nuit.

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