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Theresa May sait-elle ce qu'elle veut au sujet du Brexit?

Alors que le gouvernement britannique fait sa rentrée, Theresa May va devoir continuer à s'atteler au véritable casse-tête chinois que constitue pour elle et son gouvernement, les suites du référendum du 23 juin.
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Alors que le gouvernement britannique fait sa rentrée, Theresa May va devoir continuer à s'atteler au véritable casse-tête chinois que constitue pour elle et son gouvernement, les suites du référendum du 23 juin ayant approuvé la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (le Brexit). La première ministre réunit en effet son gouvernement ce mercredi aux Chequers, la résidence de villégiature des premiers ministres britanniques, pour déterminer une ligne politique plus concrète que celle adoptée jusqu'à présent en se bornant à dire " Brexit signifie Brexit" (Brexit does mean Brexit").

Qui veut quoi au sein du gouvernement britannique?

Les premières fissures au sein même de son gouvernement sont apparues cet été.

Dès son arrivée au 10 Downing Street et alors que François Hollande effectuait une vite en Irlande puis au Portugal, Theresa May rencontrait Angela Merkel à Berlin. La chancelière lui faisait alors connaître son accord pour que le Royaume-Uni prenne le temps de la réflexion avant de déclencher l'article 50 du traité sur l'Union européenne.

Pendant ce temps, là, d'autres pays mettaient la pression sur Theresa May pour qu'au contraire elle déclenche la procédure très rapidement, comme la France qui a pourtant modulé sa vision d'un Brexit rapide après la réaction de la chancelière allemande.

Le mini-sommet historico-nostalgique de Ventotene du 21 août en Italie entre Angela Merkel, François Hollande et Matéo Renzi, n'a sur ce point pas apporté de précisions supplémentaires.

Mais l'été a, lui, apporté son lot de surprises s'agissant des difficultés que rencontre Theresa May quant à la procédure de déclenchement de l'article 50 du traité... La première ministre britannique s'est vue proposer, au sein même de son gouvernement, de renoncer à déclencher l'article 50 avant les élections présidentielles en France et législatives en Allemagne, ce qui repousserait la procédure à la fin de l'année 2017...

Une lutte d'influence post-Brexit

Bien qu'ayant démenti une telle approche, on ne sait toujours pas quand elle a l'intention de déclencher l'article 50 du traité. Cette attitude d'expectative intervient alors que le gouvernement issu du Brexit commence à présenter les premières fissures ainsi que des incohérences. Liam Fox, le ministre chargé du commerce international a exigé, dans une lettre rendue publique cet été, qu'une partie des attributions relevant du ministère des Affaires étrangères dont le titulaire est Boris Johnson, soient rapatriées vers son propre ministère, ce qu'a catégoriquement rejeté le principal intéressé et fortement irrité Theresa May alors en vacances en Suisse...

Son ministère, tout comme le ministère chargé du Brexit confié à David Davis, ne dispose pas des compétences humaines pour faire face à cette mission délicate. Plusieurs centaines d'experts manquent à l'appel ( il n'en aurait que 140 environ) ce qui ne l'a pas empêché de dire tout le mal qu'il pensait de l'Union européenne...

Le chancelier de l'échiquier Philip Hammond a,quant à lui, estimé qu'il fallait rester dans le marché unique, ce qui n'est pas de l'avis des Brexiters de façon générale...

Les attaques contre les minorités se sont multipliées ces derniers mois dans ce pays, à tel point qu'une commission gouvernementale a été obligée de se pencher sur ce problème.

Enfin, Andrea Leadsom, la ministre de l'Environnement et ancienne rivale de Theresa May à la tête du parti conservateur, a sérieusement dérapé en parlant de « monnaie d'échange » s'agissant des travailleurs de l'Union européenne présents en Grande-Bretagne pour obtenir de bonnes conditions du Brexit, comme s'il s'agissait d'otages. Cela n'est pas étonnant dans un pays où la parole raciste s'est libérée, ainsi d'ailleurs que les attaques visant les minorités et non pas seulement les Polonais qui sont tout de même 800.000 à travailler dans ce pays.

Les attaques contre les minorités se sont multipliées ces derniers mois dans ce pays, à tel point qu'une commission gouvernementale a été obligée de se pencher sur ce problème et assurer ces minorités de la protection des pouvoirs publics.

Quant à Theresa May, la première ministre a effectué une visite éclair en Europe centrale et s'est rendue à Varsovie pour s'excuser des attaques contre la communauté polonaise tout en reconnaissant que, dans les faits, pour négocier la libre circulation des travailleurs de l'Union européenne en Grande-Bretagne, il serait tenu compte des conditions faites aux citoyens britanniques...

Le Royaume-Uni en voie d'implosion?

Tout en continuant à dire haut et fort qu'elle voulait faire du Brexit un « succès politique », elle n'a pas pour autant démenti sur le fond sa ministre de l'environnement. La première ministre a enfin dit que l'accord qu'elle voulait négocier avec l'Union européenne ne devait ressembler à aucune autre...Ni au statut de la Suisse ni au statut de la Norvège avec l'Espace économique européen... La Norvège a d'ailleurs dit qu'elle n'était pas intéressée de se retrouver au sein de cette structure avec un pays qui ne lui laisserait plus aucun espace de manœuvre politique...

Entre temps, elle devra faire face aux menaces d'implosion du Royaume bien désuni, Nicola Sturgeon, la chef du gouvernement écossais ayant dit que le Brexit ne s'appliquait pas à l'Écosse!

Pour couronner le tout, une procédure a été engagée devant la haute cour de justice de Londres pour empêcher la première ministre d'exercer une prérogative royale qui lui permettrait de se passer de l'autorisation du parlement pour déclencher la procédure de sortie de l'Union européenne...

La tâche s'annonce pour le moins ardue et risque de provoquer de fortes secousses de l'autre côté de la Manche...

Il n'est pas sûr que le sommet de Bratislava prévu le 16 septembre puisse, dans ces conditions, se réunir en toute sérénité même si bien sûr la Grande-Bretagne n'aura plus droit au chapitre sur ce point puisque la vision future d'une Europe plus intégrée ne la concerne plus.

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