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Comment mettre fin aux projets d'oléoducs en 4 étapes faciles

Après la victoire sur Énergie Est au Québec, il importe d’être solidaires et de soutenir les luttes en cours pour bloquer ces projets.
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kodda via Getty Images

Tandis que le prix du pétrole stagne et que la croissance des énergies renouvelables s'accélère partout dans le monde, on comprend difficilement pourquoi nos gouvernements continuent d'encourager les oléoducs, mais telle est la dure réalité. Le dernier exemple étant le pipeline Keystone XL de TransCanada qui vient d'obtenir un permis de construction de la part de l'État du Nebraska et qui a été accueilli favorablement par le gouvernement Trudeau.

En dépit de toutes les promesses de Justin Trudeau, lui et son déplorable homologue Donald Trump sont en train de précipiter la construction de trois nouveaux pipelines pour acheminer le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers la Colombie-Britannique ou les États-Unis.

Après la victoire sur Énergie Est au Québec, il importe d'être solidaires et de soutenir les luttes en cours pour bloquer ces projets.

Ces trois projets d'oléoducs transportant le pétrole des sables bitumineux sont l'expansion de Trans Mountain de Kinder Morgan, Keystone XL (KXL) de TransCanada et la Ligne 3 d'Enbridge. S'ils sont construits, ils poseraient une menace pour l'eau potable et l'océan Pacifique, bafoueraient les droits des Autochtones et seraient désastreux pour le climat. Pour ces raisons, et bien d'autres, les gens se mobilisent pour les stopper.

Mené par les Premières nations réparties sur l'île de la Tortue (Amérique du Nord), ce mouvement de citoyens préoccupés par la santé, la sécurité et l'avenir de tous met en oeuvre quatre tactiques principales pour arrêter la construction de ces pipelines.

Fournie par Greenpeace

Une résistance sur le terrain

Sur le terrain, les communautés autochtones et leurs alliés manifestent leur opposition à ces dangereux pipelines .

Le long du tracé du pipeline Kinder Morgan, les protecteurs de territoire Secwepemc construisent des mini maisons, les équipant de panneaux solaires et les placent directement sur le tracé du pipeline qui traverserait leur territoire. Ces guerrières et guerriers (Tiny House Warriors) ont l'intention de construire dix mini maisons (dont trois ont déjà été construites) pour signifier à Kinder Morgan qu'elle n'est pas bienvenue ni autorisée sur le territoire Secwepemc.

Au Nebraska, les agriculteurs construisent sur le parcours de KXL des panneaux solaires, des granges solaires et s'associent à des tribus autochtones pour planter du maïs sacré Ponca. Les panneaux solaires sont déjà opérationnels, produisent de l'énergie propre et plus d'espoir que le pipeline de TransCanada ne pourra jamais en apporter au Nebraska.

Au cours des dernières semaines, ce camp a pris une ampleur considérable pendant les audiences réglementaires à proximité de la Ligne 3.

Pour s'opposer à Enbridge, un camp de protestation ressemblant aux premiers jours de Standing Rock a pris forme au Minnesota. Le camp de Makwa a été formé en août sur une réserve indigène en périphérie de Duluth. Au cours des dernières semaines, ce camp a pris une ampleur considérable pendant les audiences réglementaires à proximité de la Ligne 3.

Des centaines de personnes séjournent maintenant dans ce camp.

Contester la construction de pipelines devant les tribunaux

Les nations autochtones et les groupes alliés portent également la cause des oléoducs devant les tribunaux.

Le pipeline de Kinder Morgan fait face à 19 poursuites. Les arguments entendus s'étalent des répercussions néfastes que le pipeline aurait sur les épaulards en voie de disparition (menant probablement à leur extinction) à l'absence de mesures de sécurité pour protéger les résidents de Burnaby contre une catastrophe de grande envergure au terminal de stockage de Kinder Morgan, en passant par le refus de la Première Nation de Cold Water dont la principale source d'approvisionnement en eau potable serait menacée par ce projet visant l'exportation de plus de pétrole des sables bitumineux vers les marchés mondiaux.

Aucun pipeline n'a la voie libre sur le plan légal, et il faudra sans doute un certain temps avant qu'elle ne se libère, si jamais elle se libère.

Des poursuites judiciaires ont également été lancées contre la Ligne 3 et KXL, et d'autres contestations judiciaires sont en préparation. Aucun pipeline n'a la voie libre sur le plan légal, et il faudra sans doute un certain temps avant qu'elle ne se libère, si jamais elle se libère.

Poursuivre la lutte auprès des ceux qui financent la destruction:

Il y a 25 institutions financières-clés qui sont les principaux financiers des trois sociétés qui menacent de construire de nouveaux pipelines pour le transport du pétrole de sables bitumineux. Parmi ces banques, neuf sont canadiennes et les autres sont des banques américaines et internationales.

Les bailleurs de fonds canadiens sont les suivants :

- Banque Royale du Canada (basée à Toronto)

- Banque Scotia (Toronto)

- Banque Toronto-Dominion / Banque TD (Toronto)

- Banque canadienne impériale de commerce / CIBC (Toronto)

- Banque de Montréal (Montréal)

- Banque Nationale du Canada (Montréal)

- Exportation et développement Canada (EDC)(Ottawa)

- Alberta Treasury Branches (Edmonton)

- Mouvement Desjardins (Lévis)

Parmi les banques américaines, on retrouve :

- JP Morgan Chase (dont le siège se trouve à New York, NY)*

- Wells Fargo (San Francisco, CA)*

- Bank of America / Merrill Lynch (Charlotte, NC)*

- Citibank (New York, NY)*

- Morgan Stanley (New York, NY)

Les banques à travers le monde :

- Deutsche Bank (Frankfurt, Allemagne)*

- Barclays (Londres, GB)*

- HSBC (Londres, Hong Kong)*

- Banque de Tokyo Mitsubishi UFJ / MUFG (Tokyo, Japon)*

- Banque Mizuho (Tokyo, Japon)*

- Crédit Suisse (Zurich, Suisse)*

- Crédit Agricole (Montrouge, France)*

- Banque Sumitomo Mitsui / SMBC (Tokyo, Japon)*

- DNB Capital / ASA (Oslo, Norvège)

- Société Générale (Paris, France)

- Banque de Chine (Beijing, Chine)

Fournie par Greenpeace

Déjà, des organisations telles Greenpeace travaillent déjà à freiner le financement de ces pipelines destructeurs en incitant les banques à se placer du bon côté de l'histoire et à se retirer du financement de pipelines.

Récemment, une coalition d'organisations dirigée par des Autochtones a tenu des journées internationales de protestation contre les bailleurs de fonds des pipelines. Mazaska Talks ("Mazaska" veut dire argent en lakota) a entrepris plus de 50 actions sur des banques à travers les États-Unis et le Canada, ainsi que des dizaines d'autres dans des villes du monde entier.

Les banques commencent déjà à le remarquer. Le mois dernier, BNP Paribas, la 8 banque mondiale, a annoncé qu'elle ne financerait plus les oléoducs qui transportent principalement du pétrole et du gaz de schiste ou du pétrole des sables bitumineux et cesse ses relations commerciales avec les entreprises qui tirent la majeure partie de leurs revenus de ces activités.

Cela fait suite à une annonce similaire de la banque néerlandaise ING et du plus grand fonds de retraite de la Suède AP7. Tout récemment, la banque centrale de Norvège, chargée de la gestion du fonds souverain, le plus riche du monde avec une valeur de plus de 1005 milliards de dollars, a estimé qu'il était temps de se désengager des secteurs du gaz et du pétrole!

À l'ère des énergies renouvelables

Tandis que se poursuit la résistance sur le terrain, devant les tribunaux et auprès des banques du monde entier, les énergies renouvelables trouvent leur place au soleil partout sur la planète.

Dans deux ans, 100 % de l'approvisionnement en électricité de l'Écosse proviendra de l'énergie renouvelable. D'autres pays comme l'Islande et le Costa Rica en sont déjà là et c'est déjà le cas pour le Québec. Rien qu'aux États-Unis, plus de 2,7 millions d'Américains travaillent déjà dans le domaine de l'énergie solaire, éolienne et énergétique.

En plus de tout cela, des constructeurs automobiles, notamment General Motors et Toyota, se sont engagés à éliminer progressivement le moteur à combustion et à opter pour des véhicules entièrement propulsés à l'électricité. Des pays entiers comme l'Inde, la France, la Grande-Bretagne et la Norvège se sont engagés dans la même voie.

Les Premières Nations engagées dans la lutte contre les sables bitumineux ont également pris position pour les énergies renouvelables. La Première Nation Chipewyan d'Athabasca, les Cris du lac Lubicon et la Première Nation de Cold Lake ont tous leurs projets d'énergie solaire dans leurs collectivités et d'autres projets sont prévus pour l'avenir.

Il faut se rendre à l'évidence: nous entrons dans l'ère des énergies renouvelables. C'est à nous d'accélérer le pas et de repousser les projets dangereux qui nous emmènent dans une direction opposée.

Comment pouvez-vous agir

Ensemble, nous pouvons renverser la vapeur quand il est question de pipelines de sables bitumineux et instaurer des systèmes d'énergies renouvelables qui fonctionnent pour nos collectivités et notre environnement. C'est en se tenant debout aux côtés des protecteurs autochtones et des communautés sur le terrain, devant les tribunaux et auprès des banques que nous allons gagner.

Ce texte est cosigné par Mike Hudema.

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