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Le remodelage du Moyen-Orient

Le Moyen-Orient vit une crise sans précédent qui a donné naissance à un monstre incontrôlable. Daech risque de s'étendre dans toute la région et se propage déjà en Europe, en Afrique et en Asie Centrale.
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INTERNATIONAL - Le Moyen-Orient vit une crise sans précédent qui a donné naissance à un monstre incontrôlable. Daech risque de s'étendre dans toute la région et se propage déjà en Europe, en Afrique et en Asie Centrale.

Pour combattre ce fléau, deux lignes s'affrontent actuellement au sein de la communauté internationale :

La première, conséquence de la stratégie du "chaos constructeur" des néo conservateurs américains, qui veulent instaurer la démocratie à tout prix dans les pays arabes et sont prêts pour cela à s'accommoder d'un "islamisme démocratique" version Frères Musulmans, pourvu que ce résultat soit le choix du peuple. Cette analyse est partagée par Israël et soutenue par la Turquie et le Qatar .

Cette stratégie a déjà échoué dans 3 pays des "Printemps arabes":

La Tunisie dont la victoire d'Ennahda a mené à une déstabilisation du pays et qui grâce à la mobilisation de la société civile a empêché la main mise des islamistes sur le pays et a conduit à l'élection de Caïd Beji Essebsi ; l 'Egypte dont les premiers mois de pouvoir ont provoqué un vaste mouvement de protestation, Tamarod, et a conduit ainsi à l'élection du maréchal Abdel Fattah al Sissi, retour au pouvoir de l'armé et la Libye qui est plongée dans un chaos et dont on ne parvient pas vraiment à déceler le côté "constructeur".

Cette stratégie a atteint son apogée en Syrie : les plans ne se sont pas passés comme prévus ; grâce à l'aide de l'Iran et au soutien de la Russie, Bachar el Assad est resté maître chez lui, dernier rempart avant un chaos assuré...

La conséquence de cette stratégie du "chaos constructeur" a été la création par Daech d'un califat sur une partie de l'Irak et de la Syrie, créant ainsi un monstre incontrôlable qui a galvanisé les autres groupes djihadistes déjà établis en Syrie, tel le Front Al Nosra créé par la branche syrienne des Frères Musulmans, aidé en cela par la Turquie et sous l'œil bienveillant d'Israël et qui y voyait là un moyen probablement efficace de combattre le régime de Bachar el Assad.

Les défenseurs de cette stratégie sont prêts à échanger la "sois disant" sécurité d'Israël et l'acheminement à travers la Syrie du gaz venu de la bande de Gaza contre un gouvernement inspiré des Frères Musulmans en Syrie avec sa cohorte de privation de liberté.

La deuxième ligne, inspirée de la "Realpolitik", tire les leçons des échecs précédents dans les pays du "Printemps arabe" et cherche à pousser à bout le processus diplomatique à la fois avec Téhéran et Moscou afin d'amener toutes les parties du conflit à discuter et à œuvrer pour une solution politique en Syrie.

Les protagonistes de cette ligne refusent de tomber dans le piège de la confrontation entre sunnites et chiites.

Ils acceptent de nommer clairement l'ennemi "Daech".

Cette ligne est soutenue par l'administration Obama, les Emirats Arabes Unis, la Jordanie, la Russie et l'Iran et très récemment même par l'Arabie Saoudite qui perçoit la menace de Daech sur le royaume des Saoud.

Ils préfèrent mettre fin au conflit syrien le plus rapidement possible, même si cela passe par une négociation avec Bachar El Assad, comme l'a suggéré le secrétaire d'Etat américain, John Kerry afin d'installer un gouvernement provisoire comprenant toutes les tendances de l'opposition, y compris les kurdes qui viennent de remporter des victoires contre Daech notamment à Kobané, devenue un symbole. Ils savent que l'Iran est indispensable pour combattre Daech en Irak et notamment pour reprendre la ville de Mossoul et de Tikrit, sous le commandement du général Kacem Soleimani. Ils reconnaissent le rôle déterminant de la Russie dans les négociations de paix déjà entamées à Moscou.

Les négociations sur le nucléaire iranien et la réintégration de l'Iran chiite dans le concert des nations sont le point de confrontation entre ces deux lignes.

Le camp des néo conservateurs américains, et de la droite Israëlienne, suivi par certains pays d'Europe dont la France est prêt à faire échouer un accord sur le nucléaire iranien, estimant qu'il est impossible de faire confiance à l'Iran ; ils prennent ainsi le risque d'attiser le conflit entre chiites et sunnites, et de galvaniser les durs du régime iranien et les plus extrémistes des sunnites.

De plus cette stratégie ne protège en aucune manière la sécurité d'Israël, bien au contraire.

Alors qu'une réconciliation avec l'Iran sur la base d'un bon accord ouvrirait de nouvelles perspectives pour la sécurité du Moyen-Orient et redistribuerait les cartes de façon plus équilibrée, en rendant possible la création d'un état palestinien..

Cela passe par l'amorce d'un rapprochement entre Ryad et Téhéran ; la récente visite au Président Hassan Rohani du ministre des affaires étrangères jordanien, Nasser Joudeh et le rôle très actif du Sultan d'Oman, Qabus Ibn Said vont déjà dans ce sens. Ils cherchent également à faire admettre à Israël que l'Iran est un adversaire à ne pas combattre mais à tolérer.

Elle ouvrirait ainsi la voie à un front commun entre l'Egypte, les Emirats Arabes Unis, obligeant l'Arabie Saoudite à intégrer ce front, pour lutter contre Daesh et al-Qaïda que ce soit en Syrie, en Irak et au Yémen ou seule une négociation entre Houthis et Sunnites pourra stopper le début de guerre civile et même en Libye ou une coalition des pays arabes, menée par le Maréchal Sissi est déjà en train de s'organiser pour essayer de venir à bout d'un chaos qui risque de se propager en Tunisie et dans tout le Sahel.

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