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À l'heure où le monde vit de nombreuses tensions, Montréal se cherche une vocation à l'international. L'ancienne métropole du Canada, sur la touche depuis quelques décennies, dispose toujours d'atouts intéressants dans son jeu.
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Quelques perspectives d'avenir pour une relance des atouts diplomatiques de Montréal

À l'heure où le monde vit de nombreuses tensions, Montréal se cherche une vocation à l'international. L'ancienne métropole du Canada, sur la touche depuis quelques décennies, dispose toujours d'atouts intéressants dans son jeu. Deux agences de régulation de l'aviation civile, l'OACI et l'IATA, sont implantées en plein cœur de la cité et le Qatar n'aura pas réussi à mettre la main sur l'OACI en dépit d'une vigoureuse campagne de maraudage auprès d'autres états proches du monde arabe et du Moyen-Orient.

Outre les deux agences en question, Montréal abrite, aussi, les sièges sociaux d'un nombre important d'organismes de coopération internationale et toute une pléiade de consultants actifs sur le front du courtage, des échanges commerciaux, de la traduction, du commerce international et, bien entendu, une masse critique de consulats qui témoigne de la pérennité du caractère international et ... quasi diplomatique de Montréal.

À l'heure des grands conflits

Nous assistons à une recrudescence des affrontements entre grandes puissances, par régions ou pays interposés. Cette tension est préoccupante à plusieurs égards puisqu'elle laisse présager de grands bouleversements sur l'échiquier des relations diplomatiques à l'heure où l'Empire américain - et ses alliés respectifs - refuse toujours d'intégrer l'ordre d'un monde multipolaire. 10 ans après l'invasion de l'Irak nous assistons, impuissants, à la répétition - à l'identique - du même scénario d'une «guerre préventive» en direction de la Syrie, dans un contexte où une telle intervention risque fort de faire éclater la poudrière du Moyen-Orient. Il est minuit moins cinq.

Le Québec, Suisse de l'Amérique du Nord

Le Québec, sorte de Suisse de l'Amérique du Nord, fait les frais d'une diplomatie canadienne strictement alignée sur les velléités belliqueuses de l'Oncle Sam et de sa nébuleuse d'affidés. Pourtant, le Québec s'est acquis une réputation enviable à l'international au niveau de son apport dans le domaine du génie-conseil (2 des 10 plus importants cabinets mondiaux étaient implantés au Québec il n'y a pas si longtemps), de l'aide en matière de développement économique ou socioculturel et certains de nos leaders ont même participé à des médiations aux incidences cruciales. On a qu'à se rappeler le rôle de la juge québécoise Louise Harbour au sein de la Cour pénale internationale (CPI).

En outre, le Québec est la province canadienne qui jouit de la plus grande pénétration dans les eaux de l'hémisphère nord. À l'heure actuelle, ne l'oublions pas, la Russie, les États-Unis, le Canada et la Scandinavie mènent une vigoureuse lutte pour se positionner au cœur d'un Pôle Nord appelé à devenir une zone d'influence de prime importance à court terme. Le Québec aurait intérêt à tirer parti de sa position géostratégique et à développer un pont diplomatique avec la Russie, histoire d'équilibrer ... son portefeuille d'alliés stratégiques. Un dicton ne dit-il pas qu'il vaut mieux rendre des comptes à deux protecteurs que d'être livré à la merci d'un seul et unique allié.

Nouvelle convergence d'intérêts

L'indépendance du Québec ne peut pas se jouer à un niveau local ...Les enjeux sont pliés d'avance. C'est ainsi que pour se prémunir d'une éventuelle réaction musclée du monde anglo-saxon, l'état québécois devra élargir son champ d'action à l'international. Bien des stratèges québécois ont tendance à oublier - ou à nier - le fait qu'une éventuelle séparation du Québec aura un impact sur l'organisation territorial de l'Amérique du Nord. Le fleuve Saint-Laurent pourrait être appelé à jouer, à nouveau, un rôle prépondérant dans un contexte où les flux d'échanges commerciaux transitant par Montréal ne seront pas éternellement destinés à desservir les cités riveraines des Grands Lacs. Montréal aurait tout intérêt à tirer parti de ses accointances avec plusieurs cités de la Nouvelle-Angleterre, à l'instar des Boston de ce monde. Et, dans le même ordre d'idées, que dire de l'option de sécession dont dispose l'état du Vermont ?

À l'heure des non-alignés

Montréal pourrait bien redevenir le centre nodal d'une nouvelle convergence d'intérêts géopolitiques qui transcenderaient son rôle traditionnel d'interface entre l'Ontario et la Côte Est américaine. Certains, à l'instar de Serge Losique, fondateur du Festival des films du monde, ont déjà préconisé que l'ONU déménage ses pénates en direction de Montréal. Un important projet de développement urbain a d'ailleurs été mené concernant cette éventualité et plusieurs scénarios d'implantation d'un futur quartier général de l'ONU avaient été étudiés à partir d'un site situé aux abords du Quai Bickerdike, dans le Vieux-Port de Montréal.

Toutefois, le scénario d'une éventuelle implantation du siège de l'ONU à Montréal ne tient pas la route. En effet, l'ONU est une organisation qui a été lourdement discréditée depuis les premières interventions américaines en Irak, au début des années 1990, alors que plusieurs de ses décisions exécutoires ont été allègrement bafouées par l'OTAN, bras armé d'un empire qui ne s'embarrasse guère des règles de la diplomatie postmoderne. Même le Conseil de sécurité de l'ONU assiste, les deux bras croisés, aux coups de poker des stratèges militaires de l'Empire. Exit donc ce scénario qui ne contribuerait qu'à discréditer Montréal à moyen terme.

Si le siège de la Société des Nations (SDN) a déjà été à Genève, une «petite ville» en Suisse, Montréal pourrait fort bien abriter le siège du Mouvement des pays non-alignés (120 états) qui est situé à Lusaka, en Zambie. Cet organisme fédère près de 55 % de la population mondiale et certaines puissances intermédiaires, à l'instar du Brésil ou de la Chine, y siègent en qualité d'observateurs non-participants. Les aspirants à la direction de la mairie de Montréal devraient élargir leur carte heuristique (ou carte mentale) afin de prendre en considération un tel scénario. Montréal pourrait fort bien se qualifier pour que le cœur de la nouvelle diplomatie vienne s'y établir. Une diplomatie à l'image véritable du nouveau millénaire, dans un contexte où le monde sera multipolaire ou ... ne sera pas.

Lire d'autres textes de Patrice-Hans Perrier sur son site web personnel

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