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De l'alternance en régime électoral

Le Québec n'échappe pas à ce bipartisme qui constitue la règle d'or de nos démocraties parlementaires implantées des deux côtés de l'Atlantique. Aujourd'hui, les élus du Parti libéral du Québec tentent de nous imposer des mesures d'austérité qui nous rappellent la médecine des commissaires qui sévissent à Bruxelles.
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Le Québec n'échappe pas à ce bipartisme qui constitue la règle d'or de nos démocraties parlementaires implantées des deux côtés de l'Atlantique. Aujourd'hui, les élus du Parti libéral du Québec tentent de nous imposer des mesures d'austérité qui nous rappellent la médecine des commissaires qui sévissent à Bruxelles. Il convient donc d'atteindre un «déficit zéro» alors que la crise économique des années 2008-09 ne s'est même pas résorbée. Plusieurs ministères subiront des «coupes à blanc» qui les amputeront d'une part importante de leurs prérogatives. Les prestataires de services - toutes catégories confondues - n'auront qu'à prendre leur mal en patience, tout en priant que le destin leur épargne son lot d'imprévus funestes.

Une crise larvée qui s'étire

Dans ce contexte de crise larvée, un mouvement de grogne a gagné une partie de la jeunesse estudiantine. Certains leaders à la tête d'une poignée d'associations étudiantes ont lancé des mots d'ordre pour que les universitaires et les collégiens se mettent en grève, histoire de contester tout ce bouquet de mesures d'austérité qui n'augurent rien de bon. Tentant de rééditer le fameux «printemps érables» de 2012, une poigné de carabins se prenant pour des Robespierre aura eu la malencontreuse idée de prendre d'assaut les locaux de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) mercredi le 8 avril dernier. Des malabars masqués, autoproclamés révolutionnaires, ont vandalisé plusieurs locaux et équipements de cette université populaire. La police antiémeute fut mandée sur place, une première dans les anales universitaires, afin d'expulser manu militari cette cohorte d' «antifas» aux ordres d'obscures obédiences politiques...

Malheureusement pour nos activistes du Dimanche, l'immense majorité de la classe estudiantine refuse de se joindre à ce qui ressemble à la réédition d'un concept de «grève étudiante» qui semble taillé sur mesure pour tenter de déstabiliser le nouveau gouvernement aux manettes. Qui plus est, de récents sondages d'opinion indiquent que plus de 60 % des Québécois refusent de cautionner cette levée de boucliers qui fait penser à un feu de paille. Il faut dire que le «bon peuple» en a un peu marre d'avaler le discours des médias dominants qui encensent invariablement les écarts de conduite de certains groupuscules «étudiants».

S'il est vrai qu'une part des revendications mises de l'avant par les trublions semble légitime, c'est le timing politique qui ne l'est pas. Le Parti libéral du Québec ayant été élu il y a à peine une année, le citoyen lambda n'a manifestement pas le goût de «casser la baraque». Tout un chacun tentant plutôt de «sauver son cul», dans un contexte où plus du tiers des électeurs ne se sont pas prévalus de leur droit de vote. Comme en France, le commun des mortels n'est définitivement plus représenté par la classe politique québécoise. Les minorités agissantes élisent des majorités molles.

Le narratif des médias

Nos médias locaux, tous sous la coupe de la société d'État Radio-Canada, sorte de bureau de la propagande impériale, reprennent en boucle l'antienne d'un conflit étudiant qui s'apparente de plus en plus à une tentative de «révolution colorée».

Explications.

Nous avons eu les événements du printemps 2012, alors qu'un «mouvement étudiant» instrumenté par les forces d'opposition au Parti Libéral du Québec aura pris une ampleur inattendue au point de jeter le discrédit sur les forces de l'ordre comparées à une véritable «police politique». Perturbant le centre-ville de Montréal, plusieurs mois durant, ce mouvement de contestation aura permis de déstabiliser l'équipe politique en place. Moussé à l'unisson par tous les grands médias, ce mouvement permit au Parti québécois de prendre le pouvoir l'automne suivant.

Disposant d'un mandat minoritaire, le Parti québécois ira, commentant bourbe après bourbe, vers une défaite cuisante ... une année et demie après avoir été élu. Incapables de faire quoi que ce soit de concret pour contrer la crise économique ambiante, nos socio-démocrates de salon vont s'engluer dans les sables mouvants d'un projet de charte des valeurs qui finira par les achever. S'inspirant de la tristement fameuse charte française de la laïcité, œuvre de Vincent Peillon, les caciques de la formation «socialiste» québécoise tenteront de mobiliser la population autour d'un projet supposément fédérateur, mais qui s'avéra, au final, n'être qu'un facteur de discorde.

Le triste tango politique

Le Parti libéral du Québec (PLQ) reprendra le pouvoir une année et demie plus tard. Au printemps 2014. Sorte d'UMP québécoise, ce parti surfe sur le vote acquis d'avance auprès de la puissante minorité anglo-saxonne de l'ouest de l'île de Montréal et de la majorité des ressortissants des communautés culturelles de la province. Le Parti québecois (PQ) - un parti pseudo-indépendantiste - est l'équivalent parfait du Parti socialiste français. Il s'agit, de facto, du fameux binôme qui fait partie du modus operandi du théâtre politique occidental depuis plus d'un demi-siècle. UMPS en France et PLQPQ ... de l'autre côté de l'Atlantique.

Invariablement, le Parti québécois réclame plus de «justice sociale» dès qu'il est privé du pouvoir et fustige son vis-à-vis qui est accusé d'être aux ordres du grand capital et des fédéralistes aux commandes à Ottawa. Puis, par un savoureux retournement de situation, dès que le PQ reprend les manettes du pouvoir, il reproche à son vis-à-vis d'avoir dilapidé les fonds publics par le truchement d'appels d'offres douteux favorisant les oligarques des grands travaux publics, du génie-conseil et de la construction. Prétextant devoir assainir les finances, et voulant s'afficher comme une formation responsable économiquement, les Tartuffes du PQ sabrent dans les dépenses publiques en agissant comme ceux qu'ils dénonçaient alors qu'ils étaient dans l'opposition. Puis, les médias réagissant en pointant du doigt les incongruités d'une telle gestion, nos pseudos socialistes se mettent à investir dans de nouveaux grands projets supposés structurants. Avec les dérives que l'on connaît ... les médias aux ordres se déchaînent en réclamant une gestion plus adéquate des fonds publics et, profitant de quelques fumeuses révélations, préparent le retour aux manettes des oligarques du Parti libéral. Les libéraux, fiers de leur réputation néolibérale, reprennent le pouvoir, coupent dans les dépenses publiques et refilent de nouveaux contrats juteux aux corporations qui les financeront durant les futures périodes passées au banc de l'opposition.

Comme en France, comme en Belgique, ou partout ailleurs en occident, le commun des mortels ne s'intéresse plus guère à ce manège qui fonctionne depuis plusieurs décennies. Ainsi, invariablement, élection après élection, plus du tiers des Québécois ne vont PAS voter. C'est donc dire que les gouvernements successifs sont élus par des minorités agissantes, aux visées essentiellement corporatistes.

Du côté du centre-droit, pour ne pas les nommer, on retrouve les capitaines d'industrie, les financiers, les professionnels les plus huppés, le noyau dur d'une élite anglo-saxonne qui travaille la nation québécoise au corps depuis deux siècles et demi.

Et, du côté de nos pseudo-socialistes, toutes les grandes corporations syndicales qui représentent les employés de l'état pèsent de tout leur poids. Avec une part importante de la médiacratie et des industries dites «culturelles».

Il y a bien quelques indécis qui dansent le tango d'une formation à l'autre, mais l'essentiel de l'électorat du binôme est captif. Comme aux États-Unis ou en France, un parti qui recueille plus de 30 % du vote (sur la portion des 65 % qui se sont déplacés pour aller voter) sera en mesure d'imposer la volonté d'une des deux grandes familles corporatives. C'est donc dire qu'une masse importante de jeunes citoyens, de travailleurs précaires ou autonomes, d'agriculteurs, de petits entrepreneurs, d'assistés sociaux ou d'immigrants nouvellement arrivés n'est tout simplement pas représentée. C'est plus qu'un déni de démocratie, c'est une abjecte «dictature molle».

Vieillissement de la population

Il se trouve que nos oligarques prennent un coup de vieux et désirent préparer le terrain politique pour leurs rejetons. Les caciques du PQ, à l'instar des Cohn Bandit et autres tartuffes de l'Hexagone, ont pris un coup de vieux et sentent qu'ils devront préparer la relève avant de passer (pardonnez-moi l'expression) «l'arme à gauche». C'est ainsi qu'un des leaders les plus en vue du mouvement étudiant du printemps 2012, Léo Bureau-Blouin, a rapidement été élu député de la formation péquiste. Il fallait s'y attendre, le principal intéressé, provenant de la nomenklatura culturelle, s'est habillement positionné au beau milieu de la tourmente estudiantine pour se retrouver aux premières loges du pouvoir en fin de parcours. La réédition du scénario au printemps 2015, avec beaucoup moins de tonus cependant, nous a permis de comprendre que la «gauche caviar» québécoise utilise les organisations étudiantes comme un tremplin afin de (a) déstabiliser les forces adverses (PLQ) et de (b) propulser ses rejetons dans l'arène politique.

Encore une fois, nul besoin d'être un analyste politique pour comprendre que «le roi est nu».

Strates socioculturelles prises en otage

Ici, il serait pertinent de souligner la stratégie adverse, soit les manœuvres du Parti libéral du Québec, lorsque le PQ est au pouvoir. L'équipe pseudo social-démocrate de Pauline Marois aura pris les manettes du pouvoir durant une année et demie, de l'automne 2012 au printemps 2014. Incapable de juguler la crise économique ambiante, complice des tractations concernant les accords du Grand Marché transatlantique (TAFTA), la première ministre péquiste s'en remettra aux suggestions d'une poignée de stratèges manifestement aux «premières loges» des mouvements de l'ombre qui structurent nos démocraties en berne.

S'inspirant de la montée de l'islamophobie ambiante, prenant exemple sur les mesures draconiennes mises de l'avant par la classe politique française et profitant de l'exaspération d'une majorité des Québécois face au cancer généré par le communautarisme ambiant, l'équipe du Parti québécois ne lésinera pas sur les moyens afin de concocter son projet de Charte des valeurs de la laïcité.

Il faut croire que les deux principales formations politiques québécoises font équipe en définitive! Les ténors du Parti libéral du Québec - tenant en otage l'immense majorité des nouveaux immigrants - ont sauté sur l'occasion pour jouer les vierges offensées. Les médias dominants oubliant leur antienne pro-grève étudiante se sont relayés nuit et jour afin de dénoncer ce projet de charte qui s'apparentait de plus en plus à une opération de discrimination envers certaines minorités, plus particulièrement les 250 000 musulmans du Québec. Ce projet de charte des valeurs, censé être une carte gagnante, s'est retourné contre ses auteurs et aura permis aux néolibéraux québécois de se retrouver au pouvoir ... plus vite que prévu !

Curieusement, les mêmes ténors péquistes (pour ne pas les nommer) réactivent certains relais de l'information - grands médias et médias dits alternatifs - pour remettre au goût du jour (a) une révolte étudiante de moins en moins crédible et (b) un projet de charte d'une laïcité qui est toujours à géométrie variable en définitive. Il y a manifestement répétition du même scénario et, conséquemment, nous prenons acte. Les dés sont pipés et les acteurs politiques font preuve d'une collusion qui ne dupe plus personne.

Il est manifeste que les étudiants et une part importante de la jeunesse désoeuvrée sont utilisés comme monnaie politique par les caciques du Parti québécois. Idem pour de larges pans des communautés culturelles au service de la stratégie de diabolisation du nationalisme québécois mise de l'avant par les huiles du Parti libéral du Québec. Pendant que les «idiots utiles» du système électoral québécois sont mis à contribution, une majorité de citoyens est laissée pour compte. Il n'y a personne qui s'occupe du «peuple réel» au moment de composer cette analyse. Hormis la Coalition Avenir Québec (CAQ), une formation entièrement fabriquée par un petit groupe d'oligarques, personne ne s'intéresse à la majorité silencieuse du Québec. Curieusement, l'électorat de la CAQ s'apparente à celui du Front national, en France, mais cette comparaison s'arrête là. Le programme électoral de la CAQ représentant une sorte d'appendice de celui du PLQ, il n'y a rien qui suinte de cette formation qui pourrait laisser présager une quelconque velléité d'indépendance face aux marchés tout puissants et ... face à notre bien-aimée Couronne britannique.

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