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Croire au possible

ENSEIGNER AU 21eSIÈCLE - J'ai eu envie de me donner une mission: celle de remplir leur quotidien d'un peu de folie, de plus de vie afin de leur donner le goût d'apprendre.
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Pourquoi suis-je enseignante? Après des études en psychologie, j'ai eu envie de travailler auprès des enfants parce qu'à ce stade, il est encore possible de les émerveiller. J'ai eu envie de me donner une mission: celle de remplir leur quotidien d'un peu de folie, de plus de vie afin de leur donner le goût d'apprendre.

Notamment, il m'est arrivé de monter trois étages avec un micro-ondes entre les bras pour cuisiner des barres tendres en classe, avec eux. J'aime les surprendre et les sortir de leur zone d'inconfort scolaire. En effet, on ne se le cachera pas, ce ne sont pas tous les enfants qui sont à l'aise à l'école. Bien souvent ces enfants moins performants sont ceux qui ont le plus besoin de notre soutien et surtout, d'apprendre autrement qu'en remplissant un cahier d'exercices.

Au quotidien, j'analyse la pub avec eux afin d'en faire des consommateurs avisés. On fait de l'impro, du théâtre, de la poésie, on écoute de la musique qu'on essaie de comprendre ensemble. Je les pousse à s'extérioriser, à prendre des risques. On réalise aussi des expériences scientifiques: étudier la gravité en laissant tomber des œufs du troisième étage, démystifier la portance de l'avion en lançant des avions en papier. Ne vous affolez pas, il y a une démarche scientifique rigoureuse derrière chacune de mes activités.

En classe, on s'interroge aussi sur la politique en jetant un coup d'œil à l'actualité mais aussi en tournant notre regard vers l'histoire. J'essaie de les amener à se positionner face au monde qui les attend et qui les interpelle déjà. Si on le leur permet, ils sont capables, dès ce jeune âge, d'être et d'agir en citoyens responsables et actifs. Ils rêvent d'un monde meilleur. Ils aiment s'impliquer lorsqu'on le leur permet.

Je suis devenue enseignante parce que j'ai eu envie d'allumer leur regard, de piquer leur curiosité et de les amener, tranquillement, à se trouver eux-mêmes des réponses. J'aime leur lancer des défis, leur apprendre que les belles idées ne fonctionnent pas toujours du premier coup et qu'il ne faut pas abandonner mais plutôt, persévérer. J'aime les voir relever les épaules, fiers, devant leurs réussites.

Je suis devenue enseignante parce que j'ai eu envie de faire sourire les enfants car ils sont notre souffle, notre futur, notre réflexion. À petite échelle, je prépare la société de demain. Peut-être réussira-t-elle où nous échouons en ce moment? Il me semblait que c'était là la profession la plus noble, la plus signifiante qui soit.

«Évidemment, je rêve d'une société qui accorderait la même valeur que moi à l'éducation.»

J'y travaille depuis 17 ans. Je suis toujours passionnée, parfois essoufflée, parfois découragée, mais la flamme brûle toujours. Et quand ça va mal, on s'explique, avec des mots, on tente de se comprendre malgré nos différences, mais aussi grâce à elles. On trouve des solutions, ensemble, en prenant le temps de s'écouter, de s'ouvrir à l'autre. Par ailleurs, lorsqu'un élève prend la parole, de son propre chef, pour féliciter un autre élève de la classe, eh bien je retourne chez moi le cœur léger car je me dis que ces enfants, devenus adultes, risquent de continuer à poser de beaux gestes d'humanité.

Mon salaire est fait de sourires, de regards qui réfléchissent, de doigts qui fouillent dans le dictionnaire et d'élèves identifiés à risque qui me disent: «Quoi! La journée est déjà terminée!»

Évidemment, je rêve d'une société qui accorderait la même valeur que moi à l'éducation. Je sais que nous sommes plusieurs à partager cet idéal. Nous sommes plusieurs à aimer profondément les enfants du Québec et à vouloir les voir s'épanouir afin de devenir des adultes créatifs, autonomes, réfléchis, capables d'écoute, d'empathie, soucieux de l'environnement et, surtout, capables de reconnaître leur propre valeur. C'est à ce possible que j'ose croire en posant de petits gestes au quotidien. C'est pour cette raison que j'ai choisi de devenir enseignante.

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