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«L'envers de la médaille»: quand l'arbre cache la forêt....

Si la trame du livre semble peu crédible par moments, les descriptions parfois très détaillées des attouchements de Georges Ménard semblent quant à elles trop «authentiques».
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Signé par Paul-François Sylvestre, L'envers de la médaille nous transporte soixante ans en arrière au cœur des belles années de l'Église en Ontario français. Encouragé par sa mère dès son plus jeune âge, le torontois Georges Ménard se destine à épouser la vie religieuse.

Le lecteur suit donc Georges Ménard à la trace, du Petit Séminaire d'Ottawa à la paroisse du Sacré-Cœur à Toronto, en passant par Lafontaine et Oshawa. Apprécié partout où il passe en raison de son engagement dans la communauté, le jeune prêtre est particulièrement actif au sein du mouvement scout. C'est d'ailleurs cette activité qui lui permet d'entrer facilement en contact avec de jeunes garçons et de donner libre cours à ses pulsions pédophiles.

N'étant pas le seul de sa promotion à avoir quitté le droit chemin, Georges se confie à son ami d'enfance rencontré alors qu'ils étaient tous deux au Petit Séminaire d'Ottawa. Puisque les deux prêtres ont des comportements similaires, ils décident de se confesser mutuellement, ce qui leur permet de se débarasser de la culpabilité qui les hante.

Considérés comme des figures puissantes dans leur communauté à cette époque, les prêtres bénéficiaient de la confiance aveugle de leurs ouailles. Ainsi, lorsqu'une des victimes sort des rangs et brise le silence, la nouvelle fait très peu de vague, les parents étouffent rapidement l'affaire avant que l'enfant ne l'ébruite davantage.

Certes, le roman met les projecteurs sur un pan de l'histoire religieuse au Canada qui est loin d'être glorieux, mais il est surprenant de constater que, même après les nombreux procès qu'a dû traverser l'Église pour des questions d'abus sexuels, à la lecture du livre on a davantage l'impression qu'on tente de justifier ces comportements plutôt que de les condamner. L'auteur explique, entre autres, qu'on ne parlait pas de pédophilie ou d'abus sexuel dans les cours que suivaient les futurs prêtres. Ceci laisse donc entendre qu'une fois devenus prêtres, ceux-ci ne pouvaient pas savoir que les gestes qu'ils posaient constituaient un crime.

Si la trame du livre semble peu crédible par moments, les descriptions parfois très détaillées des attouchements de Georges Ménard semblent quant à elles trop «authentiques». Par conséquent, le lecteur se retrouve bien malgré lui dans l'inconfortable rôle du témoin impuissant.

L'auteur étant connu pour avoir écrit de nombreux livres sur l'histoire franco-ontarienne, le lecteur sent que celle-ci laisse son empreinte dans ce roman. Bien que certains personnages soient fictifs, la surabondance de mentions historiques laisse croire qu'on est plutôt devant un livre d'histoire et que la fiction est reléguée au second plan. Faire la part belle à l'histoire franco-ontarienne relève d'une quasi déformation professionnelle pour l'auteur, qui se veut la référence en cette matière, et ce, à un point tel qu'il renvoie à ses propres ouvrages dans les notes de bas de page intégrées dans son roman, un soin qu'il aurait pu laisser à d'autres.

Le mérite de L'envers de la médaille est sans aucun doute de rappeler à notre mémoire collective la grande trahison d'une partie du clergé catholique à l'égard des Canadiens. Cependant, son faible volume (241 pages) n'en fait pas un roman qui se lit d'un seul trait. Si ce ne sont pas les propos qui refroidissent les ardeurs du lecteur, ce sont les nombreuses fautes de grammaire qui prennent souvent la même forme, soit la substitution du verbe «avoir» à la troisième personne du singulier par la préposition «à» devant un participe passé. Comme quoi, en littérature, l'accord des participes passés peut jouer les trouble-fêtes au même titre qu'un prêtre pédophile dans les rangs ecclésiastiques.

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