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J'ai voulu aller au Royalmount en vélo

Dimanche, il faisait beau. Tout ce que Montréal compte de flâneurs, de promeneurs et de bronzeurs s'était donné rendez-vous sur le Mont-Royal. Comme j'aime voir le monde d'un autre angle, j'ai choisi de me rendre au Royalmount.
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Dimanche, il faisait beau. Tout ce que Montréal compte de flâneurs, de promeneurs et de bronzeurs avait décidé de se donner rendez-vous sur le Mont-Royal. Comme j'aime voir le monde d'un autre angle, j'ai plutôt choisi d'inverser l'ordre des choses et de me rendre au Royal-Mount, que le commun des mortels appelle plus prosaïquement le Quinze40, le site du futur méga centre de la consommation et du divertissement dont la simple évocation suffit à déclencher des signes de dollar dans les yeux du maire de Ville Mont-Royal.

Je vous l'avoue tout de suite, je n'ai pas réussi à me rendre sur les terres du Dix-30-bis en bicyclette. Pas que mes mollets manquent de résistance ou de muscles, mais je n'ai tout simplement pas réussi à trouver un chemin qui me permette d'atteindre ce futur nirvana du consommateur.

Tout avait pourtant bien commencé. Je me suis baladé à travers les rues paisibles du Plateau Mont-Royal, puis celles bordées d'arbres d'Outremont en compagnie d'un ami touriste à qui je voulais faire découvrir les différents visages de cette ville que j'aime tant. Nous avons gravi les flancs du Mont-Royal. Nous avons exploré les allées fleuries du cimetière. Nous nous sommes laissé glisser vers Côte-des-Neiges sous le regard bienveillant de Saint-Joseph et de son oratoire.

Un peu plus à l'Ouest, si cher au professeur Tournesol, ça a commencé à se gâcher. Il a fallu franchir l'autoroute Descarie qui, telle une plaie béante, déchire la ville en deux. Nous avons trouvé un pont. En suivant le flot de VUS endimanchés, nous avons abordé des rues résidentielles qui tournent sur elles-mêmes, des culs-de-sac sans issue, des avenues où manifestement les gens n'avaient jamais vu de cyclistes et où les automobilistes klaxonnaient en nous voyant comme ils le feraient s'il y avait un original sur leur chemin. On se serait cru dans une banlieue de Calgary ou de Los Angeles. Nous étions à Hampstead.

Nous avons suivi un boulevard à quatre voies où la vitesse n'est pas limitée à 30 et où le 50 fait figure de vœux pieux. La route semblait aller dans la bonne direction. C'était sans compter la voie de chemin de fer du CP, cette autre blessure aiguë qui défigure la ville et protège les riches de l'invasion des pauvres. Il n'y avait aucun moyen de rejoindre de l'autre côté des rails les vagues terrains où les promoteurs enjoués du Royalmount envisagent d'implanter leur fausse ville de béton, de plantes en plastiques et de lumières tapageuses. Nous aurions dû rebrousser chemin, retraverser Descarie, longer la voie rapide vers le Nord frôlés par les gens pressés, repasser par dessus l'autoroute, prendre la seule route qui mène à destination pour nous trouver enfin dans ce no man's land dont on nous promet qu'il va apporter richesse, prospérité et bonheur.

Nous avons bien fait demi-tour, mais nous ne sommes jamais allés jusqu'au Royalmount. Nous n'irons d'ailleurs jamais au Royalmount. Il y a assez de boutiques dans notre quartier, assez de cinémas, de salles de spectacles, de bars, de galeries, d'occasions de rencontrer du monde, de raisons de se balader dans cette ville...

N'allez pas dire, comme certains chroniqueurs aigris, que je crache sur les milliards qui tombent du ciel. Je souhaite plutôt que les promoteurs fassent un peu plus preuve de vision, qu'ils ne copient pas les banlieues d'hier, mais qu'ils inventent les villes de demain, qu'ils ne répètent pas les erreurs et les horreurs du passé, mais qu'ils embellissent et qu'ils innovent notre avenir.

Mon ami touriste pragmatique et analytique s'est arrêté plusieurs fois en chemin pour photographier les pancartes de stationnement de la ville de Montréal. Lui qui voyage à travers le monde m'a rassuré. Ce n'est pas plus compliqué qu'ailleurs.

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